Tendance : Les taximen… sans frein pour le «bitter kola»

Pour diverses raisons, le fruit a pris place à la fois dans les bouches et dans les cerveaux des conducteurs des voitures jaunes de Yaoundé.

Bitter kola

S’il pouvait parler, le «Garcinia Kola (nom scientifique du «bitter kola») raconterait qu’il a sa place dans les habitudes de consommation de nombreux conducteurs de taxi à Yaoundé. Il raconterait aussi les aides à la conduite dans leurs véhicules. À divers endroits de la capitale, la petite noix s’achète pour ses vertus excitantes. «Notre travail fatigue tellement, et pour ne pas somnoler ou m’endormir, je suis obligé de consommer un remontant comme le bitter kola», explique Jeunesse Kouengoua, chauffeur de taxi rencontré sur l’axe routier Mokolo-Nkolbisson. Entre les mots, circule le souci de surveillance de la vigilance, afin de limiter les risques de somnolence au volant. «En fait, parce qu’il contient de la caféine et de la théobromine, le bitter kola augmenterait la vision nocturne des taximen; il diminuerait leur état d’épuisement» soupçonnent des nutritionnistes.

«Mystique»
Ce que ces spécialistes ont du mal à reconnaitre se rapporte aux tabous liés au «bitter Kola». Qu’importe. Chez les taxis, des récits merveilleux semblent tenir la route. «C’est mon sauveur, mon porte-bonheur. Il lutte contre la sorcellerie, la faiblesse sexuelle et le célibat. Dans notre métier, le mysticisme est très répandu», brandit Luther Célestin, un «attaquant» (surnom donné aux jeunes chauffeurs de voitures jaunes). Certains parmi ses collègues ont ajouté foi à la consommation de cette noix. Ils paraissent même avoir intégré de la sorte dans leur quotidien de véritables gestes légendaires. «Je mets entre les sièges la garcinia, et parfois j’en fais de la poudre et je l’asperge dans le véhicule chaque matin avant de commencer le travail. Il empêche les fantômes, mauvais esprits et les personnes de mauvaise foi d’entrer dans mon taxi», souffle quelqu’un sous anonymat. «On m’a dit que c’est un grigri de protection contre les mauvais esprits pendant le ramassage de nuit», clame Luther Célestin. À cette «vitesse», le «bitter Kola» se colore de légendes. Tantôt il sert de «protecteur»; tantôt il vient simplement appuyer des superstitions. À cette «vitesse» aussi, bien difficile de distinguer le vrai du faux.

Joël Godjé Mana (stagiaire)

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