Réseaux sociaux : de la passion au poison

Appuyé par un spécialiste de la santé mentale, le Minpostel met en garde contre les effets pervers des plateformes virtuelles

 

Des faits d’abord. «WhatsApp est par exemple une application qui permet souvent d’être en contact avec sa famille, en particulier lorsque certains membres sont à l’autre bout du monde. Une rupture de quelques heures suffit parfois à provoquer un certain désarroi. Ne pas communiquer avec ceux qui nous sont chers crée des angoisses. Notre mode de vie est aujourd’hui lié à des outils qui nous procurent un certain confort. Lorsqu’on ne peut plus les utiliser, nous nous retrouvons en difficulté».

Des chiffres ensuite. «Près de trois adolescents de 17 ans sur cinq y passent au moins quatre heures quotidiennes. Comme le nom l’indique, ces plateformes sont sociales. Quand nous sommes privés de liens sociaux, cela nous met en difficulté et nous plonge dans un sentiment d’abandon. Depuis 2019 les chiffres ont littéralement explosé avec plus de 126% de passages aux urgences pour des idées suicidaires chez les 17-25 ans et une augmentation de 30% des tentatives de suicide», selon le Dr Christian Eyoum.

Intervenant lors de la première édition du Forum sur la «face cachée des réseaux sociaux», organisée le 30 novembre 2022 au campus de l’École Nationale Supérieure des Postes, des Télécommunications et des Technologies de l’Information et de la Communication (SUP’PTIC) de Yaoundé, le psychiatre en service à l’Hôpital Laquintinie de Douala déclare que «depuis au moins 3 ans, les patients (jeunes pour la plupart) reçus restent jour et nuit scotchés sur le portable à discuter sur WhatsApp, Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, YouTube ou Tik Toc». De l’avis du praticien, «la configuration éminemment addictive de ces plateformes met pour un temps en suspens leur humeur fluctuante, leurs doutes, leur indétermination».

Une mise en garde enfin. «Créés pour un but noble, qui est celui de véhiculer et de partager l’information en temps plus ou moins réel, ces réseaux, qui jouent pourtant un rôle important dans la vie quotidienne, apportent également de nombreuses dérives dans notre société», déplore Mme Minette Libom Li Likeng, «Dans les réseaux sociaux, presque tout est virtuel (les amis, les interactions, l’argent, …) Une seule chose est sûre, les dangers sont bien réels: addiction, exposition de la vie privée; perte de la propriété des données échangées; usage du faux; vol d’identité; harcèlement; cyber intimidation et désinformation. Il est temps que nous prenions la mesure du mal qui ronge notre jeunesse», exhorte la ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel).

Jean René Meva’a Amougou

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