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Pépinières doctorales de la Cemac : au-delà des résultats, l’institutionnel et le protocolaire

Les lauréats et quelques membres du jury

Cameroun 4 Congo 1, voilà le verdict rendu par le jury à l’issue de la 2e édition des pépinières doctorales (PépiDocSEGes) de la zone Cemac. Événement organisé du 5 au 6 décembre dernier à l’Institut des Relations internationales du Cameroun (IRIC) sous l’égide du ministère camerounais de l’Enseignement supérieur et de l’ambassade de France au Cameroun. Les 5 ambassadeurs de la Cemac sont donc connus. La prochaine étape est la France. Ces derniers y sont attendus pour une durée de 6 mois. Ils y vont dans le cadre de la bourse de mobilité. Celles-ci leurs pourront également bénéficier d’un accompagnement de l’expertise des chercheurs français. Le but visé par les pépinières doctorales est de leur donner les meilleurs outils de travail, nécessaires pour le développement de leur pays et de la sous-région. Mieux, le Pr Kouayep, président du comité d’organisation attire l’attention des nouveaux boursiers. Il ne faut pas tomber dans le piège d’une recherche sans apport pour le développement. « L’objectif est aussi de faire sortir le chercheur de la sous-région de cette zone de désenclavement. Ce hub leur permet de pouvoir côtoyer les maîtres. Lesquels donnent l’opportunité aux jeunes de trouver les sujets dans leur environnement», précise-t-il.

Genre
Hasard de calendrier ou pas, la femme occupe le haut du podium. Ceci en pleine campagne de lutte contre les violences faites aux femmes. Elle s’appelle Signin Tchoupe Michèle Pierrette, elle est doctorante à l’Université de Douala. Et son thème porte sur «les mécanismes spécifiques de régulation des conflits d’agences dans les entreprises éponymes». C’est également une femme qui ferme la marche. Elle est Congolaise, doctorante à l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville. Son thème s’intitule, « L’essai sur la complexité économique dans les pays en développement ». Les trois hommes occupent les 2e, 3e et 4e places. Tous doctorants dans les universités camerounaises.

Symposium méthodologique
Lors de l’ouverture des premiers travaux de Yaoundé, les experts réunis en présentiel et en visioconférence tiennent un grand débat sur la finalité de la recherche. Question de trouver un cadre approprié pour le développement de l’Afrique. Pour ces derniers, la convergence des points de vue conduit au pragmatisme qui est le fait d’avoir à la fin un chercheur entrepreneur. C’est un modèle où le doctorant travaille dans une entreprise et traite un sujet ayant un lien avec cette entreprise. Ou alors avoir un docteur propriétaire, voir créateur d’entreprise pouvant recruter.

Recommandations
Le Pr Jean Michel Plane, enseignant de gestion à l’Université de Montpellier, prenant la parole en premier, intervient sur les critères de production scientifique de la recherche. Pour lui, la recherche n’est pas facile. Ce n’est pas plus une simple compilation de données. Elle doit apporter quelque chose dans notre environnement. Il prescrit rigueur, pertinence et impact. «Il faut être résilient. Il ne faut pas craindre la concurrence. Elle doit progresser», déroule le professeur.
Le Pr Igalens quant à lui fait une mise au point en insistant sur les produits de la recherche en gestion. Il tient à dire aux 37 doctorants, ainsi qu’à ses collègues que la gestion est une science de l’action, c’est-à-dire qu’on travaille avec des objectifs. Toujours selon lui, c’est une science réflexive. Elle favorise le questionnement de l’action. «Cela permet l’amélioration de l’efficacité des organisations. Il ne faut pas les sujets de recherche en Afrique chercher dans les ouvrages, dans les articles, dans les citations. On peut trouver les sujets de recherche en Afrique en gestion dans les pratiques africaines», exhorte le Pr Igalens.

Le Pr Christine Dugoin Clément, de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, bien que gestionnaire, invite les chercheurs africains à faire des recherches pas essentiellement à fort impact social ou sociétal. Mais avoir des travaux ayant des sujets, ayant un intérêt pour les professionnels. Elle enjoint «les jeunes chercheurs à se saisir des sujets émergents».
Le Pr Jean Claude Maboundou incite aussi les chercheurs à se poser les questions. Essayez d’abord en vous demandant pourquoi ce qui avait été fait avant n’a pas marché avant de mettre en place de nouveaux projets». Il a rencontré en exergue le triptyque gouvernement-université-étudiants.

Passage des candidats
L’amphithéâtre 500 et les salles NB1 et NB2 de l’Iric sont les laboratoires où la meilleure graine est sélectionnée. Et dans ces jurys à coloration cosmopolites, les 37 candidats présentent leurs travaux. Chacun aura 10 à 12 minutes pour présenter ses travaux. Dans les 9 jurys, l’on enregistre 17 doctorants présentant leurs travaux en ligne et 20 en présentiel. Tous les candidats de la 2e éditions répondront présents. «C’est une source de satisfaction. Nous sommes contents de voir que nos jeunes apprenants sont enthousiastes», se réjouit le Pr Kouayep.

