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Étiquette : Nkomkana
Yaoundé: l’approvisionnement en carburant dans les stations perturbe la circulation
Motos, véhicules de transport personnels et taxis prennent d’assaut les stations de service ce mardi en quête du précieux sésame. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la mobilité dans certaines artères de la capitale camerounaise.
Nkomkana dans l’arrondissement de Yaoundé 2 ce mardi 19 juillet. La circulation connait des perturbations depuis le matin du fait l’arrivée du carburant dans les stations Total, les seules desservant la zone au kilomètre à la ronde. Et cet après-midi, à plus de 15h, les choses ne vont pas à s’améliorant. C’est que les pompes de ces infrastructures sont restées vides depuis plus d’une semaine. Le carburant est de retour ici. Taxis, mototaxis, véhicules personnels et autres engins de transport collectif ont envahi les lieux pour se fournir en super et Gasoil. Il aura fallu l’intervention des policiers pour contenir partiellement les embouteillages improvisés. «Si les gens ne veulent pas s’aligner on arrête d’abord le service comme ça. Pourquoi créer tout ce désordre», crie à tue-tête une employée de la station.
Face à l’impressionnante foule d’usagers regroupés à cet endroit, il faut user de patience pour être servi. «J’ai fait plus d’heure-là avant d’être servi. J’ai seulement signé sur place parce qu’il n’y a pas de carburant dans les environs. C’est fini à Tradex Bastos. Je suis allé à Tsinga Elobi il n’y a rien, ce n’est qu’ici», explique Bouba, un mototaximan. A la patience, bon nombre d’usagers associent de l’ingénuité pour maximiser les chances de parvenir à la pompe. L’astuce trouvée consiste à garer son véhicule plus loin et s’armer d’un bidon pour être servi. Non sans énerver au passage quelques hargneux. «Ne servez pas les gens qui ont les bidons. Il n’y a pas que le carburant et eux ils viennent encore prendre pour stocker», s’impatiente un mototaximan dans la foule.
Quelques kilomètres plus loin, à la Tradex Bastos, le scénario un scénario similaire s’est vécu dès les premières heures de la journée. Des véhicules alignés jusque sur la voie publique ont paralysé la circulation. Les déplacements sur place, se sont faits au petit trot en l‘absence des agents des forces de l’ordre. «Il n’y a pas un endroit où tu es sure de trouver le carburant. Ça fait que dès que tu entends qu’il y’en a quelque part, tu vas chercher à faire le plein. Observez bien dehors, vous verrez que les routes sont de plus en plus vides. Les gens garent les voitures», commente Ferdinand M, chauffeur de taxi.
En attendant la fin de la pénurie de carburant qui sévit dans le pays depuis plus de deux semaines, le service dans les stations qui en possèdent se fait sans rationnement. Ni augmentation des prix.
Louise Nsana
Tsinga, Nkomkana, Briqueterie : Les petites mosquées pour suppléer les grandes
Pour des raisons d’effectifs pléthoriques dans hauts-lieux de culte, des fidèles musulmans prient dans des domiciles privés et des boutiques en ces temps de ramadan.
En ce début du mois de ramadan, les fidèles musulmans ne manquent pas d’ingéniosité pour se rassembler aux heures de prière. Soucieux de remplir ce devoir divin, ils érigent domiciles et boutiques en bordure de routes en «mosquées». Ceci est notamment visible aux quartiers Tsinga, Nkomkana et à la Briqueterie (Yaoundé II). L’on ne peut pas faire cent mètres sans tomber sur des hommes unis dans la prière. La prolifération des petites «mosquées» trouve son fondement dans le fait que «les mosquées phares de Yaoundé sont pleines aux heures de prière», lâche un interlocuteur basé à Tsinga. D’où le choix des musulmans pour les «mosquées dites de proximité». Selon ces informations, «on dénombre plus de deux cents mosquées à Tsinga. Même s’il s’agit d’un espace de cinq mètres, les fidèles vont prier. Il faut préciser que les maisons de prière sont payantes. Et c’est la difficulté que nous rencontrons en ce moment. On n’a pas de lieux de prière paisible, on se bat comme on peut, l’essentiel est de prier cinq fois la journée tel que le Coran nous le recommande», dénonce-t-il.
Désagréments
Selon Ahmed Nkol, prédicateur, l’érection des domiciles en lieux de prière comme c’est le cas à Nkomkana, permet aux musulmans de faire des prières en groupes, différentes de la prière faite individuellement. «Nous sommes ici dans un lieu de prière. Ce n’est pas une mosquée qui remplit certains critères. Ici c’est un endroit où les fidèles peuvent se réunir au quotidien», fait-il savoir. L’initiative est louable. Mais l’on note des difficultés aux rangs desquels «les bruits de véhicules et motos qui ne permettent pas de travailler de manière efficace. Puisque le lieu de prière se trouve en bordure de route ».
