Penci Sport plugin only working with the Soledad theme.

Archives des Françafrique - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : Françafrique

  • ERNEST OUANDIÉ, Le dernier garant de notre Unité Nationale

    ERNEST OUANDIÉ, Le dernier garant de notre Unité Nationale

    «La vérité voyage sans passeport…», «l’UPC plie mais ne rompt guère», «Le sang des martyrs est la semence du patriotisme…», «L’unité c’est notre baguette magique. C’est la force collective, c’est notre force de frappe politique, contre laquelle se briseront tous les complots

    Daniel Yagnyè Tom

    Impérialistes. Donc l’unité c’est la victoire». Ernest Ouandié.

    Nombreux sont ceux parmi nous qui ont déjà entendu ou lu ces quelques extraits de la pensée du Président Ernest Ouandié. Mais qui était ce géant au crâne rasé, les mains menottées, que les gendarmes amenaient à la mort le 15 janvier 1971 à Bafoussam? Qui est cet homme, qui, sachant qu’il allait bientôt être assassiné, regardait paisiblement de gauche à droite la foule rassemblée et semblait lui dire tel un Messie «l’histoire me donnera raison pour avoir mené le bon combat pour mon peuple et pour mon pays»? 

    Le Président Ernest Ouandié montrait ainsi que lorsque l’on a la conscience de se battre pour une cause juste, l’on pouvait tout affronter avec sérénité, l’on pouvait même aller vers sa mort…en souriant. 

    Qui est le Président Ernest Ouandié? Quel message a-t-il laissé pour l’UPC et pour notre peuple? Que représente le Président Ouandié pour la nation camerounaise?

    Ouandié Ernest de son nom de lutte camarade ÉMILE « Man pass man « 

    De tous les dirigeants historiques de l’UPC Ernest Ouandié, physiquement et psychologiquement, est celui qui a le plus enduré. N’ayant pas reconnu l’indépendance du 1er Janvier 1960, il a dirigé héroïquement pendant une dizaine d’années dans les maquis du Moungo et de l’Ouest, dans des conditions extrêmement difficiles d’enclavement, la pénible lutte de résistance armée du peuple camerounais. Encerclé et évoluant sans aucun ravitaillement logistique. Il est un exemple de foi inébranlable, de ténacité, d’abnégation, d’amour et de don de soi total pour son pays, … Il faudrait simplement passer quelques nuits dans les forêts de l’Ouest pour se faire une petite idée de l’héroïsme du Président Ouandié.

    Le rôle très trouble de Monseigneur Albert Ndongmo

    Les sorties du maquis du leader historique de l’UPC étaient minutieusement préparées, exécutées avec une précision d’horloger. Tout était respecté à la minute près. Les groupes qui accompagnaient le Président Ouandié se relayaient de territoire en territoire, en se basant sur un calendrier bien préétabli scrupuleusement respecté. Le Président Ouandié et son secrétaire particulier, Njassep Mathieu alias Ben Bella, avaient été reçus par Mgr Ndongmo en personne, qui ensuite les conduisit avec sa voiture dans une mission où, quelques jours plus tard, il devait les rencontrer. Ces jours passés et se sentant délaissés par le prélat, le Président Ouandié prit la décision de partir, c’est en sortant de là qu’ils s’aperçurent que toute la région était infestée par les forces de sécurité. Afin de sauver son chef en dépistant la soldatesque néocoloniale, le camarade Njassep se dévoila et se rendit, mais le Président Ouandié seul, et traînant une blessure grave à la jambe, conscient qu’il ne pouvait pas résister longtemps dans ces conditions, au lieu de périr dans l’anonymat en brousse, prit la décision de mener son dernier combat en se présentant volontairement au poste de police le plus proche.

    Un meurtre commandité par une France aveuglée

    Le Président Ouandié était le dernier dirigeant historique de l’UPC de la toute première génération upéciste, dont plusieurs nationalistes avaient participé activement à la libération de la France et de l’Europe de l’invasion nazie pendant la deuxième Guerre mondiale. Cette génération intransigeante exigeait de la France le respect de ses engagements, ce qui la rendait furieuse. Déterminée à en finir une fois pour toutes, la France, aveuglée par l’ingratitude et la méchanceté, s’était donnée pour mission d’exterminer complètement toute cette génération afin que le message du 27 Août 1940 ne soit pas transmis aux futures générations. C’est ainsi que tout comme Ruben Um Nyobe, Félix-Roland Moumié ou même Ossende Afana et Mpouma Kilama « Makanda Pouth « , le Président Ouandié devait mourir à tous prix ! Et il le savait ! D’où son mutisme lors des sessions de torture qui lui était infligée, et son comportement pendant le pseudo procès. À la fin de celui-ci, il refusa l’humiliation de demander la clémence du sanguinaire Ahidjo.

