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Solde de la Communauté en 2021 : 3 270,6 milliards FCFA en moins dans les caisses

L’octroi de crédit par les banques et établissements financiers est plus prononcé au second semestre. Avec un pic au mois de décembre du fait des fêtes de fin d’année.

 

Le secteur bancaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) semble reprendre progressivement confiance au secteur productif de la sous-région. Après une période difficile pour les activités économiques induite par la survenue de la pandémie de Covid-19, «le contexte macroéconomique de la Cemac au cours du second semestre 2021 connaît en effet une certaine amélioration au regard de l’assouplissement des mesures sanitaires mises en œuvre», fait remarquer le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Abbas Mahamat Tolli en veut pour preuve l’évolution à la hausse de l’octroi de crédits par les banques secondaires et les établissements financiers. «Les mises en place de concours passent de 2 992,6 milliards de FCFA au premier semestre 2021 à 3 270,6 milliards au second semestre 2021 enregistrant une hausse de 9,29%», relève le Bulletin des statistiques sur les coûts et conditions du crédit de la Cemac publié le 11 juillet dernier.

Fêtes de fin d’année
La Banque centrale a enregistré en termes de flux moyen mensuel de crédit dans la sous-région, un pic au mois de décembre. Il s’est situé en raison des fêtes de fin d’années à 611 milliards FCFA. Alors que de juillet à novembre de la même année, «le flux moyen mensuel du crédit s’est situé à 545 milliards FCFA», souligne le Bulletin.

Maturités
En termes de maturité, les données présentées par la Beac montrent une nette préférence et «une grande prépondérance des crédits à court terme». De Juillet à décembre l’année dernière, «les mises en place de concours se répartissent en effet comme suit: 73,18% pour le court terme, 17,9% pour le moyen terme et 8,92% pour le long terme», souligne l’institution bancaire sous-régionale. «Avec en moyenne une maturité de 13,24 mois pour les crédits à court terme, 39,19 mois pour les crédits à moyen terme et 83,3 mois pour les crédits à long terme», apprend-on également.

Le secteur bancaire camerounais
Le secteur productif camerounais s’est montré le plus dynamique de la sous-région en 2021. C’est naturellement lui qui a reçu des établissements de crédit les plus gros montants enregistrés en zone Cemac. Le Cameroun se place dès lors en tête des crédits accordés avec un volume de pas moins de 1 546,64 milliards FCFA sur les 3 270,6 milliards FCFA. Soit près de la moitié des prêts enregistrés entre juillet et décembre au titre des crédits bancaires décaissables et des crédits des établissements financiers par caisse. Le Cameroun se révèle d’ailleurs sur ce dernier point le seul pays de la sous-région où les établissements financiers ont mis en place des concours au profit des grandes entreprises, des PME et des particuliers. Les établissements financiers des autres pays de la Cemac ont par contre montré une grande disposition à accompagner sur le long terme d’autres types de personnes morales. Le secteur bancaire camerounais est cependant absent du segment concernant les engagements par signature.

Lire également : Entre les banques, les PME et les ménages : La nécessaire intermédiation de la microfinance

La locomotive de la Communauté est suivie dans ce classement par le Gabon avec environ 610,134 milliards FCFA. Viennent ensuite le Congo (237,450 milliards FCFA); le Tchad (226,946 milliards FCFA, grâce notamment aux engagements par signature); et la Guinée Équatoriale (114,540 milliards FCFA). La République Centrafricaine occupe la dernière position avec seulement 71,092 milliards FCFA de volume de crédits accordés au cours de la période sous revue.

 

Théodore Ayissi Ayissi

 

Audit
«Le secteur bancaire de la Cemac est structurellement surliquide». C’est le premier constat fait par une étude récemment publiée par la Beac.

Il y est indiqué pour plus de précisions qu’«environ 1450 milliards FCFA de cet excédent sont inégalement répartis entre les banques et les Établissements de microfinances (EMF) qui sont responsables du tiers». Ses auteurs pointent un doigt accusateur, «principalement, sur les avoirs extérieurs générés par l’exportation des produits pétroliers; et sur les écueils du financement/refinancement, parmi lesquels la défiance à l’interbancaire et la fragmentation qui en a résulté».

