Votre panier est actuellement vide !
Étiquette : Minurso
Sahara Occidental : le dernier round …
Le Conseil de sécurité a prorogé jusqu’au 31 octobre 2018, soit six mois au lieu d’un an habituellement, le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).
Déployée en septembre 1991 afin d’y surveiller le cessez-le-feu et d’organiser un référendum qui permettrait aux habitants de décider du futur statut de ce territoire, la mission onusienne n’est toujours pas parvenue à ses fins.
Par la résolution 2414 (2018), adoptée par 12 voix pour et 3 abstentions (Chine, Éthiopie et Fédération de Russie), le Conseil instruit le retrait immédiat du Front Polisario de la zone tampon de Guerguerat. Il devra en outre renoncer à déplacer des fonctions administratives à Bir Lahlou comme envisagé.
L’institution onusienne appelle à des progrès dans la recherche d’une solution politique «réaliste, pragmatique et durable». Elle «demande» une reprise des négociations «sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».
Désaccords
Les trois délégations qui se sont abstenues lors du vote (Chine, Éthiopie et Fédération de Russie) ont déploré que les propositions qu’elles avaient présentées pendant les négociations n’aient pas été prises en compte, aboutissant à un texte qu’elles ont jugé déséquilibré. Une position partagée par certaines des délégations qui ont voté en sa faveur, comme la Bolivie et la Suède.
Le représentant russe a ainsi mis en garde contre tout règlement de la situation qui serait fixé «en coulisses», alors que l’Éthiopie invitait le conseil à «ne pas donner l’impression qu’il prend parti». Pour sa part, la Chine a regretté la «précipitation» dont avait fait preuve les Etats-Unis, délégation porte-plume. Une précipitation, selon l’Empire du Milieu qui ne peut avoir qu’une «incidence négative» sur les travaux du conseil, alors que ce dernier devrait chercher à faire preuve d’unité. Une exigence également rappelée par la Suède et le Kazakhstan.
Pour, la délégation porte-plume de la résolution, la Minurso aurait dû terminer son mandat il y a longtemps. Le fait est que le Conseil de sécurité a laissé le Sahara occidental devenir une opération de maintien de la paix qui ne correspond plus au contexte, a commenté sa représentante, qui a estimé qu’après 27 ans, il fallait «absolument sortir du statu quo».
Enjeux
Dans sa résolution, et en lien avec l’interpellation du rapport du secrétaire général des Nations unies sur la situation au Sahara occidental, le Conseil de sécurité «demande aux États voisins d’apporter une contribution importante au processus politique et de s’engager plus avant dans les négociations».
Plus loin, il estime que «la solution politique de ce différend de longue date et le renforcement de la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb arabe (UMA) contribueraient à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel, ce qui créerait des emplois et favoriserait la croissance ainsi que des possibilités pour tous les habitants de la région».
Sans les nommer donc, le Conseil de sécurité appelle certains pays à formaliser leur implication dans le processus de résolution de ce «conflit dormant». Sans doute une bonne nouvelle pour le Royaume chérifien qui a longtemps appelé l’Algérie à prendre part aux négociations vu son statut assumé de soutien politique à la République arabe sahraoui démocratique (RASD). Pour le Maroc, avoir l’Algérie en interlocuteur sur ce dossier est un vieux plaidoyer.
Assurément, une discussion directe entre les deux pays, sous l’égide de l’Onu, serait une impulsion déterminante au processus de négociation. Et pourquoi pas, dans le meilleur des cas, une rampe de lancement pour la redynamisation de l’UMA. Il est constant sur les plans économique, stratégique, politique et culturel que la quiétude diplomatique de cette zone revêt un caractère déterminant pour le développement du continent africain.
Zacharie Roger Mbarga
Sahara Occidental : l’autre révélateur de l’impuissance de l’Union africaine
Les débats au Conseil de sécurité de l’Onu portant sur le Sahara Occidental sont relancés depuis ce mois d’avril, en vue de la reprise des négociations sous l’égide des Nations unies.