    En même temps obnubilée par l’odeur du pétrole du Cameroun Occidental, la France exigeait d’Ahidjo la fin du fédéralisme, Ouandié en était le dernier obstacle: c’est pourquoi une année après cet assassinat, Ahidjo réalisait le référendum du 20 Mai 1972, qui est un des éléments constitutifs du contentieux historique national au Cameroun occidental, puisqu’il a ouvert la porte à l’annexion pure et simple de cette partie du territoire national, ce qui est une des causes de l’atroce guerre fratricide que vit notre pays depuis plus de trois ans.

    La mauvaise conscience des aujoulatistes

    « Indépendance ! Sécession ! Restauration ! Statut spécial ! Guerre ! Fédéralisme ! » Voici ce qui se dit aujourd’hui lorsque l’on parle du Cameroun occidental et, en soi, constitue une preuve que l’on ne triche pas avec l’histoire : L’UPC n’ayant pas reconnu l’indépendance néocoloniale du 1er Janvier 1960, avait par son Président Ernest Ouandié, à partir du maquis où il avait déclenché la résistance armée, demandé aux élites du Cameroun occidental le boycott de la Conférence de Foumban de 1961. Celles-ci avaient refusé cet appel du leader historique de l’UPC, et avaient plutôt préféré la voie de la collaboration avec le néocolonialisme français et leur laquais, Ahmadou Ahidjo, avec lequel ils ont activement contribué à l’édification de l’actuel État camerounais.

    Aujourd’hui, cet État camerounais, produit des compromissions des élites du Cameroun oriental et occidental, est rattrapé par ses propres turpitudes au Cameroun occidental. Le Président Ernest Ouandié apparaît comme celui qui avait montré l’unique voie à suivre, celui qui avait prêché par l’exemple en versant son sang pour la Réunification et l’Indépendance de notre pays.

    Le Président Ouandié est donc la mauvaise conscience de tous ceux qui ont dirigé le Cameroun. Son nom devrait provoquer des insomnies à tous ceux qui ont amené notre pays à cette guerre que nous vivons depuis plus de trois ans. Ernest Ouandié est aussi la mauvaise conscience de ces élites du Cameroun occidental et leurs héritiers politiques, qui en 1961 avaient choisi la collaboration avec la France, au lieu de la véritable Indépendance et Réunification.

    « Kunde i Seki ! », un message d’espoir pour l’UPC et pour le peuple camerounais.

    La hantise d’Ahmadou Ahidjo était de présenter aux Camerounais une Union des Populations du Cameroun (UPC) petite, confinée au pays Bamilékés. L’obsession du Renouveau de M. Biya est de nous montrer une UPC confinée au pays Bassa, ce qui est facilité par la complicité des élites traîtres Bassa. C’est la raison pour laquelle malgré les 85 inculpés de diverses ethnies du pays dont 35 accusés de rébellion, le 15 Janvier 1971, seuls des Bamilékés furent assassinés, Ahidjo trouva des raisons pour ne pas tuer un seul des accusés des autres ethnies, afin de montrer au pays que ce simulacre de procès n’avait concerné que les Bamilékés. Pendant le procès on osa s’approcher de notre intrépide commandant Makembe Tollo « Bad boy », pour lui demander de ne pas décliner son ethnie.

    Le sacrifice du Président Ouandié est une invitation à la réflexion pour une action concertée inclusive afin de prouver que l’UPC peut plier dans les difficultés comme elle est en train de plier aujourd’hui, mais que jamais notre parti ne rompra!

    « Kunde i Seki ! » Le Président Ernest Ouandié exhorte le peuple camerounais à son unité au-delà des chapelles politiques. Une unité nationale issue d’un vaste courant patriotique regroupant les ressortissants de toutes les régions du pays, véritable rempart et remède aux replis identitaires qui minent actuellement le pays. Une unité nationale seule capable de lui assurer la victoire finale en le libérant des chaînes de la FrançAfrique, lui permettant d’arracher sa souveraineté politique, économique, sanitaire et de récupérer sa monnaie.

