INTÉGRATION RÉGIONALEMAIN COURANTE

Offensive du Copil du Pref-Cemac : Quatre projets intégrateurs déjà dans le pipe

Leur mise en œuvre connaît une évolution satisfaisante en raison de l’implication et du suivi constant de l’organe sous-régional et de son Comité ad hoc.

Pr. Michel-Cyr DJIENA WEMBOU et S.E. Rigobert Roger ANDELY, acteurs clés de la mise en oeuvre des projets intégrateurs

 

Le 22 novembre 2019 à Yaoundé, les chefs d’État de la Cemac adoptent 12 projets intégrateurs. Ceux-ci sont à l’origine retenus par le Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières (Copil du Pref-Cemac). Ils ont ensuite fait l’objet d’une recherche de financements sous l’impulsion des présidents Paul Biya et Denis Sassou Nguesso, respectivement président en exercice de la Cemac et président dédié au Pref-Cemac. Une table ronde s’est tenue dans ce sens les 16 et 17 novembre 2020 à Paris. «Elle a permis de mobiliser près de 3,8 milliards d’euros pour un montant recherché de 3,3 milliards d’euros. Les financements de huit des 11 projets présentés étaient ainsi bouclés à l’issue de ladite Table Ronde», rappelle un communiqué du Copil Pref-Cemac. Dans le même temps, un Comité technique de suivi composé notamment de la Commission de la Cemac a été mis sur pied. La mission était notamment de coordonner la mise en œuvre des projets intégrateurs. Les informations déjà disponibles annoncent que quatre des onze projets sont déjà en phase de démarrage.

1- Interconnexion des réseaux électriques Cameroun-Tchad
Le financement a été bouclé dès l’ouverture de la Table ronde par la BAD, pour une enveloppe de 265,5 millions de dollars, la Banque mondiale pour 39 millions de dollars et le Cameroun pour 13,5 millions de dollars. Le recrutement de l’assistance à la maitrise d’ouvrage a été effectué en février 2021. Par Décision N° 000467/ MINEE/ CAB du 21 septembre 2021, communiquée au Président du Copil du Pref-Cemac, le ministre camerounais de l’Eau et de l’Énergie vient de désigner les membres du Comité Inter-États de Pilotage de ce projet, pour la partie camerounaise. L’équipe de direction du projet se met ainsi en place pour sa réalisation effective.

2-de construction de l’Université inter-États Congo-Cameroun
Les deux pays ont entrepris d’accomplir les diligences requises pour le lancement de la partie congolaise dudit projet, et l’obtention des équipements de pointe requis, suite à la réunion de projet qui s’est tenue le 5 avril 2021 par visioconférence sous la coordination de la Commission de la Cemac. Six Capital Holding, en réponse à la requête du président du Copil du Pref-Cemac, a confirmé les dispositions prises pour la livraison au Campus de Sangmélima, des équipements didactiques de pointe, d’une valeur de 2 millions d’euros. Le président du Comité de Gestion du Fodec a été saisi par le président du Copil, conformément aux engagements pris à Paris, en vue du déblocage de la somme de 900 millions de FCFA pour la finalisation des travaux de construction au campus de Sangmélima et le règlement du volet indemnisation dans le processus de construction du campus de Ouesso.

Par ailleurs, le Gouvernement du Congo a inscrit une provision de FCFA 1 200 000 000 (un milliard deux cent millions) pour la construction du campus de Ouesso de l’Université Inter-États Congo-Cameroun. Enfin, une mission gouvernementale conduite par la ministre congolaise de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique a séjourné à Ouesso dans le département de la Sangha, du 5 au 9 décembre 2021, à l’effet de finaliser le processus d’acquisition du terrain devant servir à la construction de l’Université inter-États Congo-Cameroun(UIE-CC), ainsi que des établissements chargés d’assurer la formation en Agroforesterie, l’Environnement et en Sciences Appliquées. À l’occasion, un protocole d’accord a été scellé entre l’État congolais et les populations locales qui ont gratuitement cédé un site de 117 hectares de terrain au village Mbalouma, dans le district de Mokéko, pour la construction de la partie congolaise de l’Université Inter-États Congo-Cameroun.

