Paiement des «rappels» : Le Minfi innove avec ESD-Soft

L’application est destinée à l’automatisation des calculs et la réduction des délais.

Après 10 mois d’essai, le système informatique ESD-Soft va entrer dans les pratiques au ministère des Finances (Minfi). Du 28 au 29 juillet 2020 à Yaoundé, les personnels de cette administration publique ont été formés au fonctionnement du nouvel outil de calcul des rappels de solde (vulgairement appelés «rappels»). Approché par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune (CT) édition du 29 juillet 2020, Robert Simo Kegne (directeur des dépenses du personnel et des pensions du Minfi) a expliqué qu’«à travers cette nouvelle application, il est question d’alléger les souffrances des travailleurs du secteur public en garantissant la standardisation, la célérité, la traçabilité et l’archivage des documents dans la production des états de sommes dues». Toujours dans les colonnes de CT, Cyrill Edou Alo’o, directeur général du Budget, renseigne que cette première phase de mise en production a pour objectif d’éprouver la solution. Le but est de la rendre robuste et d’envisager sereinement, à l’horizon 2021, son utilisation dans tous les services en charge de la gestion de la solde et des pensions.

Passé
À ce jour, l’application ESD-Soft est expérimentée au service du contentieux et des prestations familiales. Elle a déjà permis de réduire le temps de traitement des dossiers de plusieurs semaines à quelques heures. À la Direction des dépenses du personnel et des pensions (DDPP) du Minfi, rapporte CT, il est désormais aisé pour un fonctionnaire ou agent de l’État de se faire payer son «rappel». Le millefeuille administratif et les longues attentes relèvent du passé, affirme Gislain Romaric Meleu, le chef de la cellule informatique à la DDPP.

De mémoire de fonctionnaire, obtenir un «rappel» était la croix et la bannière. Les raisons sont nombreuses: la non-maitrise des délais de production du fait de la multiplicité des acteurs, combinée à des lourdeurs et lenteurs administratives; l’obligation pour le bénéficiaire de fournir certains documents tels que la preuve des paiements antérieurs; l’impossibilité de retracer les retenues, mettant à mal la sincérité budgétaire et causant un manque à gagner pour le système de retraite; les erreurs de calcul, etc. «Il est par exemple arrivé qu’un fonctionnaire aille à la retraite sans avoir perçu tous les avantages pécuniaires dont il a bénéficié durant sa carrière. Cela plombe même la mise en paiement de sa pension, car il faut prendre le temps de tout vérifier, de calculer ses états de sommes dues et d’obtenir les visas nécessaires afin de liquider tous ces arriérés», regrette Gislain Romaric Meleu.

ESD-Soft arrive dans un contexte où le ministère des Finances a détecté par le passé des réseaux de fraudes dans le paiement des rappels de rémunérations. Grâce à des complicités au niveau du système informatique de la solde, des agents de l’État pouvaient percevoir plusieurs fois des sommes indues au titre de rappels. On se souvient qu’en janvier 2020, Louis Paul Motaze, le Minfi, avait appelé à la dynamisation du comité interministériel de contrôle des rappels de rémunérations des agents publics. Une situation notamment due aux retards enregistrés entre le recrutement des agents publics et leurs prises en soldes.

Jean-René Meva’a Amougou

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