    Président Ernest Ouandie ! Présent!

    Camarade Émile! Présent !

    Toujours avec Émile!

    Daniel Yagnye TOM 

    Représentant spécial de l’UPC en Afrique centrale et Australe 

    Président de l’Alliance Patriotique.

  • Cameroun 2018 : Le seul projet gagnant pour le Peuple Camerounais.

    Cameroun 2018 : Le seul projet gagnant pour le Peuple Camerounais.

    Le but de l’action du Peuple Camerounais en tant que communauté politique doit consister à doter notre pays des capacités fondamentales propres d’organisation et de détermination politique et économique, c’est à dire des moyens de la souveraineté nationale.

    Dans ce but, le Peuple Camerounais a un impérieux besoin d’unité. La cohésion sociale nationale en est la condition. Aujourd’hui, le Peuple Camerounais doit être conscient de l’éventualité d’avoir à se dresser sous peu pour faire face à une agression extérieure. Nous serions bien inspirés en disqualifiant tout acteur politique national qui s’aventure à se maintenir au pouvoir ou à construire son plan de carrière sur un crime d’intelligence avec des puissances étrangères.

    Le Président de la République, garant de l’unité nationale, a convoqué le corps électoral pour un scrutin présidentiel dont il est certain que les citoyens résidant dans deux régions sur dix au moins en seront exclus. Aucun de ses rivaux les plus en vue pour ce scrutin n’a démenti les allégations de la presse selon lesquelles ils ont explicitement sollicité l’ingérence des États Unis d’Amérique. En toute illégalité, le Ministre de l’Administration Territoriale vient de nommer, par écrit cette fois, les représentants légaux de certains partis politiques ! Ainsi, son « opposition » comprise, le régime RDPC est à nouveau prêt pour le jeu de cirque d’une alternance sans alternative. Mais le Peuple Camerounais n’est pas condamné à un seul choix consistant à désigner le prochain contremaître d’une Françafrique éventuellement revue et corrigée par Washington. Nous devons faire le choix de nous-mêmes, le choix de penser le Cameroun comme son propre centre et débattre des conditions de possibilité de ce qu’implique choix, y compris dans le cas où le scrutin présidentiel d’octobre 2018 se tiendrait effectivement. Ce choix est celui du projet gagnant du Peuple Camerounais résumé plus bas.

    Les véritables protagonistes de la guerre dans les régions South-West et North-West.

    Le régime UNC-RDPC qui ruine le peuple camerounais depuis des décennies et a conduit le pays aujourd’hui au seuil de la dislocation est un collège « anglophones » et « francophones » réunis, soumis à des puissances étrangères et menant une politique au service des intérêts de ces dernières et des leurs propres, contre l’intérêt national et le bien-être des populations. La guerre qui a cours dans les régions South-West et North-West ne met pas face à face le gouvernement de Mr Paul Biya et les sécessionnistes armés comme étant les deux seuls protagonistes. Les véritables protagonistes de cette guerre sont le Peuple Camerounais tout entier et le régime UNC-RDPC. Les revendications et aspirations de base des populations sont en effet les mêmes sur toute l’étendue du territoire national. Seule diffère en certains points leur mode d’expression, selon les spécificités sociales, historiques et culturelles locales et régionales.

    Dans le South-West et le North-West, ces spécificités sont en lien direct avec l’annexion de fait de ces deux régions fixée par le Référendum de 1972, date depuis laquelle les revendications si mal nommées « problème anglophone » sont récurrentes. Pour seule réponse à l’éruption pacifique de 2016, le Gouvernement a proposé une répression brutale, suivie depuis le dernier trimestre de 2017 par la guerre. Cette faute, grave, a pour résultat d’avoir crédibilisé un mouvement sécessionniste pris en mains et instrumentalisé par les USA et l’univers anglo-saxon. Aux yeux des populations du South-West et du North-West, la légitimité de la sécession grandit à mesure que la guerre déploie ses effets intrinsèques et que le Gouvernement martèle l’amalgame entre sécessionnisme et terrorisme. Un appui, paradoxal, apporté en actes au mouvement sécessionniste par un régime RDPC qui prétend le « Cameroun un et indivisible ». Cet appui en actes est la seule manière pour la Françafrique de sauver ce qu’elle peut encore face aux ambitions des États Unis d’Amérique en Afrique Centrale dans le contexte de la nouvelle donne géopolitique mondiale.

    La nouvelle donne géopolitique mondiale et l’Afrique Centrale.

