Penci Sport plugin only working with the Soledad theme.

Petits métiers à Yaoundé : les savetiers, entre difficultés et légitimation

La tranche varie entre 20 et 70 ans, ces jeunes et adultes qui font de ce travail leur gagne-pain quotidien.

Moïse Nguendkam au marché Mokolo

Au marché Mokolo (Yaoundé 2), les machines des savetiers tournent à plein régime. Au quotidien, ils réparent les chaussures, les poncent pour leur redonner un éclat.
Selon Moïse Nguendkam, cordonnier comme on les appelle trivialement, ce métier repose sur le tryptique «aimer ce que l’on fait, le temps, et la passion». Les femmes dont la sandale est coupée en plein emplettes vont trouver satisfaction chez ces réparateurs de souliers. Les hommes y vont pour les mêmes raisons ou pour cirer leurs chaussures.

Selon le septuagénaire, qui a trente ans de carrière, l’activité nourrit son homme. «J’ai commencé ce travail très jeune, aujourd’hui j’ai 72 ans, j’ai construit avec ce travail, je me suis marié, et j’ai envoyé mes enfants à l’école», confie-t-il, visiblement très content de ses réalisations. Le travail en soi-même est passionnant, ajoute l’homme. «Je préfère malgré mon âge venir me battre avec les jeunes aux dents de loups pour gagner ma vie, nous sommes tous là pour espérer répondre aux besoins existentiels, c’est de ça qu’il s’agit. Cela me permet de m’affranchir de l’attentisme de la famille source de moquerie, et de souffrances profondes», poursuit-il. En ce qui concerne les revenus journaliers, ils ne sont pas statiques. «Je peux avoir 3000 FCFA, 2000 FCFA, et parfois 1000 FCFA, bref ça dépend», laisse-t-il entendre.

Pour les plus jeunes, le métier semble avoir de meilleures retombées. C’est le cas pour Cyril N. «Je peux avoir 10 000 FCFA, le jour où c’est dur, je gagne 5000 FCFA. Ce n’est pas évident, nous sommes nombreux sur les lieux, il faut faire preuve de dynamisme, et surtout faire du bon travail», précise le trentenaire. Ceci, parce que lui et ses semblables ont «une autre stratégie pour avoir les clients, contrairement à lui [papa Moïse Ndlr], qui n’a plus toutes ses forces pour aller chercher des clients un peu plus loin».

Et dans ce sillage, ajoute Robert, «le mieux est de travailler plutôt que de commettre des larcins, la vie en elle-même n’est déjà pas facile, mais on doit vivre, les revenus ne sont certes pas stables et conséquents, mais on doit faire avec, le Cameroun est dur, et pour survivre, il faut se faire violence au quotidien».

Difficultés
Selon Cyril N, comme toute activité, il y a des difficultés. La première réside sur les délestages. «Lorsqu’on coupe l’énergie, les machines sont à l’arrêt, c’est la paralysie. «La coupure d’électricité peut durer toute une journée, ce qui occasionne des pertes financières énormes, nous mettant en conflit avec des clients quant au respect des délais», laisse entendre le cordonnier basé au marché Mokolo. En attendant le retour du courant, «nous sommes astreints à faire d’autres activités parallèles, pour au moins ramener quelque chose à la maison en fin de journée», regrette-il. Et l’autre difficulté, repose sur les formations.

Question: Pourquoi ce métier reste-t-il aussi archaïque? «Le secteur des savetiers est rentable, si les pouvoirs publics formaient les jeunes de ce secteur, je pense que l’on sortirait de l’informel, il y a beaucoup à faire dans le domaine noyé dans la précarité. Je reste optimiste que la situation va changer», analyse-t-il.

Olivier Mbessité

Related posts

Finlande : une fusillade dans une école à Vantaa fait trois blessés (police)

(Multimédia) La mère d’un autiste, un témoin des progrès de la cause de la réadaptation des autistes en Chine

Renouvellement de la voie ferrée : Africa Global Logistic à l’assaut du challenge