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Rentrée scolaire 2022/2023 : « un moment de vérité »

En famille, chez les grands-parents, en centre de loisirs ou en colonie, les élèves vont bientôt se débarrasser de leurs habits de vacanciers.

 

Au Cameroun, dans quelques jours, pression de l’année scolaire va remonter, avec à la clé, augmentation du stress et diminution du temps de sommeil. Au sein de la communauté éducative, l’heure est celle d’une oscillation permanente entre enthousiasme, abattement et espoir. En ces temps d’inflation généralisée, on se prépare à l’aide des plans sans mélange, sans prise de risques inouïs. Et déjà, avant cette séquence ouverte, quelques effusions se font entendre, au sujet des textes qui continuent de tétaniser et de décourager le corps enseignant.

De là, il semble bien que dans cette ambiance, les enseignants s’aliènent l’État qui, disent-ils, au lieu de s’appuyer sur sa relation directe avec eux, s’empêche de traiter des problèmes proprement dits. Dès le 5 septembre 2022, des syndicats ambitionnent de durcir le ton, en espérant obtenir des concessions sur le fond. Et dans ce jeu de miroirs, tout le monde réagit de même, le fossé se creuse, la situation empire.

Le gouvernement et les enseignants risquent encore de s’affronter dans une spirale négative propre à toute logique d’escalade. Et de là, l’on craint une année scolaire 2022/2023 trouée de ratés, à cause d’une confrontation caractérisée par la confusion de la forme et du fond, et qui n’obtient en retour qu’un enlisement des enjeux, un raidissement des acteurs et un pourrissement du processus, avec une similitude de posture agressive et un refus de bouger sur le fond.

Il faut dire que le chantier est énorme. De la rémunération des enseignants au nombre d’élèves par classe en passant par le recrutement des futurs instituteurs, l’état du trésor public n’est pas vraiment glorieux, à en croire ceux qui y ont accès. Sans parler des insultes voire des menaces de mort proférées par les élèves et leurs parents au sein même des établissements. Au-delà des revendications syndicales, le principal défi du gouvernement sera donc de redonner du crédit aux professeurs.

De leur apporter un soutien indéfectible. Et, par-dessus tout, de ramener du respect dans les écoles pour encourager le goût d’étudier. Ce n’est pas gagné. Pour ces raisons, la rentrée scolaire impose l’acceptation active du réel et de l’actuel. Les pouvoirs publics doivent donc s’émanciper des tentations de retour vers le passé, en exprimant un humanisme pétri d’une sympathie vivace pour les enseignants, tant il est vrai que nonchalance livrée au hasard ne propulse pas à la sérénité. Car l’incertitude de ce bras de fer militaire installe peu à peu une fatigue mentale dans l’opinion.

L’année scolaire 2022/2023 constitue donc « un moment de vérité » pour le gouvernement face aux enseignants réfractaires aux demi-mesures, intransigeants aux mesures jugées répétitive et infertile par les seigneurs de la craie. C’est ici que doit intervenir une communication fondée en priorité sur l’écoute active offrant un terrain d’expression aux émotions négatives et aux animosités réciproques affectant la relation corps enseignant-État, avant toute discussion du fond ou toute recherche de solution. Cette communication-là préparerait le terrain de l’examen des problèmes au fond, allant du règlement des aspects de court terme à la conception des résolutions de long terme.

Jean-René Meva’a Amougou

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