    Une nouvelle donne géopolitique mondiale se dessine en effet sous nos yeux depuis la fin du siècle dernier. Bien que ses contours durables ne soient pas encore clairement discernables, elle sera le produit conjugué de trois facteurs identifiables : Le premier, massif, est la ré émergence et l’affirmation de la Chine comme pôle de développement et de puissance, avec l’Inde à sa suite ; le second est le relèvement de la Russie sous Vladimir Poutine après sa course à l’abîme sous l’ère Gorbatchev-Eltsine ; le troisième est la volonté affirmée des États Unis d’Amérique appuyés par ses alliés de l’OTAN de poursuivre leur ambition assumée d’hégémonie mondiale. Dans le cadre international qui se construit dans ce contexte, des signes faibles repérables montrent un timide frémissement de la volonté des pays d’Afrique Sub-Saharienne de sortir du statut de fait qui est le leur depuis l’époque coloniale, à savoir simple réserve de matières premières sous contrôle de puissances étrangères.

    Jusqu’à une période récente, les ressources naturelles des pays Africains étaient à la disposition des pays de l’OTAN, exclusivement ; ses marchés étaient réservés aux firmes adossées aux puissances de l’OTAN ; toute initiative politique ou économique Africaine, y compris au niveau interne à un pays, était soumise à examen et aval préalables de Washington, Londres, Paris, quand elle n’était pas purement et simplement pensée et organisée par les capitales de la « liberté des peuples » et de la « démocratie » puis exécutée par leurs contremaîtres Africains ; ces derniers, en contrepartie, étaient assurés de l’action armée des maîtres pour se maintenir ou accéder au pouvoir. Telles sont en effet, dans leur contenu, les dispositions explicites des clauses secrètes des « Accords » dits de « coopération » liant les régimes soumis des pays africains aux puissances impérialistes. Le cas de la France et son « pré-carré » africain sous contrôle d’une « Françafrique » insubmersible à ce jour constitue l’illustration emblématique de l’architecture qui maintient les Peuples Africains captifs d’une spirale de sous-développement. C’est cette architecture qui est déstabilisée par le mode de coopération mis en œuvre par la Chine et ses partenaires Africains.

    Pour les Peuples Africains en tant que communautés politiques, la nécessité de doter leurs territoires des capacités fondamentales propres d’organisation et de détermination politique et économique est une nécessité de survie. A l’inverse, cette éventualité est une menace à l’ordre au service des puissances de l’OTAN. Cette opposition d’intérêts antagoniques entre l’impérialisme et les populations Africaines est au cœur des évènements actuels en Afrique Centrale. Ainsi, en RD Congo, c’est moins la volonté prêtée à Joseph Kabila de garder le contrôle du pouvoir que le Nouveau Code Minier timidement inspiré du mode de coopération de la Chine avec la RD Congo qui mobilise les puissances de l’OTAN contre Kinshassa. En République Centrafricaine, c’est la présence diplomatique de la Russie à Bangui et la présence croissante de la Chine dans le secteur minier qui ne tarderont pas à être montées en épingle par les puissances de l’OTAN pour structurer l’articulation entre la nébuleuse Boko Haram et la nébuleuse Seleka qui contrôle une grande partie Est du territoire Centrafricain et dont les affrontements avec les milices rivales ont dores et déjà débordé sur l’est du Cameroun.

    Le projet gagnant pour le Peuple Camerounais aujourd’hui.

    A ce jour, l’exploitation des ressources naturelles des pays Africains sert essentiellement l’accroissement de la puissance des principaux pays de l’OTAN, le renforcement de leur pouvoir d’influence et de domination, en particulier sur Afrique, leurs intérêts propres et ceux de leurs contremaîtres Africains. Pour qu’il en aille autrement, pour que l’exploitation des ressources naturelles des pays Africains se fasse au profit du développement humain de leurs populations, il est indispensable que les Peuples Africains en tant que communautés politiques se dotent des capacités fondamentales propres de détermination politique et économique, autrement dit, des moyens des souverainetés nationales.