Olivier Mbessité
Demi-journée de cours : Dans l’inconnu de l’après-midi
Compilation compliquée
Tous les élèves devraient reprendre, ce 5 octobre 2020, le chemin de l’école. Des millions d’élèves camerounais vont faire leur rentrée, après de longs mois sans école ou presque. Parce que cette séquence importante de la vie nationale est escortée par l’épidémie de coronavirus, il s’agit d’une rentrée inédite. Mais, espère le gouvernement, elle se veut «la plus normale possible». Elle a été «bien préparée», ont sereinement affirmé Pauline Nalova Lyonga et Manaouda Malachie lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier d’harmonisation des activités de santé scolaire, le 18 septembre 2020 à Yaoundé.
En tout cas, à l’aune de la crise du Covid-19, une mécanique a été élaborée. Elle a entrainé des choix… et une longue liste d’incertitudes: transports, aménagements dans les écoles, jauges dans les activités sportives ou culturelles, retour au rythme de l’école compliqué pour certains enfants, etc. Ici et là, les uns et les autres dénoncent les nombreuses réformes mises en place en urgence, faites sans moyens, dans des écoles, collèges et lycées du pays.
Ici et là, le flou des modalités agace, parce que laissé à l’interprétation en fonction des moyens localement disponibles. Coronavirus oblige, les élèves prétendront au mieux à un enseignement hybride, en présentiel et à distance. Avec tout ce que cet enseignement comporte comme failles dans l’application du programme, difficultés d’adaptation pour les enseignants, de compréhension pour les élèves, sans compter les problèmes techniques liés à la connexion internet, à la pénurie d’électricité, au coût élevé des équipements électroniques…
raisemblablement, les autorités ont fondé leur scénario sur la base d’une «année scolaire normale» en privilégiant par exemple la présence alternée des élèves dans les salles, le matin et l’après-midi.
Chez les parents, le stress est à son summum. Les pédagogues alertent quant à l’expansion du phénomène de décrochage. Sur les réseaux sociaux, certains enseignants dénoncent cette impréparation. Dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, c’est la peur. «On ne sait pas ce qu’il va se passer. On est là!». Une compilation compliquée qui nécessite des mesures d’accompagnement et l’investissement de tous.
Jean-René Meva’a Amougou
Les enseignants et élèves du second groupe de la journée devront composer avec des défis tels que le climat, la charge de travail, la nutrition, la mobilité urbaine, la sécurité…
Sortie des classes, phase délicate du système de la mi-temps La deuxième demi-journée de cours ira de 13 h à 16 h 30, selon la ministre des Enseignements secondaires, Pr Pauline Nalova Lyonga. C’était le 23 septembre dernier à Yaoundé, au cours de la cérémonie de la rentrée pédagogique solennelle couplée au lancement de l’année scolaire 2020/2021. Des parents d’élèves, enseignants et sociologues rencontrés confient leurs inquiétudes face à la grande inconnue que revêt le changement introduit pour cette année scolaire.
Un enseignant de mathématiques en service au Lycée d’Ekounou à Yaoundé (Cameroun), ayant requis l’anonymat, indique: «jusqu’à ce jour (mercredi 30 septembre 2020), à 4 jours de la rentrée, nous n’avons pas encore les emplois de temps ni les horaires de cours. Les conditions ne sont pas précises. On ne sait pas comment ça va se passer pour les élèves qui n’ont eu que 6 mois cumulés de cours». Le pédagogue ne manque pas d’évoquer ses doutes quant à la clôture des cours à 16h30.
La chaine d’anxiété s’étend aux parents d’élèves. Anne Messomo, habite le quartier Mimboman à Yaoundé. Son fils va en classe de 2de au Lycée d’Anguissa, un autre quartier dans le 4e arrondissement de la ville de Yaoundé. Ce parent d’élève avoue dire le chapelet afin que l’année scolaire s’achève bien. «J’espère qu’on ne va pas augmenter la pension. J’espère qu’il va fréquenter en journée. Parce que j’ai peur des histoires qu’on entendait l’année passée comme les drogues, l’insécurité», lance-t-elle, angoissée.
