Au cours de la deuxième session pour l’année 2022 du Comité de politique monétaire (CPM), la Banque centrale a examiné l’évolution récente de la conjoncture économique, ainsi que les perspectives macroéconomiques mises à jour tant au niveau international que sous-régional. Au sortir de cette session tenue le 14 juillet 2022 à Douala, les experts ont pris des décisions cruciales, en l’occurrence le maintien en l’état des principaux instruments de la politique monétaire en zone Cemac. L’annonce a été faite au cours d’une conférence de presse donnée le même jour par le gouverneur de la Beac, par ailleurs président du CPM.
Abbas Mahamat Tolli a axé les échanges sur deux points principaux. À savoir le rappel du contexte économique actuel de la Cemac et les décisions de politique monétaire prises au cours de la session. Il en ressort s’agissant du contexte économique, que les prévisions au niveau international tendent vers une accélération des tensions inflationnistes et une détérioration des perspectives économiques mondiales en lien avec la guerre en Ukraine. D’où les craintes actuelles d’une probable récession dans plusieurs pays dans le monde. Les prévisions de la Banque mondiale sont claires sur le sujet. L’institution de Bretton Woods prévoit un net ralentissement de l’économie mondiale, avec une croissance abaissée à 2,9% en 2022, après le rebond de 5,7% en 2021. Et contrairement aux 3,6% initialement prévus.
Diane Kenfack
C’est la quintessence des statistiques présentées le 14 juillet dernier à Douala par le président du Comité de politique monétaire de la Beac, Abbas Mahamat Tolli.
face à la conjoncture internationale et sous-régionale
«Le Comité de politique monétaire (CPM) a examiné l’évolution récente de la conjoncture économique, ainsi que les perspectives macroéconomiques mises à jour tant au niveau international que sous-régional». À en croire le communiqué de presse publié ce 14 juillet 2022, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) «note une accélération des tensions inflationnistes et la détérioration progressives des perspectives économiques mondiales, en lien avec la guerre en Ukraine, qui nourrissent actuellement de fortes craintes de récession dans plusieurs pays».
Le contexte économique et financier particulier de la Cemac est en effet aujourd’hui marqué par les effets de la crise russo-ukrainienne et ses répercussions sur l’économie mondiale. De quoi justifier la conférence de presse donnée le 14 juillet dernier par le gouverneur de la Banque centrale, Abbas Mahamat Tolli. Elle est la première qu’organise la Beac après les deux années de crise Covid-19 dont les effets continuent d’impacter les économies de la sous-région.
Croissance
Parlant du contexte sous-régional et de ses effets sur les économies, les prévisions du CPM annoncent un taux de croissance du PIB réel situé à 3,5% en 2022 et à 3,3% en 2023 contre 1,5% en 2021. L’organe sous-régional prend ainsi acte de la révision à la hausse des prévisions de croissance en 2022. Au vu principalement de l’évolution favorable des termes de l’échange de la Cemac et du dynamisme de tous les secteurs d’activités de l’économie communautaire. La prudence reste cependant de mise pour le gouverneur de la Beac. «Cela dépendra véritablement des conditions. Est-ce qu’il va toujours y avoir une évolution favorable?», se demande par exemple Abbas Mahamat Tolli.
Inflation et différents soldes
À en croire son président, le Comité de politique monétaire tient compte dans ses prévisions des perspectives dégagées par la Banque mondiale. Laquelle «prévoit en effet un net ralentissement de l’économie mondiale, avec une croissance abaissée à 2,9% en 2022 après le rebond de 5,7% en 2021. Contrairement aux 3,6% qui avaient été initialement prévus». Ce qui implique alors à l’échelle communautaire, «une accélération des pressions inflationnistes en moyenne annuelle à 3,8% en 2022 et à 3,6% en 2023 contre 1,6% dans les dernières années», précise l’organe sous-régional.
L’excèdent du solde budgétaire base engagements, hors dons devrait également se dégrader. Selon les précisions du gouverneur de la Beac, «il va se situer à 1,2% du PIB en 2022, avant de revenir à un déficit de -0,1% du PIB en 2023, contre -2,2% du PIB en 2021». Le solde du compte courant de la Cemac, transferts inclus, «est également excédentaire à 4,6% du PIB en 2022 et de 2,2% en 2023. Il était à -1,4% en 2021». La Banque centrale mise par ailleurs sur «une forte expansion des avoirs extérieurs nets de 76% en 2022 après une chute de 32,4% en 2021, pour un taux de couverture extérieure de la monnaie qui remonterait à 74,4% en 2022». Dans le même temps, les réserves de change vont connaître une augmentation à 3,6 mois d’importation des biens et services à fin décembre 2022, contre 3,5 mois en 2021. «Les coûts du pétrole entraînent également un renchérissement du fret maritime qui s’est ajouté au prix des biens importés», souligne enfin le président du CPM.
Diane Kenfack