    Le Peuple Camerounais peut remplir cette condition incontournable du développement social à horizon d’une génération humaine à compter du moment où ses élites dirigeantes auront entrepris de se désintoxiquer de l’aliénation mentale et psychologique qui interdit à l’Afrique de penser par elle même, de redevenir son propre centre. Aujourd’hui, les ressources naturelles, en particulier du sous-sol, demeurent l’unique monnaie d’échange qui permettra de financer les infrastructures humaines et matérielles ouvrant aux Peuples Africains la possibilité d’atteindre et franchir le seuil au-delà duquel les moyens de la souveraineté pourront être considérés comme étant en bonne voie d’être acquis. Commencer à écrire la première page d’une trajectoire décidée par nous-mêmes et qui prend ce cap nous impose aujourd’hui de sortir du régime UNC-RDPC, c’est à dire de la logique alternance sans alternative. C’est le sens du projet gagnant du Peuple Camerounais, un projet en deux objectifs immédiats, guidé par deux principes.

    Les deux principes :

    1/L’intégrité du territoire national délimité par ses frontières internationalement reconnues n’est pas négociable. 2/L’aspiration du Peuple Camerounais à la souveraineté effective n’est pas négociable.

    Les deux objectifs :

    1/Mettre fin sans délai et sans conditions à la guerre et à l’effusion de sang dans les régions South-West et North-West. D’ici la fin de son mandat en cours, le Président de la République , Mr Paul Biya, a seul le pouvoir de poser cet acte. Il en sortirait grandi. Les chefs de la sécession armée ne sont responsables que d’eux-mêmes, et tout au plus devant leurs adeptes, c’est à dire une partie de nos concitoyens. Le Chef de l’État, quant à lui, est garant de l’unité nationale, c’est à dire de tous les Camerounais. Il lui appartient, par une mesure d’État, de prendre l’initiative d’un cessez-le-feu à effet immédiat afin de désarmer politiquement la sécession armée et faciliter à ses chefs la décision d’un cessez-le-feu. Il n’est pas avisé d’attendre d’un mouvement manipulé par des entités politiques et économiques étrangères qu’il ait le courage d’une initiative dont un des résultats attendus serait précisément la mise hors jeu de ses mandataires extérieurs. Un cessez-le-feu unilatéral aurait déjà été proclamé par la sécession armée si la clairvoyance politique était une qualité pour ses chefs.

    2/Ouvrir sans délai un Dialogue National Inclusif (DNI), y compris des forces qui militent pour une « Ambazonie » indépendante. Le DNI n’est pas un dialogue entre la sécession armée et le gouvernement Paul Biya, ou entre «anglophones» et «francophones». Le DNI est le moment, pour les Camerounais, de débattre, délibérer, décider et poser souverainement les bases institutionnelles de l’unité nationale, qui reste à construire, ainsi que chacun peut en convenir. «Réunification, indépendance, élévation du standard de vie des populations» : C’est dans cet ordre que furent formulées les revendications du Peuple Camerounais portées en son nom par Ruben UM NYOBE et l’Union des Populations du Cameroun. Cet ordre n’était pas le fruit du hasard.

    En premier, se retrouver, puis, ensemble, produire collectivement le cadre de notre avenir commun en tant que nation. Ici, il s’agirait en particulier de débattre, délibérer et décider d’une réorganisation administrative du territoire, indispensable pour rapprocher le pouvoir de décision au plus près des populations concernées par un sujet, définissant les matières de souveraineté y compris fiscale par niveau de division territoriale, les matières de souveraineté du niveau fédéré et celles de niveau fédéral. Le principe de la fédération ne doit pas être un tabou, ni faire l’objet d’une religion quand au nombre d’États fédérés. L’Allemagne est une République fédérale qui compte plus de dix États fédérés (Länder), les États Unis d’Amérique en comptent cinquante, la Suisse est une confédération ; ces trois pays ne se portent pas moins bien que la République du Cameroun. Entre autres missions, le DNI aurait à :

    2a/Définir les modalités d’organisation et de convocation d’une Assemblée Constituante chargée de préparer un projet de nouvelle Loi Fondamentale (Constitution).

    2b/Nommer un Gouvernement chargé d’assurer la continuité de l’État sur une période transitoire de deux à trois ans jusqu’à l’entrée en vigueur des Nouvelles Institutions.

    La nation compte d’éminentes personnalités d’une grande probité, ayant une expérience et un sens de l’État reconnus ; nombre d’entre eux font consensus dans toutes les Régions du Pays. Il n’est pas irréaliste de penser qu’elles s’impliqueront pleinement, les unes pour encadrer les travaux d’une DNI de grande qualité utile à la nation, d’autres pour assurer la continuité de l’État au cours de la période de transition, car le DNI est incompatible avec le statu quo institutionnel.