3-Aménagement de la route Ndende-Dolisie
Le Gouvernement de la République du Congo a saisi la BDEAC pour le financement de ce projet. La BDEAC a approuvé en date du 9 juin 2021 un prêt de FCFA 32.759.000.000 en faveur de l’État congolais pour la mise en œuvre de ce projet. Le prêt a été confirmé en date du 16 août 2021 par la signature de l’accord de prêt. Actuellement, les conditions préalables au décaissement sont en cours d’être accomplies par le Gouvernement congolais. La participation de la BDEAC permet de boucler la première phase du projet du côté du Congo, notamment 93 Km de route entre Dolisie et Kibangou, y compris la construction du pont sur la rivière Niari.

Le financement global mobilisé par la BAD comprend: 74 millions d’euros (48,2 milliards de FCFA) pour la construction de la première phase (côté Congo) et 137,63 millions d’euros (90,3 milliards de FCFA) pour la construction de la partie gabonaise de ladite route (Gabon/PASIG). Depuis le 14 décembre 2021, la cellule d’exécution du Projet d’appui au secteur des infrastructures au Gabon «PASIG1» est en mouvement dans le département de la Dola pour se préparer à lancer les travaux de la route Ndendé/Doussala. Cette descente sur le terrain a permis de vérifier la situation réelle jusqu’au pont sur la Ngongo à 2 km du village Doussala. Le projet de la route va intégrer l’apport de la population qui est la bénéficiaire de l’infrastructure.

4-Aménagement du corridor Brazzaville-Ouesso-Bangui-Ndjamena
Le financement de la première phase est pratiquement bouclé. En effet, à la demande de la République du Congo, une première enveloppe de FCFA 16.800.000.000 a été approuvée en 2020 par la BDEAC et décaissée en 2021 pour la réalisation des travaux de réhabilitation des tronçons les plus dégradés de la route nationale n°2 entre Brazzaville et Ouesso. Le Conseil d’administration de la BDEAC a approuvé le 17 novembre 2021, un prêt de FCFA 99.570.000.000, pour le financement partiel du projet d’aménagement du corridor Brazzaville-Bangui-Ndjamena (section Ouesso-Bangui). En outre, le Gouvernement de la République Centrafricaine a saisi la BDEAC au profit de ce même projet. L’intervention attendue de la BDEAC au profit de la RCA sous forme de subvention est de FCFA 1.900.000.000. Par ailleurs, le Comité de Gestion du Fodec a autorisé l’inscription d’une enveloppe de FCFA 500.000.000 pour permettre le début de la réalisation d’un pont situé à la frontière entre les deux pays.

D’autres importantes avancées ont également été enregistrées dans le processus de construction de ce corridor. Le 23 novembre 2021, les Conseils d’administration de la BAD ont approuvé d’importantes ressources sous forme de don pour le financement de la première phase de ce projet. Il s’agit de l’octroi, au profit de la RCA d’un don FAT de 1,5 million d’UC (dont 1 million d’UC sur le solde de l’allocation courante du pays au titre du pilier I et 0,5 million d’UC sur les ressources non 3 allouées du Pilier I et (ii) FAD de 207,92 millions d’UC (dont 206,42 millions d’UC sur l’enveloppe régionale du FAD-15 et 1,50 MUC sur l’ABP courante du pays).

Par ailleurs, une mission d’évaluation conjointe BAD-BDEAC s’est déroulée en présentiel en juillet 2021, et la République du Congo a également publié le certificat de conformité environnemental; la demande du Tchad pour bénéficier d’un financement de l’enveloppe régionale du FAD est en cours d’instruction à la BAD. Aussi, un accord de don de deux cent neuf millions quatre cent vingt mille (209 420 000) d’Unités de Compte (UC), pour le financement partiel du projet d’aménagement du corridor multimodal Brazzaville-Bangui-N’Djamena (section Gouga-Mbaïki-Bangui), a été signé entre la BAD et l’État centrafricain, le 29 novembre 2021 à Bangui. La partie centrafricaine s’active maintenant à remplir les conditions d’entrée en vigueur de l’accord de don.