Ceci à deux semaines d’un vote sur le renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). Cette mission est vieille de 26 ans. Vaste étendue désertique avec 1 100 km de côte atlantique au nord de la Mauritanie, le Sahara occidental est le seul territoire du continent africain dont le statut post-colonial n’a pas été réglé.
Le Maroc en contrôle 80 %, le Front Polisario 20 %. Les deux parties sont séparées par un mur et une zone tampon contrôlée par les Casques bleus. Le Front Polisario réclame un référendum d’autodétermination pouvant conduire à son indépendance, mais le Maroc rejette toute autre solution que l’autonomie sous sa souveraineté.
Intérêts supérieurs
Depuis le dimanche 1er avril dernier, les diatribes et actions de protestations sur le Sahara Occidental ont marqué la communication des principales forces en présence sur ce conflit. Les accusations marocaines sur des incursions du Front Polisario dans la zone tampon de la région d’Al Mahbes ont été démenties à la fois par le Front indépendantiste sahraoui (Polisario) et la mission de surveillance onusienne.
A Laâyoune (ancienne capitale du Sahara Occidental), le lundi 9 avril 2018, les autorités marocaines ont organisé une journée patriotique pour défendre l’intégrité territoriale du royaume. C’est dire que le Sahara Occidental revêt le caractère de cause nationale. Bien plus, le Maroc a, dans une lettre au secrétaire général de l’Onu, vertement souligné une responsabilité algérienne en ces termes: «l’Algérie a une responsabilité flagrante. L’Algérie finance, l’Algérie abrite, l’Algérie arme, l’Algérie soutient diplomatiquement le Polisario».
Pour bien des observateurs, ces accusations de Rabat visent à amener le pays de Bouteflika à la table de négociations. Mais pour l’instant Alger dit niet : «le Maroc affirme que c’est une affaire entre l’Algérie et le Maroc. Ce n’est pas le cas ! C’est une affaire entre le Maroc et le peuple sahraoui, et entre le Maroc et les décisions des Nations unies.
La négociation sur le fond s’est toujours faite entre des représentants du Front Polisario et du Maroc, cela ne changera pas», a réagi Abdelkader Messahel, le ministre algérien des Affaires étrangère. Ce dernier admet toutefois que «l’Algérie soutient le Polisario (mouvement politique et armé du Sahara occidental) par devoir de solidarité à l’égard du peuple sahraoui».
Cohésion continentale
Sur le continent africain, le conflit entre Rabat et le Front Polisario soutenu par l’Algérie met à mal la cohésion du continent. Les pays africains sont divisés sur le sujet selon qu’ils soient partisans de l’autodétermination des peuples, proches de l’Algérie ou amis du Maroc. Au nord du continent précisément, l’Union du Maghreb Arabe (UMA), organisation d’intégration, est agonisante.
La structure convulse sous le bras de fer entre Alger et Rabat sur lequel les Etats membres sont bien entendu divisés. Les divisions afro africaines sont la conséquence d’une mutation du rapport de force. L’opposition entre Rabat, la RASD et Alger a pris la forme d’une coopération économique. La géopolitique de la diplomatie économique se veut le nouveau théâtre d’opération.
Les investissements marocains, essentiellement en Afrique subsaharienne, ont permis de convertir plusieurs positions. Ce qui a facilité son retour à l’Union africaine (UA) sans que ce contentieux ne soit vidé. Tout ceci dans un immobilisme éloquent de l’organisation panafricaine.
L’Afrique est absente d’un des plus grands conflits de son histoire. Sa longévité est aussi inquiétante que la longue position d’observateur des Etats africains. Devant un des plus grands échecs des relations internationales africaines, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA a déclaré de manière péremptoire: «les initiatives de l’Union africaine se greffent au processus onusien».
Zacharie Roger Mbarga