Le président Sassou Nguesso, président dédié au Programme des réformes économiques et financières de la Cemac, a fait à ses pairs le point complet de l’évolution de la mise en œuvre de ce programme visant la transformation structurelle de nos économies. C’était au cours du dernier Sommet ordinaire à Yaoundé, de la Conférence des chefs d’État. En intégralité le discours du président congolais.
Messieurs les Chefs d’Etat, Chers Frères ;
Le 30 juillet 2016 à Malabo, vous m’aviez honoré de votre crédit en me confiant la Présidence Dédiée du Programme des réformes économiques et financières de notre sous-région, PREF-CEMAC en sigle.
Il me plaît d’emblée de rappeler que la mise en œuvre du PREF-CEMAC répondait à l’impérieuse nécessité de santé à la dégradation de la situation de nos économies qui prévalait en 2015, suite au triple choc économique, sécuritaire et humanitaire.
Ce programme devrait ainsi permettre la stabilisation et la transformation structurelle des économies de la sous-région, pour renforcer leur résilience et les placer sur le chemin de l’émergence.
En effet, les vingt-une mesures résultant de notre sommet extraordinaire organisé ici à Yaoundé, le 23 décembre 2016, sont définies en cinq piliers, à savoir :
- les politiques budgétaires ;
- la politique monétaire et le système financier ;
- les réformes structurelles ;
- l’intégration régionale ;
- la coopération
Fort heureusement, la mise en œuvre des réformes et actions prioritaires de ce programme, aussi bien par les États membres que par les institutions sous régionales, a permis de renverser la tendance à la dégradation des indicateurs macroéconomiques constatée en 2020.
Cependant, le contexte macroéconomique de notre sous-région demeure marqué par les conséquences économiques et financières de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine.
C’est l’occasion de rappeler l’impérieuse nécessité de persévérer, avec entrain, la mise en œuvre de notre programme.
En ma qualité de Président Dédié du Programme des réformes économiques et financières de notre sous-région, il est de mon devoir de vous rendre compte des principaux résultats obtenus ainsi que des réformes et actions prioritaires fortes en cours.
A ce sujet, Je voudrais d’abord souligner le retournement favorable de la conjoncture économique, financière et monétaire de la sous-région après la récession de 2020.
Celui-ci s’est traduit par une évolution dynamique du taux de croissance du Produit intérieur brut réel, se révélant à 2,9% en 2022 alors qu’il se situait à 1,5% en 2021, -1,7% en 2020 et -1,4% en 2016.
De même, les perspectives pour les années 2023 et 2024 s’annoncent meilleures.
Cette dynamique positive a entraîné essentiellement des politiques de soutien à l’activité économique adaptées par les États et les institutions communautaires.
Dans l’ensemble, tous les six pays de la communauté ont procédé à la modernisation de leurs administrations fiscales et douanières ainsi que la réduction des exonérations fiscales.
Toutefois, des réformes supplémentaires supplémentaires doivent être effectuées, notamment en matière d’optimisation de la gestion de la trésorerie, avec la mise en place du Compte unique du trésor et une meilleure application des directives des finances publiques par tous nos États.
Concernant notre engagement au renforcement de la stabilité monétaire, en l’occurrence à travers la poursuite d’une politique monétaire prudente et efficace et l’application judicieuse de la réglementation des changements à tous les secteurs d’activités, nous avons noté que l’ action de la Banque centrale en faveur de la reconstitution des réserves de change a été complétée par les efforts d’ajustement budgétaire au niveau des États membres, ce qui a permis de réduire les déficits courants dans tous les six pays membres de notre sous-région .
C’est un résultat positif de notre programme de réformes.
Pour ce qui est des marchés financiers, le parachèvement de la restructuration et l’opérationnalisation optimale des structures du marché financier unifié sont en cours.
Il revient donc aux États de promouvoir le développement et la dynamisation du marché afin de lui permettre d’assurer le financement des économies de la sous-région.
S’agissant toujours du secteur financier, l’on peut se féliciter de l’adoption par la BDEAC, notre Banque de développement commune, de son Plan stratégique 2023 – 2027 et de l’opérationnalisation de son programme de réformes.
Grâce à l’appui constant des organes du PREF-CEMAC et de ses propres organes statutaires, la BDEAC est en voie de s’arrimer aux meilleures normes internationales.
Nous pouvons espérer qu’elle se révélera à assurer, de manière conséquente et efficace, le financement de nos projets de développement, notamment les projets intégrateurs.
C’est pourquoi, nous l’encourageons à poursuivre et à accélérer la mise en œuvre de son plan stratégique afin de pouvoir jouer son rôle de principale institution de financement du développement dans la sous-région.
En matière de réformes structurelles, nous avons recommandé à chaque État d’élaborer et/ou de mettre en œuvre la stratégie nationale de diversification et de développement du secteur privé.
En effet, une stratégie communautaire d’importation-substitution des produits du cru a été adoptée par le Comité de pilotage du
PREF-CEMAC, conformément à nos orientations données lors de notre sommet extraordinaire du 18 août 2021.
