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Le montant global est évalué à 3 798 milliards FCFA par les commissaires aux comptes. Ces avoirs de la Cemac se trouvent être également de loin supérieurs aux dépenses mensuelles de l’armée française.

«À notre avis, le solde global du Compte d’opérations qui s’élève à FCFA à 3 797 979 699 451 FCFA est correctement évalué». Ainsi se décline dès les premières pages du rapport spécial rédigé à l’attention du Conseil d’administration de la Banque centrale de la Cemac, les conclusions de la mission de commissariat aux comptes effectuée sur le Compte d’opérations logé au Trésor public français. À en croire le document signé le 8 avril 2022 par les associés de Eca Ernst & Young Cameroun et Mazars Cameroun, ce montant «reflète les mouvements enregistrés sur ces comptes au cours de l’exercice clos le 31 décembre 2021, conformément aux dispositions des statuts de la Beac et des conventions ci-dessus énumérées».

Tous calculs faits, ce montant représente également au cours du même exercice budgétaire, près de trois mois d’importations de biens et services pour la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), soit exactement 2,9 mois. À titre de comparaison, le dernier Rapport de politique monétaire de mars 2022 publié par la Beac renseigne que «les réserves de change de la Banque centrale se sont établies à 4 690 milliards FCFA au 31 janvier 2022 contre 3 997 milliards FCFA au 31 janvier 2021». Et qu’elles représentaient alors «3,59 mois d’importations de biens et services pour la Communauté».

Situation du Compte
La mission de contrôle des commissaires aux comptes a notamment porté sur le «compte ouvert dans les livres du SCBCM du ministère des Finances et des Comptes publics de la République Française sous l’intitulé ‘‘Beac Compte d’opérations compte 444521’’». Le rapport spécial précise alors que ce compte «est mouvementé par les nivellements quotidiens (approvisionnements ou prélèvements) effectués à partir du compte Beac ouvert dans les livres de la Banque de France, qui enregistre les transactions financières et commerciales effectuées par les États membres».

Toujours selon ce rapport de mission, «ce compte est également alimenté par les prélèvements et versements des Payeurs de France installés dans les États membres. Le Trésor français y inscrit également, les intérêts créditeurs sur le Compte d’opérations à leur paiement». Il est en outre mentionné que «le solde créditeur du Compte d’opérations est plafonné à la quotité des avoirs qui doit impérativement y être déposée conformément à l’article 11 des Statuts de la Beac. Cette nouvelle Convention fixe la quotité des avoirs extérieurs à déposer obligatoirement sur le Compte d’opérations à 50%. Toutefois, elle stipule que cette quotité peut être abaissée en-deçà de 50% sans être inférieure à 40%. Et à titre transitoire, cette quotité était de 60% jusqu’au 30 juin 2008, de 55% jusqu’au 30 juin 2009 et de 50% jusqu’au 30 juin 2007».

En 2020
Au final, l’analyse proposée par Eca Ernst & Young Cameroun et Mazars Cameroun permet de confirmer que le solde global du Compte d’opérations est bien obtenu sur la base «du Compte Beac au Trésor français et des intérêts échus à recevoir». On apprend ainsi qu’au 31 décembre 2020, ce solde se situait à 3 632 484 000 000 FCFA. Entre deux exercices clos, il a donc connu une augmentation de 165 495 699 451 FCFA.

Armée française
Pour encore mieux se représenter l’importance du volume des avoirs extérieurs des pays de la Cemac logés au Trésor français, il est possible de recourir à plusieurs ordres de grandeur. Et pour ce qui est déjà de la France elle-même, on peut par exemple appréhender le solde global du Compte d’opérations de la Beac par rapport au budget de l’exercice 2021 du ministère français des Armées. D’après la loi de finances 2021, le budget français de la Défense est en effet de «39,2 milliards d’euros, (soit 25 480 milliards FCFA, Ndlr), et il croît de 4,5% par rapport à 2020», peut-on lire sur le site d’information Vie publique.
Autrement dit, les dépenses mensuelles de l’armée française, «la seule vraie armée d’Europe», comme le revendique souvent le gouvernement français, se situent à 2 123 milliards FCFA. Il faudrait donc environ 1 674,6 milliards FCFA de plus, soit près du double de ces dépenses mensuelles, pour obtenir le solde global du Compte d’opérations de la Beac. Celui-ci est évalué, on le rappelle, à 3 798 milliards FCFA. Comme autre repère, ce solde global représente par ailleurs 0,6 fois le budget de l’État du Cameroun. À plus d’un titre, ce pays est la locomotive économique de la Cemac.

Théodore Ayissi Ayissi