À les croire, «de nombreuses solutions ont été envisagées et appliquées. Elles ont permis d’accroître le volume des transactions interbancaires (de 18 milliards FCFA en janvier 2018 à 432 milliards FCFA en octobre 2019)». Seulement, «les déséquilibres observés demeurent, notamment la surliquidité bancaire globale (qui concernent quelques banques tandis que d’autres connaissent des tensions de trésorerie)». Un état de choses également dénoncé par Emile Thierry Mvondo, Jacques Landry Bikai, Francis Ghislain Ngomba Bodi, Nafe Daba et Neslon Patrick Daniel Essiane. D’autant plus que «les entreprises de la Cemac, constituées à 70% de (T)PME, ne peuvent que difficilement accéder au crédit parce que peu lisibles par les banques commerciales», expliquent-ils.

Les données publiées par la Banque centrale dans le cadre du Bulletin statistique sur les coûts et conditions du crédit dans la Cemac, laissent toutefois entrevoir une amélioration de la situation. L’activité de crédit serait repartie à la hausse en 2021, malgré les effets dévastateurs de la pandémie de Covid-19. De quoi éponger une partie du trop-plein. Sans toutefois remettre en cause la nécessité d’une plus grande intervention des microfinances.

 

Théodore Ayissi Ayissi

 

Crédits bancaires

Du cash à flot  pour le Gicam et Cie

Les grandes entreprises dans le giron de l’Union des patronats d’Afrique centrale (Unipace) ont réussi à capter à elles-seules 62,19% de prêts accordés l’année dernière par les établissements de crédit de la Cemac.

 

Les entreprises du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et celles des autres grands mouvements patronaux de la zone Cemac ont su tirer profit de la reprise économique en 2021. Leur capital confiance auprès du système bancaire se révèle clairement cette année-là, être supérieur à celui de tous les autres acteurs économiques. L’analyse des bénéficiaires des concours bancaires proposée par la Banque centrale permet ainsi d’établir que ceux-ci «restent principalement affectés aux grandes entreprises. Ces dernières concentrent en effet 62,19% des concours mis en place».

En croisant plusieurs données du Bulletin des statistiques sur les coûts et conditions du crédit de la Cemac, il est possible de faire plusieurs constats au sujet des grandes entreprises membres de l’Unipace. D’abord, elles se sont montrées particulièrement intéressées par les crédits à court terme. Et sur ces concours bancaires d’une maturité initiale inférieure ou égale à un an, elles ont obtenu des financements d’un volume de 1 043,85 milliards FCFA. La Banque centrale donne ensuite à savoir que les crédits à moyen terme sont évalués à près de 203,841 milliards FCFA.

C’est environ le triple des emprunts effectués au titre des crédits à long terme. Ils se situent selon le Bulletin de la Beac à environ 67,967 milliards FCFA. On apprend enfin que seuls les établissements financiers basés au Cameroun ont également misé sur les grandes entreprises pour l’essentiel dans le giron du Gicam. Ils ont disponibilisé à cet effet des crédits à court terme d’un volume non négligeable de 181 millions FCFA et des crédits à long terme de l’ordre de 6,66 milliards FCFA.

Autres acteurs économiques
L’analyse de la Banque centrale suivant les bénéficiaires des crédits bancaires donne d’autres précisions. On apprend ainsi que les PME ont capté 15,53% des crédits octroyés dans la sous-région entre juillet et décembre 2021. Tandis que «les particuliers ont représenté 16,37%; les autres personnes morales, 3,49%; et enfin les administrations publiques et Collectivités territoriales décentralisées (2,52%) qui reçoivent des affectations plus modérées», souligne l’institution bancaire sous-régionale.
On est donc encore loin du compte pour pouvoir résoudre définitivement le problème de la surliquidité bancaire en Afrique centrale. L’étude proposée par la Beac permet toutefois d’envisager une solution viable. Elle consiste pour l’essentiel à donner sa chance à la microfinance.

TAA

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