Le repositionnement de la coordination onusienne

Nepad Afrique centrale

Sept ans après la mise en œuvre du projet, les effets sur l’intégration régionale et le développement sont mitigés. Les agences du système onusien dans la région et les organismes spécialisés des organisations communautaires viennent d’acter la nouvelle planification à Yaoundé.

De manière unanime, les institutions partenaires au mécanisme sous régional de coordination (MSRC) du programme Union africaine/Nepad en Afrique centrale présentes à Yaoundé, la capitale politique du Cameroun, les 21 au 22 novembre 2017, pour examiner ce mécanisme, regrettent le manque d’impact de l’initiative sur l’intégration régionale et le développement. Il suffit de prendre l’avis des représentants du Nepad et de l’Union international des télécommunications pour s’en convaincre. De leur point de vue, le mécanisme demeure inefficient du fait du non alignement sur l’intégration physique. La nature des projets (essentiellement immatériels) ne stimule pas l’interconnexion de l’Afrique centrale.

Pire, les partenaires se marchent dessus dans la conduite de certains projets. Le MSRC, cadre pluriannuel réunissant les agences du Système des Nations unies (SNU), les communautés économiques régionales (CER) et leurs institutions spécialisées voire les Etats, proposent pourtant à la mise en synergie des ressources pour la contribution aux actions de la Cemac et de la CEEAC.

Bilan mitigé

Au nombre des goulots qui obèrent la matérialité des programmes, on évoque sans ambages le manque de ressources financières au niveau des agences du SNU et des CER ; la persistance du réflexe des approches individuelles entre agences et organismes du SNU ; les lourdeurs des mécanismes de décaissement des fonds des bailleurs de fonds ; le chevauchement des compétences de certains partenaires et l’instabilité socio-politique dans certains pays. Autant d’insuffisances qui ont porté les taux de réalisation physique à 52% pour le PCI 1 et 38% pour le PCI 2. Dans une sous-région disséminée par une triplette de crise (économique, sécuritaire et humanitaire), les exécutions physico-financières sont perfectibles.

Dans sa construction, la coordination du programme UA/Nepad connait une architecture adossée sur la structure africaine d’intégration c’est-à-dire un palier continental et des démembres régionaux. Au niveau continental, avec l’apport des institutions financières africaines voire internationales, le mécanisme est animé par la Commission de l’Union africaine (UA), la Commission Economique des nations unies pour l’Afrique (CEA), les autres agences du SNU et les institutions spécialisées de l’UA.

En 2017, on peut mettre à son actif le plan décennal de renforcement des capacités UA/Nepad, l’harmonisation des normes et standards dans la construction de la transafricaine (réseau routier de 56 683 km reliant toute l’Afrique et visant le développement du commerce et la réduction de la pauvreté en Afrique) et la création d’un mécanisme de règlement des différends dans le domaine du transport aérien.

Au niveau régional, les coordinations d’Afrique de l’ouest et d’Afrique australe et orientale détiennent le flambeau du niveau de réalisation avec respectivement plus de 60%. Il s’agit donc d’une opportunité de création d’un cercle vertueux transversal allant de l’économie au social en passant évidemment par le politique et le culturel. Pour Giovanie Biha, secrétaire général adjoint de la CEA, «il y a matière à capitaliser pour la rupture de la croissance atone». C’est donc, comme l’indique, Louis Paul Motaze, ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’aménagement du territoire, «un outil au service du développement socio-économique de la sous-région».

Optimisation

Dans un contexte global rigide où les partenaires sont contraints de faire mieux avec moins de ressources et plus de projets, «il faudra en finir avec la surestimation des capacités» prévient l’UIT. Revoir le cadre d’élaboration du PCI et améliorer le fonctionnement du mécanisme sont prescrit pour atteindre les impacts escomptés. La nouvelle méthodologie s’articulera ainsi autour de l’extension de la période d’exécution, de la limitation du nombre de projets intégrateurs et d’une meilleure convergence entre les priorités de la Sous-région et les domaines prioritaires des agences du SNU.

Les PCI I et II était excessivement ambitieux avec respectivement 94 activités en 3 ans et 110 activités (75 finalement retenues) en 4 ans. Le leadership de la CEEAC et de la Cemac, jusqu’ici timide, serait le bienvenu. Il permettra une meilleure définition des responsabilités et des bénéficiaires tout en renforçant le niveau d’appropriation. Le mécanisme s’élargira en outre aux partenaires hors SNU afin d’adresser notamment la question du financement. Enfin, il est urgent que le mécanisme intègre comme référentiel le cadre de partenariat entre UA/Onu sur le programme d’intégration et de développement de l’Afrique (Paida).

Déphasage

Une inconnue mais grande absente de cette nouvelle programmation est le processus de rationalisation des dispositifs des CER d’Afrique centrale. Dans le contenu des programmes et projets comme dans l’allocation des institutions adjudicataires de la coordination et de la mise en œuvre, il se dégage une déconnexion de cette réalité. Ce qui n’est pas précisément une omission de conception, mais des documents cadres de déploiement des CER. En effet, s’inspirant du Programme économique régional de la Cemac (phase II – 2017/2021) et du Programme stratégique à moyen terme de la Ceeac (2016-2021), des Agenda 2030 de l’Onu et 2063 de l’UA, les agences du SNU n’ont pas résisté au piège de la non imbrication des différents documents. A la vérité, les documents programmatiques des deux CER entretiennent la singularité des missions et des identités qui sont les leurs. D’où la pérennité du déphasage.

Le SNU en Afrique, lui, aménage son ancrage. Dans un contexte de réforme et de recentrement de l’ensemble du système onusien engagé depuis l’entrée du secrétaire général des Nations Unies, la cohérence et l’efficience recherchées ont pour cadre les plateformes collaboratives. Elles visent d’accroître l’importance des  Nations  Unies au  niveau  régional  afin  de  répondre aux  exigences du  Programme  de développement  durable à l’horizon 2030.

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