Sonatrel-Eneo : La ligne toujours sous haute tension

Entre le «transporteur» et le «vendeur» du courant électrique au Cameroun, la guerre tient encore sur de vieux fils.

En décidant de parler sur l’antenne radio de la CRTV le 26 mars dernier, Victor Mbemi Nyaknga a voulu apporter la démonstration que, la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel) n’avait absolument rien à se reprocher. Bien au contraire, l’administrateur civil a maintenu un discours très ferme vis-à-vis de Energy of Cameroon (Eneo). «Quand vous voyez les petites coupures dans les quartiers et dans les villes, cela ne concerne généralement pas la Sonatrel. Cela concerne le distributeur parce que nous ne travaillons pas avec les poteaux bois. Nous ne travaillons pas avec les lignes de basse tension», a-t-il souligné solennellement sur les ondes du média d’État. À entendre Victor Mbemi Nyaknga, rien ne va, ou presque, dans la façon dont Eneo, filiale du fonds d’investissement britannique Actis, gère les nombreuses coupures de courant électrique au Cameroun. Pour muscler son accusation et enrayer la dynamique négative créée par l’incident technique survenu le 24 mars 2021 sur la ligne Mangombé-Oyomabang, le patron de la Sonatrel a, au cours de sa sortie médiatique sur la CRTV, pris les consommateurs à témoin.

Bien avant, le 22 mars 2021 précisément, sur sa page Facebook officielle, Eneo a accusé les «lignes Sonatrel». Insinuant ainsi qu’il existe des problèmes ; mais les difficultés rencontrées sur le réseau sont plutôt extérieures à l’entreprise. Pour attester de la bonne foi de celle-ci, Laurent Patrice Emesse (responsable construction des réseaux Eneo approché par Intégration) vante la mise en service imminente de «nouvelles lignes». À demi-mots, l’ingénieur d’Eneo montre comment son employeur s’échine à résorber les carences opérationnelles de la Sonatrel.

Vieille querelle
De l’avis d’observateurs, Eneo et Sonatrel n’ont toujours pas soldé leur différend sur le cahier de charges et le contrat de performance de chacune. L’on se souvient que lors de la cérémonie de signature des contrats de concession à Yaoundé en fin avril 2018, les parties n’avaient pas caché leurs divergences sur ces sujets. Les points de désaccords portaient sur plusieurs aspects. D’abord, Eneo souhaite que l’État lui donne du temps pour un transfert total des compétences à la Sonatrel, des lignes de transport et des autres éléments nécessaires pour l’exercice de ses fonctions. Chose refusée. Et ce malgré les «étincelles» de Paul Owers (alors responsable juridique d’Actis). Ensuite, Eneo exigeait que l’État respecte des dispositions de la concession qui les lie avant qu’elle ne signe le procès-verbal de la cessation d’activité. Le point de friction avec le gouvernement portait alors sur une ardoise de 53 milliards FCFA réclamée par Eneo, au titre de l’indemnisation pour le transfert du réseau de transport électrique à Sonatrel. À cette époque, l’État avait refusé de reconnaître cette dette, indiquant au passage qu’Eneo n’a pas payé en 2019 les prestations dues au gestionnaire du réseau, soit environ 50 milliards FCFA.

La Sonatrel, créée en 2015, est entrée en activité en 2019. L’entreprise est chargée, entre autres, de l’exploitation, la maintenance et le développement du réseau public de transport de l’énergie électrique et de ses interconnexions avec d’autres réseaux.

Bobo Ousmanou

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