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Paix et sécurité en Afrique: le temps de l’«africanisation»

Lorsque soudain, dans les milieux diplomatiques internationaux, l’on estime que les contingents des Casques bleus en Afrique sont à la fois coûteux, pléthoriques et peu efficaces, l’Onu s’emballe.

 

Pris dans le tourbillon que provoque l’insatisfaction des bailleurs de fonds au sujet de la viabilité et la légitimité de la présence des Casques bleus à travers le continent, Antonio Guterres se sent obligé de suggérer une nouvelle approche. Flânant sur dossier le 22 juin dernier à Paris, le Secrétaire général de l’Onu a reconnu la difficulté de l’organisme planétaire à trouver des arguments efficaces et motivés allant dans le sens contraire de celui des lobbies financiers internationaux. De manière préoccupante, Antonio Guterres dit qu’en Afrique, il est temps pour l’Onu de «repenser son approche de la paix et de la sécurité» et de mettre en place une «nouvelle génération d’opérations d’imposition de la paix et de lutte contre le terrorisme menées par des organisations régionales».

Que nous enseigne ce langage onusien? Pour l’essentiel, deux choses. La première: que l’Afrique doit se prendre en main. Et la seconde: préparer «à froid» les organisations régionales africaines à être de véritables instruments de paix. On parle là d’une «africanisation» des opérations de maintien de la paix pour pallier l’infécondité des formules imposées depuis le Conseil de sécurité de l’Onu. Plus encore, il s’agit de la problématisation d’une forme endogène d’action militaire en Afrique. Envisagé du strict point de vue opérationnel, cette forme d’action militaire se réduit à la bonne connaissance du théâtre des opérations. À l’échelle des relations diplomatiques, cela suppose une recomposition des relations diplomatiques antérieurement teintées de paternalisme géopolitique de l’Onu. Cela permettrait de limiter l’influence des diplomates européens, préoccupés à implémenter des décisions d’un «esprit» qui ne souffle que par le haut.
Sans être fataliste, tout cela est fortement hypothéqué par quelques constantes: l’absence de fonds disponibles, les contributions financières des États aux budgets des organisations régionales qui se font attendre, la propension qui existe chez certains États africains et leurs dirigeants à servir de base arrière à la déstabilisation d’autres États ainsi que des crises qui s’enlisent et perdurent dans le temps. Et voilà qui, très souvent, ouvre la voie à l’ingérence des Nations unies et de quelques anciennes puissances considérées (à tort ou à raison) comme tutélaires.

En effet, dotés des mandats les plus divers, dont la détermination s’est souvent faite au cas par cas, ces gens venus d’ailleurs ont parfois joué un rôle complexe en fonction des intérêts politiques, économiques et géostratégiques en présence. Au final, leur bilan n’échappe pas aux polémiques. Dans ce contexte, le cadrage du projet exige une nouvelle architecture institutionnelle et un cadre politico-normatif adaptés au service de la paix. Cela suppose alors une traduction du maintien de la paix en un enjeu sectoriel pertinent et une mise en scène des initiatives purement africaines. Cela suppose enfin une mutation de la diplomatie de la paix, dans le sens d’une meilleure intégration des initiatives de proximité émanant des structures régionales.

Jean-René Meva’a Amougou

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