Pertes fiscales liées aux subventions du carburant : La Beac et le FMI alertent la Cemac

Les deux institutions préviennent que le montant cumulé de la moins-value atteindra 2725 milliards FCFA en 2025 en zone Cemac. Il sera de 1 302 milliards FCFA sur la même période au Cameroun.

Théodore Ayissi Ayissi

1302 milliards FCFA, soit plus de huit fois le coût total du complexe sportif d’Olembe. C’est le coût fiscal cumulé que l’État du Cameroun aura supporté entre 2022 et 2025 du fait du subventionnement du carburant à la pompe. À en croire le Fonds monétaire international (FMI), cette moins-value fiscale sera à l’échelle de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) de l’ordre de 2725 milliards FCFA. L’inquiétude est répercutée ce 12 janvier 2023 aux différents gouvernements par l’entremise de la Banque centrale. La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) rappelle toutefois dans sa note que «les États de la Cemac ont pris ces mesures pour juguler la situation, en vue notamment de réduire les effets de la crise inflationniste sur les ménages».

2022
«Selon le FMI, ces mesures ont coûté aux États de la Cemac près de 1 048 milliards FCFA, seulement pour le maintien des prix à la pompe, qui a été financé par les subventions aux produits pétroliers en 2022». Les détails fournis par la Beac renseignent alors que la note est relativement soutenable pour quatre pays de la zone. Les chiffres les concernant affichent respectivement 12 milliards FCFA, soit 0,8% du Produit intérieur brut (PIB) de la Centrafrique; 69 milliards FCFA correspondant à 0,7% du PIB de la Guinée Équatoriale; 86 milliards FCFA, soit 1,1% du PIB du Tchad et 150 milliards FCFA représentant 1,1% du PIB du Gabon.

La situation est par contre plus corsée pour le Congo. La moins-value fiscale s’élève à 251 milliards FCFA, soit 2,8% de son PIB. Elle est encore plus importante pour le Cameroun. Le FMI et la Beac évaluent le manque à gagner à 480 milliards FCFA. Cela correspond à 1,8% du PIB. Le fait aggravant ici est que ce montant ne prend même pas en compte les dépenses déjà réellement consenties par le gouvernement camerounais. «Au cours de l’année 2022, près de 700 milliards FCFA ont été dépensés par le Trésor public au titre des subventions pour les carburants et 75 milliards FCFA pour le gaz domestique», a rappelé dans son message à la nation le 31 décembre dernier, le président de la République, Paul Biya.

Réductions anticipées dès 2023
Les projections à l’horizon 2025 de l’institution de Bretton Woods auraient dû être plus importantes. Surtout si le niveau des subventions enregistré en 2022 était resté le même. Or, le FMI et la Beac anticipent des réductions progressives dès 2023. C’est d’ailleurs déjà une réalité dans certains pays de la Cemac, à l’instar de la RCA et du Congo. La révision à la baisse des subventions reste toutefois encore au stade des hypothèses au Cameroun. Elle est pourtant déjà actée par les deux institutions. Il devrait en résulter, selon elles, une réduction automatique des pertes fiscales. Lesquelles devraient alors passées de 480 milliards FCFA en 2022 à seulement 298 milliards FCFA en 2023. Ce qui représente 182 milliards FCFA de plus dans les caisses de l’État. Une somme que le gouvernement camerounais pourrait destiner au financement des projets de développement. L’autre implication de ce scénario pour le Cameroun est que dès cette année, les populations devraient également avoir à supporter des prix du carburant à la pompe plus importants.

La situation devrait connaître la même évolution dans toute la zone Cemac. Le FMI projette en effet une diminution de l’ordre de 369 milliards FCFA à la fin de l’année en cours. Les pertes fiscales annuelles passeraient ainsi de 1048 milliards FCFA en 2022 à 679 milliards FCFA en 2023. Puis, de 512 milliards FCFA en 2024, elles baisseraient à seulement 486 milliards FCFA en 2025.

Théodore Ayissi Ayissi

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