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Présidentielle 2025 : La société civile en contrebande organisée

Dans son ambition de créer un renouveau politique d’ici trois ans, «Tournons La Page Cameroun» occupe déjà le terrain.

 

 

«Qu’est devenu le Cameroun avec M. Biya à sa tête depuis 40 ans?» Telle que posée ce 3 novembre 2022 par un quotidien paraissant à Douala, «la question mérite d’être redoublée par une autre capable de nous projeter en 2025», recadre Jean-Marc Bikoko. Dès l’entame de la conférence-débat organisée à l’occasion du 40e anniversaire de l’accession du président Paul Biya au pouvoir, le coordonnateur national du mouvement «Tournons La Page» invite les Camerounais à un triple challenge: «D’abord, le contexte actuel enjoint les citoyens à repenser leur vision et leur pratique de la politique. Ensuite, de réinventer dès maintenant une politique intégrée, encastrée dans leurs besoins plutôt que prisonnière d’aventures individuelles. Enfin, participer effectivement et démocratiquement à la présidentielle de 2025».

 

Vision
Sur le coup, Dr Aristide Mono fait une hypothèse sur le rapport de force. Selon le politologue commis pour exposer sur «la situation politique du Cameroun de 1982 à nos jours», «le pays fonctionne sur la base des équilibres qui sont en permanente redéfinition soit par le renouvellement direct, soit par à-coups avec pour seules finalités: rester au pouvoir, conserver et contrôler les ressources publiques». Malgré tout, soutient Dr Aristide Mono, cela ne devrait pas être un obstacle à la production de nouvelles idées. «Pour 2025, les partis politiques et la société civile doivent, dès aujourd’hui, s’imposer comme des acteurs centraux opposés à une doxa qui, relayée par une certaine presse, tend à faire d’un homme le tout ou rien du Cameroun», énonce-t-il.

Suggérée par Cyrille Rolande Bechon afin de rendre compte des interactions entre les 40 années de présidence de Paul Biya et la présidentielle de 2025, la notion de «combat» met l’accent sur le comment choisir les bons outils de la transformation idéologique au Cameroun. Au cours d’un exposé portant sur «la situation des libertés et des droits de l’Homme au Cameroun de 1982 à 2022», la spécialiste de justice transitionnelle et transformation des conflits pense que «la soif de changement ne devrait pas renvoyer les Camerounais à un sentiment diffus de l’accélération du temps». «Le changement qu’ils veulent en 2025 ne se décrète pas, mais se prépare et les frictions actuelles au sein du système Biya montrent que le pays est en mouvement», cadre-t-elle.

 

Agenda
Rebondissant sur cet aspect, Jean-Marc Bikoko estime que «ce qui a amplement disparu du panorama politique durant les 40 ans de Paul Biya au pouvoir, c’est l’idée d’une critique de l’idéologie prenant la forme d’une élaboration de savoirs à visée libératrice, capable d’offrir des leviers aux Camerounais dans leurs efforts pour se défaire d’entraves contribuant au maintien de rapports sociaux de domination». Dans ce sens, poursuit l’activiste, «il faut former les gens à la politique». Jean-Marc Bikoko informe que, s’agissant de «Tournons La Page Cameroun», l’agenda 2023 est déjà arrêté. «Nous allons parcourir les dix régions du Cameroun où nous allons tenir des sessions ouvertes pour permettre aux Camerounais de faire la distinction une posture de fausseté et d’illusion, d’une part, et une posture de vérité et de connaissance, d’autre part, afin de susciter un regard plus clairvoyant avant la prochaine élection présidentielle».

 

Jean-René Meva’a Amougou

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