    A moins de se faire des illusions sur la possibilité pour les Forces de Défense et de Sécurité d’écraser les sécessionnistes, chacun sait qu’il faudra bien un dialogue national dont le mouvement sécessionniste sera nécessairement partie prenante. Il est désespérant de constater que pour en arriver là, ceux qui ont le pouvoir de décider estiment nécessaire un supplément chaque jour plus élevé de vies perdues, de familles endeuillées, de villages incendiés et d’équipements publics squelettiques détruits. Aucune élection n’est une fin en soi.

    Tout scrutin reste un instrument au service d’une fin. Quelle est donc la finalité attendue du prochain scrutin présidentiel par Mr Paul Biya et chacun de ses rivaux ? Que pèse cette finalité au regard des risques évidents de guerre civile généralisée et de dislocation du pays que la réalisation des deux objectifs du projet énoncés ci-dessus permettent de conjurer ? Dans le cas où le processus du scrutin présidentiel d’octobre 2018 serait maintenu et irait à son terme, Mr Paul Biya ou son successeur, quel qu’il soit, sera confronté à la même situation sociale et sécuritaire actuelle, sans doute aggravée, et à l’obligation de lui trouver une solution satisfaisante qui ne pourra en aucun cas faire l’économie des deux objectifs du projet ci-dessus.

    Le Président de la République, Mr Paul Biya, a encore toute latitude avant la fin de son mandat pour manifester en deux actes que l’unité nationale et l’intérêt national sont au dessus de toute échéance électorale. Dans le cas où ces actes ne sont pas posés avant le scrutin d’octobre 2018, ses rivaux du tropisme présidentiel ont toute latitude de manifester par un acte -retirer leurs candidatures et laisser Mr Paul Biya candidat face à lui-même- que l’unité nationale et l’intérêt national sont au dessus de leur promotion sociale personnelle comme Président de la République. Une candidature unique de l’« opposition » est impossible, non pas seulement en raison des egos, mais surtout du fait que l’unité ne peut se faire qu’autour d’un projet qui serait ensuite porté et incarné par un candidat de consensus.

    Est-il possible qu’un candidat se révèle assez responsable pour incarner publiquement les deux objectifs soulignés du projet ci-dessus ? Ce cas de figure est possible. Quiconque a pour soucis l’intérêt national et l’unité nationale avant tout serait en devoir de soutenir un tel candidat dès lors que serait acté l’engagement du candidat, public, écrit et juridiquement opposable, de faire des deux objectifs soulignés ci-dessus les deux premières décisions de son mandat. Cet engagement serait sans préjudice pour le candidat sur la durée du mandat de Président de la République en vigueur, mais le candidat une fois élu serait tenu par le respect des résolutions du DNI, des conclusions du processus d’élaboration de la nouvelle Loi Fondamentale, et de l’entrée en vigueur des Nouvelles Institutions. A partir de cette date, le titre de Premier Ministre est celui avec lequel il terminerait son mandat si telle est la décision qui ressort des travaux du DNI. Afin de rendre possible ce cas de figure, il serait utile que le mouvement Alliance Patriotique et/ou toute autre personnalité ou personne physique ou morale indiquée prenne sans tarder l’initiative d’organiser une rencontre qui aurait pour objet d’en débattre. Cette rencontre réunirait réunirait l’Alliance Patriotique, l’UPC-MANIDEM, l’UPC, le CPP, le MANIDEM, le Cameroon Patriotic Diaspora Forum, toutes autres organisations pertinentes, ainsi que tout candidat qui a foi en la démocratie et en la capacité de l’électeur Camerounais de faire la décision par son vote une fois seul avec les bulletins de vote dans l’isoloir. En effet, l’important est que les deux objectifs du projet gagnant pour le Peuple Camerounais aujourd’hui soient atteints, avant l’échéance prévue pour le scrutin présidentiel si l’actuel Chef de l’État finit par entendre raison, dès le lendemain du scrutin si le candidat du cas de figure possible sort vainqueur, sinon, que ces deux objectifs soient poursuivis après la tenue du scrutin présidentiel si l’état du rapport des forces politiques diffère leur réalisation.

     

    ABBO A BEYECK

    24 Juillet 2018

    L’auteur : Économiste. Consultant en stratégie. Retraité.

    Ancien membre du Bureau Politique du Comité Central de l’UPC

    et Président de la Commission des Opérations Spéciales

    (période de la lutte clandestine pour la démocratie au Cameroun).