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Étiquette : Conseil de sécurité
A l’Onu: le Cameroun demande une meilleure considération de l’Afrique
Le Cameroun plaide entre autres pour une présence permanente de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’Onu.
Le ministre camerounais des Relations extérieures s’est exprimé à New York ce 26 septembre 2023, à l’occasion de la 78e assemblée générale des Nations unies. Porte-parole du président Paul Biya pour la circonstance, Lejeune Mbella Mbella a porté la conviction d’une nécessaire réforme des relations entre l’Afrique et le reste du monde. Laquelle, a-t-il présenté, n’est réalisable qu’au prix d’«un sursaut d’orgueil, un dépassement de soi et une volonté politique nouvelle s’imposent, tout comme une conscience nouvelle: celle qui met l’accent sur la primauté de l’intérêt général; celle où la Science est mise au service de l’humanité entière en vue d’assurer le bien-être de chacun et de tous, dans des domaines importants comme la paix, la sécurité, la santé, ou encore le développement économique, social et culturel».
Usant d’une certaine liberté de ton, Lejeune Mbella Mbella met le doigt sur les défaillances de la solidarité internationale vis-à-vis de l’Afrique. «Il convient de reconnaitre que l’action n’a pas toujours suivi la parole donnée. A titre d’illustration, je voudrais évoquer la mobilisation insuffisante des moyens pour la mise en œuvre des ODD, ou la non atteinte de l’objectif 0,7% fixé pour l’aide publique au développement malgré les promesses faites voici bientôt 50 ans. Reconnaissons également que, parfois, les moyens mobilisés l’ont été soit en retard, soit distribués de manière parcimonieuse, du fait des conditionnalités. Parfois encore, c’est la timidité de la volonté politique qui est mise en cause, lorsqu’elle n’est tout simplement pas absente ou altérée par les considérations égoïstes, qui prennent parfois le pas sur l’intérêt général et la solidarité agissante entre les peuples et les nations», clame-t-il en lieu et place du président Paul Biya.
Le diplomate camerounais ne s’embarrasse pas d’un langage diplomatique pour exposer les manquements de la coopération internationale telle que pratiquée par l’Organisation des Nations unies. A l’occurrence au sein du Conseil de sécurité. Il en demande une réforme en vue de rétablir l’équité qui fait défaut, tire-t-on de son discours. «En effet, il est à souligner que l’Afrique, en plus d’être sous-représentée au Conseil, est le seul continent à ne pas disposer d’une présence permanente au sein de cet Organe, alors que deux tiers de ses activités lui sont consacrés. Il s’agit là, à vrai dire, d’une injustice qu’il convient de corriger. C’est pourquoi nous réaffirmons notre soutien au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte, en réclamant 2 postes permanents et 3 postes non-permanents supplémentaires pour l’Afrique au Conseil de Sécurité», soutient-il.
Louise Nsana
Jean Emmanuel Pondi: « L’Afrique ne doit pas aller au Conseil de sécurité sans droit de veto »
Le Pr. Jean Emmanuel Pondi donne les contours du rôle que joue la communauté internationale en Afrique, à l’occasion de la Semaine panafricaine tenue le 10 décembre 2022 à Douala.
Qu’est-ce que la Communauté internationale?
La Communauté internationale est une communauté à définition très variable. En réalité, personne ne peut vous dire avec exactitude les contours de ce concept. Est-ce que la communauté internationale c’est l’ensemble des pays-membres des Nations unies qui sont à 193 pays? Est-ce que la Communauté internationale ce sont les membres du Conseil de sécurité qui siègent avec droit de Veto, c’est-à-dire cinq? Est-ce que c’est encore le Conseil de sécurité élargi à quinze membres? Est-ce que c’est l’Union Africaine? Bref, c’est difficile à dire. Mais, ce qu’on sait quand même, c’est que c’est un ensemble de pays ou de personnes qui prétendent avoir les normes qui doivent faire fonctionner le monde. Et ces normes qui sont les leurs, qu’ils ont présentées comme les normes universelles. Et c’est là que se trouve tout le problème. Parce qu’il n’y a pas d’universalité dans l’approche culturelle. Chaque culture a son approche, son histoire et on ne s’aurait imposer l’histoire d’une culture autre. La Communauté internationale telle qu’elle est, c’est surtout l’occident et quelques pays de l’orient comme la Russie et autres. Elle doit être inclusive. La notion africaine c’est que les choses se font à l’intérieur des communautés et non pas par les individus et pour les individus.Quel est le rôle de la Communauté internationale dans les crises africaines?
