Suspension de la Russie du Conseil des droits de l’Homme : Comprendre l’abstention du Cameroun

Grilles d’analyses de la carte de la neutralité que le pays a jouée à New-York.

Avec 93 voix favorables, 24 voix contre et 58 abstentions, l’Assemblée générale des Nations unies a, au cours d’une session spéciale urgente sur l’Ukraine tenue le 7 avril dernier à New York, voté l’exclusion de la Russie du CDH. Comme plusieurs autres États africains, le Cameroun, a préféré se ranger dans le camp des abstentionnistes. Pour l’instant, le gouvernement n’a pas officiellement rendu compte de cette posture.

Non-ingérence

Toutefois, dans quelques cercles de réflexions, l’on fait valoir le «principe de non-ingérence». Tel est, par exemple, l’avis de Dr Christian Pouth. «Contrairement à d’autres États et organismes, le Cameroun reste fidèle au principe du Droit international de non-ingérence dans les affaires internes des États posé par la Charte des Nations unies de 1945 et élément structurant de sa politique étrangère», pose d’emblée le coordonnateur du Centre africain d’études internationales, diplomatiques, économiques stratégiques (Ceides). Sur ce socle,   Dr Christian Pouth ajoute: «cette posture politique et diplomatique s’est traduite à maintes reprises par une abstention assumée du Cameroun sur des sujets qui interpellent au premier chef la souveraineté d’autres États».

Tout en s’appropriant la même grille d’analyse, Belinga Zambo parle de «respect de légalité internationale». Selon l’universitaire camerounais, exclure la Russie du CDH «ne va pas contribuer à la résolution du conflit». En tout cas, dit-il encore, «Yaoundé a choisi de s’abstenir pour rester cohérent avec sa démarche habituelle de non-ingérence; une position médiane vis-à-vis d’un conflit aux relents d’un nouvel affrontement Est-Ouest».

Coulisses

Dans la foulée,  Belinga Zambo évoque celles de la CDH. Dans cette instance, la question de la pertinence de la procédure visant la Russie s’est posée clairement aux yeux du Cameroun et d’autres pays africains. «Après avoir voté en faveur de la résolution du CDH du 4 mars 2022 sur la situation en Ukraine et portant, notamment, la mise en place d’une Commission d’enquête internationale sur les allégations de violation des droits de l’Homme dans le pays consécutivement à la guerre, notre pays estime que cette saisine est précipitée», assume le politologue.

 

Ongoung Zong Bella

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