Sommet Union africaine-Union européenne : on se retrouve en 2021!

C’est une occasion en or pour l’Afrique! Le Sommet Union africaine-Union européenne a été reporté en 2021. Il était initialement prévu pour novembre 2020 à Bruxelles.

La reprise fragile post pandémique n’a pas convaincu à maintenir le calendrier. La remontée des contaminations dans certains pays d’Europe n’a pas non plus aidé. Le délai supplémentaire est une aubaine pour l’Afrique. Le continent a l’occasion d’arriver en position de force à cette rencontre qui va décider de la prochaine orientation des relations entre les deux continents.

Rapport de force
Avec la mise en service très prochaine de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), l’Afrique va complètement changer de visage. Le continent va arborer les habits de marché du présent et du futur. Il pourra ainsi imposer ses priorités dans cette relation avec l’Union européenne. Ces centres d’intérêt tournent autour de 3 piliers: commerce, investissements, industrialisation et services; coopération au développement, technologie, science, recherche et innovation; dialogue politique, plaidoyer et thèmes transversaux. L’Afrique est très portée sur la productivité et la transformation productive de son potentiel pour offrir des perspectives à ses citoyens. 

En face, l’Union européenne est centrée sur la transition verte, la transformation numérique, la croissance soutenable et l’emploi, la paix et la gouvernance, la migration et la mobilité. Une différence fondamentale qui pourrait voir la nouvelle stratégie ne pas être adoptée à ce Sommet de 2021. Il appartient à l’Afrique de bien faire jouer sa singularité. Et il en est temps.
Le jumelage du pilier régional Afrique-UE, dans le cadre du nouvel accord ACP-UE après l’arrivée à échéance de l’Accord de Cotonou, devrait être bien regardé par les négociateurs africains également. Hors de question de faire de la Zlecaf une circonscription des APE!

L’Europe doit revoir sa copie
De ce point de vue, on est bien en phase avec l’idée de Patrick Ferras de l’Iris. Il présente bien le défi qui s’offre à l’UE. Pour gagner en efficacité, l’UE devra revoir ses ambitions à la baisse. Il serait plus raisonnable de s’appuyer sur les retours d’expériences de la période précédente pour tirer les enseignements afin de fixer trois ou quatre objectifs réalisables. À l’heure du Covid-19 et de ses premiers enseignements, il apparait fondamental d’être réaliste et de ne pas chercher à façonner la société africaine en fonction de nos critères. Il appartient également aux Africains de faire davantage preuve de réalisme dans leurs demandes de partenariat, ce qui les obligera à structurer leurs besoins auprès des nombreux acteurs internationaux. Il en découlera une meilleure coopération au niveau bilatéral, régional ou continental.

De même, l’Union africaine a besoin de gagner en épaisseur structurelle technique pour mieux embrasser et coordonner ce type d’instruments de coopération à multiples volets! Il est une certitude, la relation entre les deux continents tend de plus en plus vers l’horizontalité. On parle de moins en moins des leçons de gouvernance, démocratie et de droit de l’Homme. On s’épaissit aux canaux de transmission du développement, une coopération d’égal à égal. On s’assurera juste de maintenir à bonne distance le spectre des nouveaux partenaires qui ont déjà pris le pas sur les autres partenaires, la Chine en l’occurrence.

Rémy Biniou

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