Elle a ses intérêts, qui sont de tirer de la plupart des continents un meilleur profit. Ça veut dire de contrôler ces continents et de les mener vers le chemin qui est en leur faveur. Par conséquent, de s’assurer que ceux qui empêchent que cela soit possible, qu’on les neutralise d’une manière ou d’une autre. Ce n’est pas quelque chose de nécessairement angélique parce que les intérêts ont des clashes. Les Africains doivent comprendre que le monde d’aujourd’hui est un celui dans lequel alterne la douceur et la violence. Quand il y’a des intérêts, il faut d’abord les définir. Comment nous les avons définis et quelles stratégies avons-nous mis sur pieds pour les défendre? Ceci se retrouve dans nos systèmes éducatifs qui ne parlent pratiquement jamais de nous-mêmes, toujours des autres. Je n’ai rien contre les autres, mais je suis pour que les Africains comprennent qu’on ne pourra aller nulle part en faisant toujours les vœux des autres. La Communauté internationale n’a pas pour raison de s’assurer que tous les continents fonctionnent bien.La Communauté internationale est considérée comme un outil de domination. Comment l’expliquez?
C’est une domination qui est acceptée par nous. Vous ne pouvez pas dominer un milliard trois cent millions de personnes si elles ne sont pas d’accord que ce soit ainsi. On doit arrêter de croire que nous ne pouvons rien décider de nous-même et par nous-même. La Covid-19 a bien montré que nous avons des forces endogènes qui nous permettent de bien survivre. Pourquoi les Africains ne tirent pas bénéfice de ces leçons et de ces enseignements? Pourquoi toujours être en train d’attendre que d’autres viennent faire pour vous?Quel doit être l’attitude de l’Afrique vis-à-vis de la Communauté internationale?
Il n’est pas question de rompre avec la Communauté internationale. Ce n’est pas souhaitable et pas envisageable. Il s’agit plutôt de faire en sorte que les termes du commerce que nous entretenons avec la société internationale, nous soit de plus en plus favorable. Et cela veut dire que, nous devons comprendre cette Communauté internationale mais, elle doit également tout faire pour nous comprendre dans nos intérêts. Il n’est pas normal que chaque fois que nous disons nos intérêts, ils sont interprétés comme étant des suggestions de telle ou de telle puissance. Comme si nous n’avons pas la capacité de réfléchir sur nos problèmes et proposer nos solutions. C’est cette incompréhension qu’il faut absolument évacuer. Il faut désormais qu’on considère que les Africains ne sont pas des enfants mais des adultes.Vous avez insisté sur la nécessité pour l’Afrique de ne plus courir après une place au Conseil de sécurité. Pensez-vous qu’il faut créer un Conseil de sécurité alternatif africain?
Des gens ont créé leur structure nous n’étions pas là. En 1945 il n’y avait que quatre pays africains qui étaient indépendants formellement, et qui sont des membres-fondateurs de l’ONU. Les autres sont venus trouver cet appareil déjà là avec ses avantages et ses problèmes. Et je pense qu’on ne peut pas s’entêter à vouloir aller au Conseil de sécurité sans droit de veto. Il en faut absolument un. Si jamais on y allait, on doit aller avec les mêmes armes que tout le monde. Les pays qui siègent ne sont pas prêts à accepter cela. Paradoxalement, je les comprends forcément. Il ne s’agit pas de diluer ma force si j’en avais. Comme je les comprends, je pense qu’il faut laisser cette affaire et aller créer un autre pôle de puissance ailleurs qui répond d’une manière ou d’une autre à ce Conseil de sécurité. Pas nécessairement par l’armement, parce que je ne crois pas que la résolution des problèmes c’est par les armes. Les armes peuvent stabiliser, mais ne peuvent pas être la solution. La vraie solution c’est la création des richesses économiques. Parce qu’à la base de tout, c’est cette pauvreté qui créé la frustration et amène l’utilisation des armes.Comment est-ce que l’Afrique parviendra à s’imposer et à faire prévaloir sa culturelle dans ce Conseil des nations?
Ceci ne se fait pas de façon administrative, cela se fait par le travail et par la force de ce que vous proposez qui finit par devenir évident. Cela veut dire qu’il faut travailler vers la spécificité que vous avez. N’essayez pas d’imiter les autres, et encore moins leurs clones. Ce qu’il faut, c’est être vous-même. Quand vous avez présenté votre singularité au monde et qu’elle est suffisamment attractive, alors vous vous imposez. Pour être singulier, il faut oser, aller dans des chemins différents. Et c’est ça que beaucoup d’entre nous ne font pas. Mais, il faut le faire ainsi vous êtes plus intéressants et vous pouvez tirer plus de dividendes. Le village global dont on parle, il faut bien qu’il soit différent, que les habitants apportent chacun leurs spécificités. C’est cet ensemble qui fait que le monde est intéressant. Mais, si nous sommes en train d’être chacun comme l’autre, ça ne sera pas quelque chose d’intéressant.À cette conférence l’on rend hommage au Pr. Kalala Omotunde. Que pensez-vous de cet hommage qui lui est rendu?