S’agissant de la première journée, elle connaît le passage de 22 candidats. La deuxième quant à elle concerne 15 candidats. Bien que strict et rigoureux, les jurys accordent la chance aux retardataires. Bref, tous les moyens sont mis pour qu’aucun candidat ne reste à la marge. Comme illustration à la 2e journée dans le jury présidé par le Pr Vivianne Ondoua Biwole (Université de Yaoundé II), le candidat Charly Mengue présente son projet de thèse en ligne. Pourtant, il doit le faire en présentiel. Et malgré les difficultés liées à la connexion, la présidente lui permet de passer devant le jury.

Observations
Lors du déroulement des travaux l’on remarque la simplicité et l’aisance des membres du jury. Ceux-ci sont très étendus et exigeants des candidats de sortir du carcan du tout-académique. «Laissez-vous emporter, lisez moins vos diapositives, ils vous enferment alors que vous avez du potentiel», martèle le Pr Soufyane Frimousse de l’Université de Corse. Le Pr Jean-Michel Plane de l’Université de Montpellier, va plus loin en demandant aux jeunes chercheurs de sortir du rigorisme académique, « depuis l’Afrique, vous avez encore des siècles de retard en matière de développement ».

Nombres sont les doctorants qui croient que la présentation est l’un des éléments, avec l’objet de recherche entrant dans la sélection des candidats. Le cas d’Aristide Merlin Ngono. Ce dernier a candidaté à la 1e édition. Après avoir été recalé, il est revenu étant bien préparé. «Aujourd’hui, je suis vice-major», se réjouit-il. C’est le même constat fait par Pierre Junior Djieugoue Acheugui, de l’Université de Douala. «J’ai beaucoup appris et je suis prêt à revenir pour être sélectionné», se console le doctorant.

André Gromyko Balla et Joseph Ndzie Effa (stagiaire)

 

La partition du ministère camerounais de l’Enseignement supérieur et de l’ambassade France au Cameroun.

La cérémonie de proclamation des résultats se déroule en présence de Jean Paul Mbia, représentant du ministre de l’Enseignement supérieur. Il est tout à fait aisé de voir les Camerounais occuper les 4 premières places. De plus, il félicite les organisateurs de choisir l’Institut des Relations internationales du Cameroun pour cette sélection. Car «l’Iric est un observateur permanent auprès de l’Union africaine. Tout événement qui se passe ici a une répercussion au niveau de l’UA», se félicite-t-il. Pour Stéphanie Mailles Viard Metz, représentante de l’ambassadeur de France au Cameroun, c’est une satisfaction de voir les chercheurs français travailler pour l’éclosion du développement de la Cemac.

 

Ils ont dit

Mohamed Njoya Bachirou (Université de Dschang), 4e de la promotion. Moyenne de 12,64/20

Je tiens d’abord à remercier les organisateurs des PépiDocSEGes, ainsi que l’ambassade de France qui nous permettent de bénéficier de cette bourse de mobilité. C’est impossible d’exprimer mes sentiments parce que je suis ému. Bref, participer à cette compétition était déjà une victoire. Et bénéficier de cette bourse de mobilité va me permettre de développer mes travaux. Ils me permettront peut-être de transformer notre sous-région.


Aristide Merlin Ngono (Université de Dschang), 2e de la promotion. Moyenne 13,40/20

Je suis tellement fier d’être deuxième de la promotion et major en économie. Je dis merci aux organisateurs, au ministre de l’Enseignement supérieur qui a dépêché un représentant. Maintenant en ce qui concerne la pépinière doctorale, elle nous permet de sortir de nos frontières et d’aller chercher au-delà pour renforcer nos capacités dans le sens de la recherche.
Je tiens également à préciser que j’ai été lauréat KOYIMBA africain de l’Université de Poitiers où je suis en novembre. J’étais le seul africain et cette année, je répare pour la bourse pépinière doctorale. On voit les efforts de la coopération Cameroun-France pour améliorer le champ scientifique et avoir demain les meilleurs. Puisqu’on dit que les Africains ne peuvent pas bien faire les recherches. Je pars et je reviens pour contribuer au développement. Mais aussi pour aider mes jeunes frères, afin qu’ils goûtent à la bonne recherche dont nous bénéficions aujourd’hui.

Michèle Pierrette Signin Tchoupe (Université de Douala), majore de la promotion. Moyenne 14,61/2

En tant que gente féminine, je suis hyper hyper contente parce que le domaine de la recherche est un monde d’hommes. Même à l’université, peu importe où on va, on trouve beaucoup d’hommes. Du coup, je suis très contente que nous soyons deux femmes parmi les lauréats. Ce qui montre que les femmes montent petit à petit dans la recherche. Peut-être que nous serons autant que les hommes d’ici peu. Je demande aux femmes d’oser. Je suis de nature timide, mais j’ai osé postuler. Il faut aussi bien se préparer. J’ai passé de très nombreuses nuits blanches. Même à la veille de votre présentation, vous pouvez avoir une idée et elle fait la différence lors de votre présentation. Il faut être prêt à tout moment.


Pierre Atangana Zambo (Université de Ngaoundéré), 3e de la promotion. Moyenne 13/20

C’est la deuxième fois que je postule à ce concours. L’année dernière, je n’ai pas eu la chance. Cette année, je me suis donné à fond et je suis ravi d’être parmi les 5 bénéficiaires de cette bourse de mobilité. Je travaille sur des thématiques assez nouvelles. Je dis grand merci à mes deux encadreurs qui me guident depuis et me donnent beaucoup de conseil.

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