Le texte de souveraineté signé ce lundi 17 avril 2023 à Douala montre l’intérêt du Cameroun pour ce pays voisin.
Dans une lettre adressée à Faustin Archange Touadéra, président de la République Centrafricaine (RCA), les panafricanistes camerounais témoignent leur soutien à ce pays voisin. Banda Kani, Bertrand Tsatsinda, Patient Parfait Ndom, Jean Paul Mbeleck, Charly Kengne, Jonathan Batenguene, Jocelyn Ngos, Christel Fanga, Albert Anatole Ayissi et Dr Jean René Ndouma, ont signé le texte de solidarité adressé au chef de l’Etat centrafricain ce lundi 17 avril 2023 à Douala. La correspondance des panafricains camerounais à l’endroit du président Faustin Archange Touadéra n’est pas un hasard. Comme le rappelle Banda Kani, président du nouveau mouvement populaire (Nmp): «le dimanche 5 mars 2023 au Qatar, à l’occasion de la 5ème conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés, le président de la RCA a violemment attaqué les Occidentaux, les accusant d’entretenir l’instabilité politique dans son pays». Le président Touadéra a dénoncé haut la main ces derniers comme des pilleurs de richesse. «La République Centrafricaine est soumise depuis son indépendance à un pillage systématique facilité par l’instabilité politique entretenue par certains pays occidentaux ou leurs compagnies qui financent les groupes armés terroristes dont les principaux leaders sont des mercenaires étrangers… Le peuple centrafricain est pris en otage. Pourquoi la Centrafrique, doté d’un immense trésor géologique: l’or, les diamants, les matières premières stratégiques dont le cobalt, l’uranium, le pétrole encore inexploité… demeure 60 ans après l’indépendance, un des pays les plus pauvres du monde», rappellent les panafricanistes dans leur courrier.
Cette sortie du président centrafricain remet à l’ordre du jour, la question et l’enjeu de la souveraineté des États africains en ce début de 21ème siècle. Le président en exercice de la Cemac s’est exprimé avec franchise auprès de l’Onu. Pour Banda Kani, cette attitude est un geste de bravoure. Il qualifie le président Touadéra d’«un président volontariste et patriote». La Centrafrique pour Bertrand Tatsinda est un «pays que Dieu a voulu lié au Cameroun. Nous partageons ensemble 630 Km. Ce pays vit l’instabilité depuis 1962, et le Cameroun, depuis Ahmadou Ahidjo, a été le premier pays à accueillir les Centrafricains. Le seul crime de la Centrafrique ce sont ses ressources minières et ses matières premières. Nous ne laisserons pas tomber la Centrafrique».
Le Géostratège Charly Kengne quant à lui explique que «selon les textes en Centrafrique, aucun Centrafricain n’a le droit de creuser un sol jusqu’à 15m de profondeur. A partir de 15m, c’est le territoire français. Mais, la Centrafrique n’est qu’un avant-poste d’un combat stratégique qui vise le Cameroun. En 1984, Henry Kissinger a présenté son rapport au parlement américain. Le rapport dit exactement que les USA ont l’obligation de contrôler les réserves énergétiques à l’échelle internationale et dont celles de l’Afrique. L’Afrique a la deuxième réserve pétrolière au monde, estimée à 24 000 milliards de barils. Vous comprenez que la Centrafrique n’est qu’aux avant-postes d’un combat stratégique qui vise le Cameroun. Si le Cameroun tombe, l’Afrique centrale à 48 heures pour s’embraser. Donc nous avons intérêt à soutenir la RCA».
Malgré les coups durs que subit la Centrafrique, le président Touadéra reste le seul homme à avoir apporté un changement positif, à en croire Jonathan Batenguene. Et pour cela, «la Centrafrique ne tombera pas». Pour sortir de cette gangrène, le président du NMP préconise qu’il faut donc «penser un système de libération politique d’un tel carcan systématisé au niveau global. C’est tout l’enjeu de la lutte pour l’émergence d’un monde multipolaire pour permettre au pays africains de desserrer l’étau de la domination et des hégémonies qui plombent tout véritable décollage socio-économique».
À travers le texte de solidarité, les panafricanistes camerounais veulent rappeler au président Touadéra qu’aucune rétrospective ne sera tolérée. Car il en a l’entière responsabilité, ainsi que celle de la Cemac. Le courrier sera envoyé au président Faustin Archange Touadéra, au président Paul Biya, avec ampliations aux organismes de l’Onu et de la Cemac.
Diane Kenfack