Enfin, sur ce projet, il convient de souligner que le 10 décembre 2021, un accord de prêt d’un montant de 99 milliards 670 millions de FCFA a été signé entre la BDEAC et le Gouvernement congolais pour le financement de la première phase du projet d’aménagement du corridor multimodal Brazzaville-Bangui-Ndjamena. Dans cet accord, la BDEAC fournit à l’État congolais les ressources nécessaires à la construction de la première phase d’un linéaire de 1.310 km de route qui reliera directement trois pays de la Cemac: le Congo, le Tchad et la Centrafrique. Les travaux qui seront réalisés dans le cadre de cette première phase, concernent: le bitumage de la section Ouesso-Pokola longue de 50 km, la construction du pont de la Sangha, la réalisation de l’ensemble des ouvrages de franchissement sur le prolongement de la route entre Pokola et Bétou, le bitumage de la section Gouga –Mbaïki, et le traitement des points critiques de Mbaïki à Bangui.

Cinquième projet
Un cinquième projet a enregistré une avancée significative. Il s’agit de l’aménagement de la route Kogo-Akurenam pour lequel la BDEAC a effectué début 2022, une mission d’évaluation. À la suite de cette évaluation, le projet sera soumis à l’approbation des organes de décision de la BDEAC.

L’instruction de deux autres projets sera achevée en début de cette année et après l’adoption du rapport final d’évaluation par les Conseils d’administration respectifs de la BAD, de la BDEAC et d’Afreximbank, ces deux projets pourront démarrer. II s’agit du projet de construction d’un pont sur le fleuve Ntem, et le projet de construction de la voie expresse Lolabé-Campo entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale. Les trois institutions qui participent au financement de ces deux projets ont confirmé leurs contributions annoncées à Paris et n’attendent plus que les diligences devant être accomplies par les deux États impliqués dans ces projets.

S’agissant particulièrement du projet de construction de la voie expresse Lolabé-Campo entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale, il importe de souligner que les Conseils de la Banque ont approuvé le 20 octobre 2021 à l’unanimité, l’octroi d’un prêt BAD d’un montant de 114,336 millions d’euros à la République du Cameroun pour le financement du projet d’aménagement des routes d’accès à la zone industrialo-portuaire de Kribi. Cette opération comprend notamment: (i) les travaux routiers portant sur la réhabilitation et la mise à niveau de 110 km du tronçon Edéa-Kribi et (ii) l’aménagement de 39 km du tronçon Lolabé-Campo-pont transfrontalier avec la Guinée Équatoriale sur le fleuve Ntem dont la phase projet de construction devrait être présentée au Conseil d’administration de la Banque en 2022.

Enfin, suite aux efforts déployés par les États membres, les Institutions communautaires concernées, les partenaires techniques et financiers et les investisseurs privés, trois autres projets intégrateurs seront restructurés en PPP en vue de leur construction-exploitation en mode BOT au plus tard en 2024. II s’agit tout d’abord du projet d’aménagement hydroélectrique de Chollet et des lignes électriques associées (Cameroun, Congo, Gabon, RCA), dont l’entreprise adjudicataire a été sélectionnée par les plus hautes autorités du Congo et du Cameroun le 12 avril 2021.

Par lettre de référence N° 0179 en date du 15 octobre 2021, le ministre de l’Énergie et de l’Hydraulique du Congo a confirmé au président du Copil du Pref-Cemac que le Congo et le Cameroun ont désormais accompli toutes les formalités convenues avec les bailleurs lors de la Table ronde de Paris, et qu’il suggérait donc d’entamer et finaliser les négociations avec les partenaires et investisseurs privés concernés, notamment la Banque Mondiale et Afreximbank qui avaient annoncé des financement respectifs de 49,5 millions d’euros et de 500 millions d’euros.

Théodore Ayissi Ayissi
avec le Copil du Pref-Cemac

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