Sécurité
La préoccupation de ce parent rejoint ce que le doctorant en sociologie de l’Université de Douala, Yves Mbede Nsizoa, qualifie d’«éléments parallèles de construction». Il fait référence à la mobilité urbaine et à la sécurité des élèves et écoliers. En effet, désormais, les cours au secondaire et au primaire, pour les écoles qui appliquent le système de mi-temps, vont officiellement s’achever à 16 h 30, voire plus. «Pour des villes comme Yaoundé, Douala, Bafoussam, Ebolowa, Buea et Bamenda, la mi-temps a des implications de sociétés.La préparation de la rentrée à Douala donne déjà lieu à des embouteillages monstres. Imaginez un tant soit peu, ce qu’annonce le rythme scolaire nouveau». Il y aura désormais 3 grands «moments de pointe» comme les appellent les professionnels de taxi: 7 h, 12 h 30 et 16 h 30. Une situation qui entraine toujours une sursollicitation des artères des villes. Pour le sociologue, «les forces de police compétentes de la régulation de la circulation, doivent être intégrées dans la gestion de l’année académique». Elles pourront également être utiles pour prévenir «le danger d’insécurité qui plane sur ces enfants qui vont être obligés de rentrer à la maison après 17 heures voire 18 heures».
Autres
Dans l’après-midi, les enfants auront sans doute l’obligation de se nourrir à la maison. Car la cantine scolaire aura besoin de s’adapter aussi au retour à la mi-temps. Chez les enseignants, on est bien conscient qu’un recrutement conséquent n’a pas accompagné la décision de passer à la demi-journée. M. Essama, enseignant vacataire d’histoire au collège Frantz Fanon, campus de Kondengui, nous confie: «on aura chaud dans l’après-midi avec le cumul de charge de travail, la chaleur et peut-être l’absence de l’énergie électrique en cas de pluie».Catherine Awoundja Nsata, inspecteur général des enseignements au ministère des Enseignements secondaires, rassure: «avec les inspecteurs pédagogiques, nous avons concrètement examiné dans quelles mesures les enseignants vont gérer cette année dans les salles de classe, quelles sont leurs difficultés, comment ils peuvent aller au-delà et avoir les résultats que nous attendons tous».
Niveau des élèves
Géomètres ou pas, tous entrent ici!
Sur la base de quelques indicateurs globaux dégagés, certains responsables d’établissements scolaires de Yaoundé et ses environs montrent l’impact du confinement sur les performances des apprenants.
C’est une réalité factuelle, établie statistiquement par un groupe scolaire primaire et secondaire basé à Nkongoa (sur l’axe routier Yaoundé-Mfou). «À l’issue d’un test de sélection que nous avons organisé la semaine dernière, seulement 15% des candidats ont obtenu une moyenne proche de 11/20 au cours de l’année dernière. Pour le reste, nous déplorons que le niveau soit désormais proche du néant. Mais il faut bien faire du chiffre et nous avons délibéré et avons accepté environ 40% d’entre eux en classes supérieures», confesse le préfet des études.
S’il y a bien une chose qui respire le doute en cette rentrée scolaire au Cameroun, c’est bien le niveau des élèves. Assis sur la résignation, le ressenti des enseignants trahit leur désillusion. «À l’annonce de la fermeture des établissements, on ne va pas se mentir; au début beaucoup étaient contents de ne plus avoir cours. Moi-même je me suis dit que c’était pas mal, que ça permettait de faire une pause. Mais là, le nombre de cancres a presque doublé», affirme Xavier Simo. Selon cet enseignant de mathématiques, la continuité pédagogique a «vraiment crashé avec la pandémie du coronavirus».
Effet de contexte
Loin de les remettre en selle, la crise sanitaire a considérablement entravé la progression des élèves. Bref, le chef d’accusation contre une année scolaire qui s’est plus ou moins arrêtée à mi-mars est lourd: «le niveau des élèves a vraiment baissé», reconnait Protais Assomo, professeur des lycées. Pour lui, parce que l’impact du confinement s’est uniformément répandu, la seule issue qui pourrait contenter les parents et les élèves eux-mêmes est d’admettre ces derniers en classes supérieures en cette rentrée 2020/2021.Sur ce point, il s’agit donc clairement d’une perspective tournée vers «la récupération de tout le monde». Dans un groupe scolaire basé au quartier Nkomkana (Yaoundé II), l’on admet aujourd’hui qu’il faut «ajuster» les effets du Covid-19 dans les différents degrés de scolarisation. «Nos indicateurs montrent que nos anciens élèves du primaire sont allés très bas. De même, ceux du secondaire, dans les classes intermédiaires notamment, méritent une mise à niveau très soutenue, parce qu’ils n’ont pas achevé les programmes», renseigne le principal.
Ongoung Zong Bella