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Post 2020 : l’UE propose un partenariat régional à l’Afrique

Avec l’expiration de l’Accord de Cotonou en juin 2020, les relations entre l’Union européenne, les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) se cherchent d’ores et déjà un nouveau bail avec des rounds de négociations dès septembre 2018.

Post 2020 : l’UE propose un partenariat régional à l’Afrique

Quelle relation entre l’Afrique et l’Union européenne après l’Accord de Cotonou? Même si la question n’était pas officiellement à l’ordre du jour du cinquième sommet Union africaine (UA) – Union européenne (UE), elle est déjà dans tous les esprits. L’Accord de Cotonou conclu en 2000 régit actuellement les relations entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Mais il arrive à expiration en 2020. En Afrique, aucune orientation officielle relative à cette question pour l’instant.

Le groupe ACP, à travers sa nouvelle vision rendue publique en mars 2016, appelle à «réagir de façon anticipative aux évolutions du contexte mondial en vue de s’y adapter, de maintenir sa pertinence et de répondre aux besoins de ses Etats membres et des parties prenantes». Auparavant, précisément dans la déclaration de Sipopo adoptée au terme du 7e sommet des chefs d’État et de gouvernement ACP tenu à Malabo, en Guinée équatoriale, en décembre 2012, le groupe a affirmé qu’il y a encore une place et des perspectives pour un véritable partenariat ACP-UE post 2020, capable d’apporter une contribution et une réponse concrète et efficace aux objectifs de l’agenda 2030.

Côté européen, «une refonte en profondeur des structures actuelles du partenariat ACP-UE s’impose pour assurer la   primauté   des   dynamiques   régionales». A en croire l’UE, la coopération deviendrait plus régionale du fait «de la différenciation des tendances économiques, politiques et sociales entre les pays à revenus intermédiaires en plein essor et les États fragiles et les moins développés». «Il n’y a plus de Sud homogène partageant les mêmes intérêts communs, et les alliances au niveau mondial ne sont plus basées sur les mêmes considérations qu’en période de Guerre Froide» affirme la   direction   générale   de   la   coopération   internationale   et   du développement de la Commission européenne (DG DEVCO) et le Service européen pour l’action extérieure (SEAE).

Mais, en guise de compromis, l’UE propose le scénario de l’accord-cadre. Dans cette nouvelle configuration, les relations UE-ACP prendraient la forme d’un seul et unique accord juridiquement contraignant avec les pays partenaires concernés, autour de quelques grands axes: un cadre qui s’appliquerait à l’UE et à tous les pays ACP, trois partenariats régionaux distincts (Afrique-UE, Caraïbes-UE, Pacifique-UE), une extension au-delà des pays ACP, une architecture institutionnelle flexible et à plusieurs niveaux et de nouveaux moyens de mise en œuvre.

Avec cette approche, estime-t-on à DG DEVCO, la préservation du cadre global ACP-UE «évite le coût d’abandon de l’actuel partenariat avec le groupe ACP et sauvegarde les acquis de l’Accord de partenariat de Cotonou». Par ailleurs, il est davantage question de l’approfondissement de la régionalisation, qui consiste à «aligner l’action extérieure de l’UE sur les dynamiques de terrain en Afrique et ainsi améliorer sa cohérence et son efficacité globales». Mais dans les milieux diplomatiques sur le continent, certains estiment que le scénario de l’Accord-cadre «n’opère pas de choix politique clair et cohérent». Il serait plutôt une réforme ambiguë qui d’un côté, tente effectivement de moderniser l’action extérieure de l’UE avec l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique, d’approfondir les relations politiques régionales et de poursuivre l’intérêt mutuel, mais qui dans le même temps appuie sur la pédale de frein en se repliant sur un cadre ACP-UE postcolonial.

Certains changements de politique au sein de l’UE pointent la nécessité pour le Groupe ACP de reconnaître qu’il convient de modifier les accords de coopération unissant les deux parties. Selon de nombreuses personnes interrogées, les stratégies séparées de l’UE pour l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique -bien qu’approuvées ultérieurement par les régions Afrique et Caraïbes- et les Accords de partenariat économique sont susceptibles de miner la solidarité du groupe ACP.

De plus, l’élargissement de l’UE, les changements institutionnels apportés par le Traité de Lisbonne, les impacts de la récession mondiale, la crise financière et la crise de la zone Euro conduisent à des politiques communautaires plus centrées sur elles-mêmes. Les grandes communications politiques récentes, telles que le «Programme pour le changement» et «Le commerce pour tous», qui visent apparemment à renforcer l’impact de l’aide européenne au développement, pourraient également avoir des répercussions directes sur un certain nombre d’États ACP, en particulier ceux classés dans les catégories des revenus moyens et supérieurs.

Depuis 2008, la Commission européenne a conclu des Accords de libre-échange (ALE) avec neuf pays non-ACP et est actuellement engagée dans des ALE et d’autres négociations commerciales avec vingt autres pays et deux blocs régionaux. En outre, elle mène des négociations commerciales avec des partenaires commerciaux de premier plan tels que le Canada, le Japon, le Mercosur (communauté économique qui regroupe l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay, le Venezuela) et les États-Unis. Les méga-accords commerciaux régionaux en cours de négociation avec les États-Unis et le Canada envisagent couvrir un plus large éventail de disciplines commerciales, assorties d’engagements plus ambitieux que jamais vu auparavant. Ces nouveaux méga-ACR établiront vraisemblablement un précédent pour les futures relations du Groupe ACP avec ces partenaires potentiels.

Zacharie Roger Mbarga

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