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Rachat de Africa 24 : Dans les coulisses de l’opération

Dans sa livraison de fin mai 2019, la Lettre du Continent, journal français, a entrepris de promener ses lecteurs dans l’arrière-scène du  deal de sauvetage de la chaîne de télévision par le Cameroun.

«Le Groupe Africa 24 se réjouit de la décision de justice du 30 avril 2019, qui, au terme d’une procédure de redressement judiciaire initiée volontairement le 30 janvier 2018, attribue par un plan de cession, le diffuseur technique de la chaîne, à son partenaire historique (l’État du Cameroun, NDLR). Cette décision de justice permettra à l’ensemble des entités du Groupe Africa 24 de se restructurer en mobilisant des investisseurs pour un déploiement optimal sur l’ensemble du continent africain». Pendant que cette bonne nouvelle publiée par le Groupe Africa 24 réjouit plus d’un téléspectateur africain, la Lettre du Continent (LDC) sort un amas de cordes qui semblent de terribles nœuds.

Dans les colonnes de son édition 801 du 29 mai 2019, le  bimensuel confidentiel français affirme que « faute de mieux », le tribunal de commerce de Nanterre (France) a accepté la proposition de Yaoundé. Selon des informations révélées par LDC, l’offre de reprise (1 million € soit 655 millions FCFA) présentée à la dernière minute était bien inférieure à une autre (1.5 million €, soit 982 millions  500 FCFA) que le pays a brandie devant la juridiction située en banlieue parisienne le 30 avril 2019. « La faiblesse de cette offre tout comme le modèle économique proposé par Yaoundé ne sont pas de nature à permettre la poursuite de l’activité à moyen terme », écrit LDC. A en croire le journal, l’administrateur judiciaire et les juges ont décrit ledit modèle comme « trop calqué sur la gestion du Camerounais Constant Nemale (un transfuge de Télé Sud, NDLR), fondateur de la chaîne ».

Lors des tractations, Serge Yanic Nana  (par ailleurs conseil financier du gouvernement camerounais dans la mise en œuvre du projet minier de fer de Mbalam) et Jean Lucien Ewangwe (un proche de Paul Biya) ont défendu les intérêts du Cameroun. Au nom de leur pays d’origine, souligne LDC, ils ont refusé de reprendre le passif et le bail commercial d’Africa 24. Joint au téléphone par nos soins, Serge Yanic Nana s’abstient de tout commentaire. Tout au plus, le membre de l’Académie des actuaires américains dit que « c’est comme ça les affaires ».

Tumulte

Quelques semaines avant la décision du Cameroun de reprendre Africa 24, le groupe Afrimedia (diffuseur de la chaîne de télévision) a traversé une situation critique. Selon des informations puisées à bonnes sources, le média qui revendique le statut de « première chaine d’info africaine » avait, il y a un peu plus de deux ans, accumulé environ  de 12,5 millions € (environ 8 milliards FCFA) de créances auprès d’institutions importantes. A ce jour, celles-ci, apprend-on, n’ont toujours pas réglé leurs ardoises.

Basé à Saint-Cloud (France), Africa 24 bénéficiait dès le départ, du soutien financier de la Guinée Equatoriale et du Cameroun, respectivement détenteurs de 16 % et 10 % de son capital. Au cours d’une interview accordée à quelques journalistes en marge du colloque international sur l’interaction entre société civile et médias pour les droits de l’homme en avril 2017 à Malabo, Téodoro Obiang Nguema Mbasogo avait déclaré ne plus se reconnaître dans le contenu éditorial de la chaîne. « Elle s’est alignée sur des idéaux Occidentaux », constatait le président équato-guinéen pour expliquer le retrait de son pays dans l’affaire.

Jean-René Meva’a Amougou

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