Soulèvements en Afrique : Quand le dividende démographique se transforme en opposition

La démographie est en train de rattraper les pays « statiques » qui ne répondent pas aux aspirations de la population, à l’instar de l’Algérie ou du Soudan.

La jeunesse algérienne ne faiblit pas face au système Boutteflika

« La jeunesse africaine ne supporte plus les gouvernements de rentiers », affirme sans ambages l’économiste bissau-guinéen Carlos Lopes, dans le magazine français Le Monde Afrique, le 6 mai dernier. L’ancien secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) voit en la chute des dirigeants algériens Abdelaziz Bouteflika et soudanais Omar Al-Bachir le signe de l’aversion croissante de la jeunesse africaine pour les gouvernements improductifs.

La moyenne d’âge sur le continent africain est de 19 ans. « Il y a un changement de paradigme qui est en train de se produire en Afrique. Le continent se divise de plus en plus en deux blocs : d’un côté, on a des pays réformistes qui transforment leur économie et répondent aux aspirations de leur population. D’un autre côté, on a des pays statiques, comme l’Algérie et le Soudan, qui ont des difficultés à réformer, ce que la jeunesse ne supporte plus. Impatiente, elle veut des débouchés et aspire à la modernité. On peut prédire que des pays qui se trouvent dans une situation comparable subiront le même sort » tranche l’actuel haut représentant de l’Union africaine pour la négociation de la relation post 2020 avec l’Union européenne.

Structure
Qu’il s’agisse du Printemps arabe ayant causé le départ des présidents tunisien et égyptien d’alors, ou des récents soulèvements populaires en Algérie et au Soudan, le dénominateur commun est la précarité socio-économique des populations. Pour preuve, le déclencheur du soulèvement populaire au Soudan fut l’augmentation du prix de la baguette de pain. Chaque fois, c’est la jeunesse qui est descendue dans les rues pour crier le ras-le-bol des conditions d’existence précaire.
Les vagues de jeunes envahissant les rues d’Alger ou de Khartoum faisaient la cherté du coût de la vie, à l’insuffisante diversification économique susceptible d’engloutir la masse au chômage.

Au-delà de la cherté de la vie, du chômage, de l’embastillement de certaines personnes, l’une des causes profondes des soulèvements populaires en Afrique est l’importance des inégalités. Elles sont à la fois sociales, économiques, culturelles et politiques. La répartition spatiale et sociale des opportunités et des fruits de la croissance est une des causes de plusieurs soulèvements qui, parfois, se sont achevés en crise sociopolitique majeure.

Propagation
Le sociologue belge François Polet, dans son récent article « Afrique subsaharienne : entre révoltes populaires et restaurations autoritaires », explique que les récentes révolutions sur le continent sont parties des protestations liées aux conditions de vie. La jeunesse constitue le principal front de protestation à la lumière des mouvements similaires en cours sur le continent. Au Zimbabwe, la hausse du prix du carburant a attisé les feux du mécontentement entre janvier et février. Avec un taux d’inflation de 50 % et le litre de carburant à 3,31 dollars (soit le plus cher au monde), le pays connaît aussi une grave pénurie de produits alimentaires. En Guinée, la cherté de la vie provoque l’ire de la population, qui voit d’un très mauvais œil les tentations à un troisième mandat du président Alpha Condé. Selon le site mosaiqueguinee.com, plusieurs manifestations ont été interdites par les autorités, celles-ci se disant fondées par une décision du ministère de l’Intérieur, datant de juillet 2018.

 

Africa Moves

Un sommet pour les startups du continent

Le premier salon de la tech et de l’innovation 100 startups africaines se tiendra du 17 au 21 juin à Tunis.

 

Le « Big summit » des techpreneurs, comme l’expliquent les organisateurs, réunit ce qui se fait de mieux sur le continent africain en matière d’innovation. Durant cinq jours, les startupers du continent vont échanger leur expérience, voir leur compétence renforcer dans plusieurs domaines. L’objectif est de développer leurs activités, avoir la capacité de lever des fonds, avoir la capacité de tisser des partenariats et prendre connaissance des opportunités et des mutations de l’écosystème économique de l’Africain.

Cette rencontre est organisée par l’association française Enterpreuneurship & Diversity Network (EDN), qui accompagne les startups dans la concrétisation et la pérennisation de leurs idées. Elle propose un modèle d’accompagnement, de soutien et d’accélération de l’innovation, multipliant les possibilités de réalisation des projets, quel que soit le secteur en question. À la fois conseiller, accélérateur et incubateur, EDN a une portée internationale. Elle a pour objectifs de favoriser l’entrepreneuriat, encourager le respect de la diversité, accélérer le développement et le déploiement des technologies nécessaires pour relever les défis de demain, assurer une croissance intelligente, durable et inclusive.

Enjeux
La création de la Zone de libre-échange continentale africaine, dès le 30 mai, offre aux opérateurs économiques un marché unique comptant 1 milliard 400 millions d’habitants. Avec le développement exponentiel de l’économie numérique, notamment du e-commerce et des fintech, les e-solutions trouvent en Afrique un facilitateur d’existence.

À la question « pourquoi la Tunisie ? », les organisateurs répondent : « Tout d’abord, la Tunisie vient d’adopter le Startup Act, loi destinée à promouvoir les startups tunisiennes. De plus, il s’agit d’un hub reconnu en Afrique et d’une destination touristique africaine leader, possédant les infrastructures nécessaires à la tenue d’un tel évènement (aéroport Tunis-Carthage, hôtels de standing, excellentes routes, etc.). La Tunisie accueillera donc l’évènement principal d’Africa Moves, the Big Summit ».

Cibles
Africa Moves s’adresse à la communauté mondiale de l’innovation (acteurs & décideurs) et l’invite à venir rencontrer les disruptifs africains pour construire ensemble les ponts de l’innovation entre les différents hubs mondiaux. Au Palais de la culture à Tunis et sur une superficie de 20 000 m2, le Big Summit réunira 100 startups africaines, 8000 participants et plus de 150 speakers. 1 festival, 1 women day, plus de 100 tables rondes et 10 parcours agrémenteront les exposants et autres participants.

Pour les organisateurs, Africa Moves invite les leaders et acteurs de l’Afrique innovante et du monde entier à venir se rencontrer et à échanger dans le cadre d’évènements exceptionnels. Destiné à s’inscrire durablement sur la carte de l’innovation mondiale, Africa Moves est rythmé par 4 évènements annuels majeurs.

Zacharie Roger Mbarga

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