Tension sociale : lâchés par le CNIC, des ex-temporaires acculent le gouvernement
Postés devant le ministère des Finances (Minfi) à Yaoundé, ils réclament le paiement d’un reliquat de 2,6 milliards FCFA de dédommagement décidé lors de leur licenciement économique.

«Si on perd par la porte, on espère gagner par la fenêtre». Au prix d’une mise en scène appuyée de ce dicton, une centaine d’ex-employés du CNIC sont partis de Douala pour Yaoundé. Coordonné par Murielle Tobe, son porte-parole, le groupe a déposé ses valises et ses pancartes dans la capitale, précisément devant le bâtiment abritant les services du ministère des Finances, depuis le 26 juillet dernier. La démarche implique d’atteindre un but: le paiement d’un reliquat de 2,6 milliards de dédommagement de leur licenciement économique (soit un peu plus de la moitié des quatre(4) milliards FCFA de dédommagement décidés par l’État, à la suite de leur licenciement en 2018). Du cycle d’actions et de réactions qui anime Murielle Tobe et ses camarades, l’on apprend qu’au courant de la première semaine, le Secrétaire général du ministère des Finances a eu un entretien avec les délégués. «Et lors de cet entretien, il ressort que l’ordre de déblocage du milliard qu’a signé le Premier Ministre depuis 2019 est porté disparu», renseigne le porte-parole des grévistes. Et d’ajouter: «Il nous a même demandé si nous, dans nos réseaux, on peut les aider à le trouver. Nous avons vu que c’est une manière pour lui de se moquer de nous».
Téméraires
Sur le coup, ces ex-temporaires du CNIC entendent dessiner une ligne de force autour de la situation, cela de manière concrète: aller jusqu’au bout pour faire entendre leur cri. Selon nos informations, ils sont près de 502 ex-employés du CNIC D’aucuns ont été licenciés en 2010 et d’autres quelques années plus tard. Lors d’un sit- in devant le Premier ministère en mai dernier, la manifestation avait été aussitôt dispersée par la police. Pourtant beaucoup d’entre-eux décèdent sans avoir touché leur dû. C’est ce que confirme Blaise Martin. Il laisse éclater sa colère au moment où nous le rencontrons, adossé sur un arbre en face du Minfi. «Dimanche dernier, un camarade est mort et son corps se trouve actuellement à la morgue de l’hôpital Jamot. Son état de santé s’est dégradé, nous l’avons amené dans un hôpital faute d’argent, nous n’avons pas pu le sauver. Pourtant il y a des gens ici qui bloquent notre argent et soignent leurs familles, envoient leurs enfants à l’école et nous autres n’avons rien», avance l’homme qui revendique onze années au CNIC. Le propre de son propos est d’unir le particulier au général: «Beaucoup de collègues décèdent à cause des infections que nous avons eues lors de notre temps passé au Chantier Naval».
Entreprise à capitaux publics, le CNIC offre des services dans le domaine de la maintenance des navires nationaux et même étrangers. À la suite de plusieurs mouvements de grève et de licenciement qui secouent cette entité, le gouvernement avait entrepris de dédommager ces personnels à hauteur de quatre (4) milliards FCFA. En 2019, rapportent les grévistes, un pactole estimé à un peu plus d’un milliard et demi FCFA avait été débloqué. Et depuis lors, silence radio sur le reliquat qui reste à payer. D’où le courroux de ces derniers jours. Selon Muriel Tobe ceci serait du fait de blocages sciemment entretenus à divers niveaux.
Joseph Ndzie Effa (stagiaire)