Cette stratégie communautaire d’importation-substitution, dont Nous recommandons la mise en œuvre rapide et concertée de son Plan d’opérationnalisation, devrait nous permettre :
- de changer de vision dans le commerce intracommunautaire afin de créer de véritables conditions d’un renforcement de la diversification de nos économies ;
- de promouvoir une politique réelle d’importation-substitution afin de garantir l’autosuffisance alimentaire ;
- de réduire la sortie importante de dispositifs pour l’importation des produits pourtant disponibles dans la sous-région et de prévenir l’impact des futurs sur la sécurité alimentaire de nos chocs pays.
Nous avons demandé à la Commission d’accélérer l’opérationnalisation de l’Observatoire sous régional d’amélioration du climat des affaires, de finaliser et de soumettre aux États membres, dans les meilleurs délais, le schéma directeur communautaire d’industrialisation ainsi qu’ une directive communautaire sur les partenariats publics privés.
Nous pensons qu’il importe également d’engager la construction des trois postes frontières déjà identifiés, de finaliser le processus d’identification des points de construction des autres postes frontières avant la fin du premier semestre 2023 et d’accélérer le processus d’entrée en vigueur des protocoles portant sur la suppression des frais d’itinérance en zone CEMAC.
En matière de développement du capital humain, pour renforcer la protection sociale, élargir la couverture santé universelle et développer l’éducation de base pour tous, le PREF-CEMAC et la Banque mondiale ont, de commun accord, intégré en août 2021, pour la première fois, le capital humain comme nouvel axe de réformes communautaires dans la matrice de réformes et actions prioritaires du PREF-CEMAC pour la période 2021 – 2025.
En effet, les populations des pays de la CEMAC ont bénéficié d’un soutien et d’opportunités pour atteindre leur plein potentiel.
Donner la priorité aux investissements dans le capital humain peut favoriser un cycle vertueux qui profite à la fois aux individus et à l’économie dans son ensemble.
Il revient donc à la Banque mondiale et à la CEMAC de s’engager à faire de cette ambition, une réalité.
Dans la continuité des réformes structurelles, l’intégration physique et commerciale de la sous-région revêt une importance, notamment pour renforcer la résilience de nos économies.
Le programme des réformes communautaires a ainsi revisité le Programme économique régional 2021 – 2025.
A ce propos et dans le cadre de la mise en œuvre de la deuxième phase opérationnelle du Programme économique de réformes, il convient de relever que, grâce au suivi constant des projets intégrateurs prioritaires de la CEMAC, avec l’appui déterminant de la BAD, de la BEAC, de la Banque mondiale et particulièrement de la BDEAC, 73% des 11 projets présentés lors de la Table Ronde de Paris en novembre 2020 ont effectivement démarré.
Sur ces onze projets prioritaires, huit sont déjà en phase d’exécution, deux ans seulement après la tenue de ladite Table Ronde.
Messieurs les Chefs d’Etat, Chers Frères ;
Au-delà des avancées évoquées, subsistant encore d’importantes questions qui appellent une action persévérante de notre part.
Ainsi, en matière de renforcement de la politique fiscale, notamment de mobilisation des recettes publiques nons et de modernisation des administrations fiscales et douanières, les efforts déployés ont échoué et ne permettent pas aux États de soutenir la croissance économique par des dépenses, même les mieux guidés.
Les difficultés persistantes également au niveau du rapatriement des recettes d’exportation et de l’application de la nouvelle réglementation sous régionale de change.
En effet, les entreprises multinationales installées dans nos pays ne rapatrient toujours pas les recettes issues de
l’exploitation des produits du sol et du sous-sol de notre sous-région.
A cet égard, nous encourageons la Banque centrale à poursuivre et à renforcer l’application effective de la réglementation de change à tous les secteurs d’activité en vue de favoriser la consolidation de la position extérieure de nos réserves de change.
Enfin, la diversification économique tarde encore à prendre place dans les différents pays de la CEMAC.
Il en est de même de l’amélioration du climat des affaires et de l’intégration physique et commerciale qui reste en dessous de nos ambitions légitimes.
Nous ne devons pas conclure cette présentation sans faire mention d’une autre grande réforme en perspective, celle de la monnaie commune, le franc CFA.
En ma qualité de Président Dédié aux réformes économiques et financières, Je ne peux que vous convier à la réflexion sur cette réforme d’envergure. Le présent sommet peut être l’occasion appropriée pour évoquer les principaux contours.
Messieurs les Chefs d’Etat, Chers Frères ;
Au terme de ce compte rendu, je voudrais souligner l’implication de tous les pays membres, des institutions communautaires et des partenaires techniques et financiers du fonctionnement du PREF-CEMAC qui témoigne de l’importance accordée, par tous, à la réussite de la cause communautaire en vue d’améliorer davantage le bien-être de nos populations.
Je voudrais aussi féliciter le Comité de pilotage du PREF-CEMAC pour la qualité du travail accompli depuis 2017 et les résultats déjà engrangés.
L’engagement et la détermination de chaque
Etat sont les gages du succès du PREF-CEMAC.
Je vous remercie.