L’épée de Damoclès plane sur la rentrée scolaire à Yaoundé 4e. Les propriétaires du terrain sur lesquels est reconnue l’école, exigent le paiement de leurs indemnisations.
Ça chauffe entre la famille donatrice du terrain sur laquelle se trouve l’école primaire de Meyo et le gouvernement camerounais. L’objet de la querelle est le non-règlement de l’ardoise de 14 millions FCFA comme indemnisation. Le gouvernement, par la voix du sous-préfet demande à cette dernière d’attendre le budget 2023. « L’État finit toujours par payer ses factures, et l’argent est bon à tout moment. Vous devez être patients, les enfants qui vont à l’école sont aussi les vôtres », déclare Akondi Elvis Mbahangwé, le chef de terre de Yaoundé 4e. Une réponse que la famille n’apprécie pas. Elle y voit une filouterie de la part du gouvernement. «Si nous laissons l’école commencer, nous aurons perdu. Parce que nous connaissons l’administration de notre pays. Nous devons aussi inscrire nos enfants à l’école et nous compter beaucoup sur cet argent », confirme Emile Yene un des ayants-droits.
Débat houleux
Vu l’intransigeance de la famille et sa volonté de paralyser la rentrée scolaire, le sous-préfet fait appel au renfort. Le préfet du département du Mfoundi et le délégué régional de l’Habitat et du Développement urbain pour le Centre vont s’entretenir pendant des heures au téléphone. Cet échange vise à rassurer les propriétaires terrains. Les chefs de groupement Mvog belinga et le chef de Village de Meyo sont aussi mis à contribution pour convaincre la famille. Le but est qu’elle ne perturbe plus les inscriptions et la rentrée de lundi. Ceci sous le regard attentif des populations inquiètes de ne pas voir leurs enfants aller dans la nouvelle école lundi.
La famille se sentait abusée alors qu’elle a gracieusement offert le terrain à l’Etat du Cameroun. Selon Delphine Tsogo, membre de la famille et enseignante, « l’Etat a cherché un site pendant des années sans succès. Nous avons sans qu’on ne nous demande donné 2500 m². Le peu que nous demandons on ne nous le donne pas. Qui acceptera encore de faire ce sacrifice ici au village », lâche la dame. Pour répondre au sous-préfet, Pierre Ahanda, lui aussi membre de la famille, évoque le patriotisme dont fait montre la famille.
Résolutions
Pour calmer les ardeurs et éviter les troubles, la ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtès, est attendue le mercredi 7 septembre prochain à Meyo pour essayer de résoudre le problème définitivement. Bien avant, le préfet va s’entretenir avec la famille dès ce lundi 5 septembre 2022. Un chronogramme accepté par la famille. « Nous souhaitons que vous soyez de bonne foi », évoque Ambroise Hamman Adama, un autre membre de la famille.
Enseignants et riverains
Même les enseignants sont anxieux. L’enthousiasme n’est plus de mise chez les maîtresses et les maîtres. Pour Solange, enseignante, « nous avons passé trois années difficiles avec des écoles de fortune. Nous sommes fiers d’entrer dans une école flambant neuve. Et nous souhaitons que tout le monde soit contenu ». Elle souhaite une fin heureuse entre le gouvernement et le donateur. C’est aussi le même sentiment partagé par Philomène venue inscrire ses trois enfants.
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André Gromyko Balla