Si des Ivoiriens veulent croire que Dramane Ouattara a construit les ponts, universités et hôpitaux les plus modernes dans toutes les villes du pays, que le goudron de “ses” routes est plus solide que celui de la société italienne Vianini, qu’il respecte les droits de l’homme, qu’il n’a pas endetté le pays, que tout parti politique peut manifester sans problème ou qu’il a fait plus de réalisations que Houphouët, Bédié et Gbagbo réunis, libre à eux.
Si, pour se faire remarquer et obtenir un strapontin, un individu se croit obligé de dire que Ouattara est le plus intelligent, le plus beau et le plus fort, peut-on l’en empêcher ? Quiconque est attaché aux droits humains devrait aussi reconnaître le droit pour certains d’être stupides. La falsification des faits, en revanche, ne peut pas et ne doit pas être acceptée. Un prétendu enseignant de philosophie a donné les raisons pour lesquelles Marie-Odette Lorougnon (MOL) a critiqué le régime Ouattara il y a quelques jours. Pour lui, les propos “incendiaires” de MOL n’ont pas d’autre explication que la frustration. L’ancienne présidente de l’Organisation des femmes du Front populaire ivoirien (Offpi) parle mal parce qu’elle n’a pas digéré le fait que son parti ait perdu en 2011 le pouvoir et ses nombreux privilèges et avantages, parce que Ouattara a “enlevé” Gbagbo du pouvoir, a-t-il soutenu sur un plateau qui rarement invite des personnes ne caressant pas Ouattara dans le sens du poil.
Voici ma réponse aux divagations du “philosophe“. Primo, un universitaire comme lui devrait au moins savoir que Nicolas Sarkozy a avoué dans un livre (Nathalie Schuck et Frédéric Gerschel, “Ça reste entre nous, hein ? Deux ans de confidence de Nicolas Sarkozy”, Paris, Flammarion, 2014) que son pays a sorti Gbagbo et installé Ouattara sans aucune polémique, sans rien. Si Ouattara était aussi fort que ça, pourquoi n’a-t-il pas enlevé Gbagbo plus tôt ? Ouattara n’a gagné ni l’élection de 2010, ni la guerre injuste de la France à la Côte d’Ivoire. Ouattara doit son pouvoir au voyou et inculte Sarkozy.
Secundo, lorsque le journaliste André Silver Konan condamne à juste titre la présence de quelques abrutis proches de Ouattara au domicile de MOL, le fait-il parce qu’il est frustré ? Militait-il au Fpi ? Gbagbo lui avait-il donné un poste ?
Certains réfléchissent et parlent comme si critiquer ceux qui sont au pouvoir était une chose anormale dans une démocratie. Dans une démocratie digne de ce nom, les journalistes, les intellectuels et les opposants n’ont pas seulement le droit mais le devoir de fustiger les discours et comportements susceptibles de nuire au vivre-ensemble. On n’a pas le droit d’intimider, ni d’arrêter un citoyen qui donne son opinion sur la gestion de la chose publique (res publica).
Qu’un enseignant de philosophie ne le comprenne pas pousse à croire que la faim de certains diplômés n’a pas de fin et à désespérer de notre université qui ne figure pas parmi les 200 meilleures universités d’Afrique alors que l’une ou l’autre université du Burkina en fait partie.
Jean-Claude DJEREKE