C’était un ami, un collègue, un frère dans le sens africain du terme. C’est quelqu’un qui avait foi en quelque chose, et malheureusement ce qu’on reproche à beaucoup d’Africains, c’est que nous traversons la vie sans aucun idéal. Et notre idéal c’est ce qu’on peut faire et voir. Il avait une idée claire de pourquoi il est sur la terre. C’est pour expliquer au reste des humains ce qu’est vraiment l’Afrique d’après sa compréhension, et je pense qu’il a réussi à montrer que puisque nous sommes à la base de l’humanité, il est normal que la plupart de choses soit venu d’ici. Et je ne comprends pas pourquoi on s’offusque de cette position qui est tout à fait logique. Les plus anciens habitants de la terre nécessairement ont réfléchi sur les premiers problèmes et ceux ceux qu’affronte aujourd’hui l’humanité. Il n’a rien dit d’autre que cela et je crois qu’il avait parfaitement raison. Donc je lui rends hommage comme quelqu’un qui a dédié sa vie à éclairer les Africains sur qui ils sont, à les décomplexer, à leur donner leur valeur réelle qui n’est pas contre quelqu’un mais, qui est nous-même.Propos recueillis par Diane Kenfack
La politique africaine des États-Unis changera-t-elle?
Par Jean-Claude Djereke
Les lampions se sont éteints sur le dernier sommet États-Unis/Afrique à Washington (13-15 décembre 2022). Au cours de ce sommet, Joe Biden a plaidé pour un «partenariat destiné non pas à créer des obligations politiques, à créer de la dépendance, mais à stimuler des succès partagés et à créer de l’opportunité». Car, «quand l’Afrique réussit, les États-Unis réussissent et le monde entier réussit». Il est heureux que la première puissance militaire mondiale ait enfin compris que les uns ne peuvent pas faire leur bonheur en créant le chaos et le malheur chez les autres.
Le président américain a en outre souhaité que l’Afrique puisse être «à la table dans chaque salle où l’on discute des défis mondiaux et dans toutes les institutions comme le Conseil de sécurité de l’ONU et le G20». Une prise de conscience qui, selon nombre d’Africains, arrive un peu tardivement car les États-Unis auront attendu 76 ans pour se rendre compte que le format de l’ONU est devenu obsolète et que le monde d’aujourd’hui ne peut pas continuer à fonctionner comme en 1946. Cela fait plusieurs années que les Africains réclament un aggiornamento (une mise à jour) du fonctionnement de l’ONU, qu’ils constatent que c’est toujours la France qui parle au nom de ses anciennes colonies aux Nations unies et que l’Afrique reste à la périphérie alors qu’elle «compte 54 États et 1,4 milliard d’habitants et peut se prévaloir d’un PIB de 2,7 billions de dollars». Il est temps que l’Afrique soit mieux représentée au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Comme l’a bien souligné Macky Sall, président du Sénégal et président en exercice de l’Union Africaine, pendant son entretien avec le New York Times, «nous devons faire partie des solutions et ne pas être seulement un sujet de discussion».
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Au total, on peut affirmer que les 49 chefs d’État africains ont eu droit à un joli discours lors de leur rencontre avec Biden. Mais un beau discours ne vaut rien s’il n’est pas suivi d’actions concrètes contre le terrorisme, contre le changement climatique, contre la pauvreté, contre la confiscation de l’État depuis 30 ou 40 ans par certains dirigeants. Pour montrer qu’ils ont changé de regard sur l’Afrique et d’approche, les États-Unis devront aussi faire comme la Chine et la Russie, c’est-à-dire renoncer à vouloir que les Africains se comportent nécessairement comme eux. En sont-ils capables ?
Certains soutiennent que, si Biden a organisé ce sommet, c’est à la fois pour contrer l’influence de la Chine qui, depuis quelques années, construit des stades, des autoroutes et des aéroports et pour freiner la montée en puissance de la Russie accusée par Antony Blinken, le secrétaire d’État des États-Unis, de violer les droits humains, de créer l’insécurité et de priver de richesses minières les pays africains où le groupe Wagner s’est installé. Pour eux, Washington n’a pas renoncé à imposer la démocratie occidentale, la reconnaissance des LGBT et la bonne gouvernance. Certes, les populations africaines ont envie de vivre dans des pays moins exposés à la dictature et à la corruption, mais la découverte d’un million et demi d’euros par la police belge chez la vice-présidente du parlement européen, Eva Kaili, pourrait les conduire à penser que l’Occident devrait se garder de donner à l’Afrique des leçons que lui-même peine à appliquer chez lui.
Le sommet de Washington marque-t-il une vraie rupture avec des pratiques détestables ou bien doit-il être considéré comme un sommet de plus ? Le temps nous le dira.
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