Passeport camerounais : Le contre-la-montre des usagers et policiers

D’une part, la date du 1er juillet 2021 induit de nouveaux comportements chez les usagers. D’autre part, elle dynamise davantage des versants de corruption.

Le gouvernement a beau martelé que le passeport express n’existe pas et qu’il existe suffisamment de cartons pour servir tout le monde. Aucune raison d’envahir les locaux du commissariat de l’émi-immigration et de vouloir passer par des intermédiaires. Toutefois, c’est l’inverse qui se produit. Ce 11 juin 2021, les installations de cette unité policière sise au quartier Nlongkak (Yaoundé 1er) sont prises d’assaut par les populations. Selon les informations recueillies sur place, près de 80 Camerounais se rendaient d’habitude tous les matins dans les locaux pour établir, renouveler ou retirer leurs pièces de voyage.

Mais depuis le 7 juin 2021, ils sont estimés à près de 200 personnes. «Tu n’as même encore rien vu. Ils sont peu présents. Viens ici dans l’après-midi, tu n’en croiras pas tes yeux», confie sous anonymat un agent de police. Il ajoute que vu le nombre de personnes, certains ne déposeront même pas leurs dossiers le même jour. Ils devront revenir les jours suivants pour les boucler. Très forte, l’affluence provoque un débordement dans la cour des locaux. «Vous là ! Ne restez pas dans le couloir. Allez-vous asseoir», ordonne une fonctionnaire de police à un groupe de personnes entassées à l’entrée du commissariat.

Tout le monde veut éviter la hausse des frais de timbre de passeport, appelés à passer de 75 000 FCFA à 110 000 FCFA dès le 1er juillet prochain.

Dans les rangs, il se murmure que certains policiers en service ici «ont le réseau». Pris dans leur sens bien à la mode ici, les mots insinuent que quelques agents jouent les facilitateurs. En bonne place depuis des lustres, l’hydre de la corruption ne se montre pas toujours à visage découvert. «Mais on est au Cameroun où toute nouvelle mesure entraine adaptation des fonctionnaires véreux», assume un usager.

Ce dernier croit savoir que la grille de prix varie selon les délais et selon les policiers. Ces derniers temps, allègue une source bien informée, l’affluence voit se déployer un «réseau» très actif dans la recherche de clients ; dans un contexte où l’empressement se conjugue avec d’autres enjeux personnels.

 

Landry Kamdem

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