Nouvelle stratégie pays de la BAD: les priorités du Cameroun en examen

Le directeur général de la Banque pour l’Afrique centrale a entamé des consultations avec des experts hier à Yaoundé. C’était sous la présidence de Jean Tchoffo, secrétaire général du Minepat. Les ministres prennent le relais ce jour.

 

Il n’y aura pas de période de flottement dans la coopération entre le Cameroun et la Banque africaine de développement (Bad). La Stratégie pays de la Banque actuellement en vigueur dans notre pays court depuis sa prorogation jusqu’à fin 2022. L’institution bancaire continentale a toutefois décidé de ne pas attendre le dernier moment pour songer à recenser les futurs domaines prioritaires de son intervention sur le triangle national.

C’est le sens à donner aux ateliers de consultations ouverts depuis hier à Yaoundé par son directeur général pour l’Afrique centrale. Serge N’Guessan est venu à la tête d’une forte délégation à la rencontre du gouvernement camerounais, du secteur privé, des universités, de la société civile, mais également des partenaires au développement.

Jean Tchoffo, secrétaire général du ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) conduisait les échanges avec les experts. Il représentait le chef du département ministériel, Alamine Ousmane Mey. Lequel préside ce 22 septembre 2022 la deuxième série de consultations. Elle est cette fois consacrée aux discussions avec les membres du gouvernement camerounais.

Objectifs

Les experts sont pour la plupart des représentants des partenaires au développement ou des administrations sectorielles. Ils sont aussi directeurs généraux ou coordonnateurs des projets financés par la Bad. Leur rôle était de se prononcer «sur les domaines prioritaires multiples de la Bad». De façon à faire ressortir «les priorités des priorités au niveau de la collaboration et de la coopération avec le Cameroun», a précisé Serge N’Guessan.

Ce que le SG du Minepat a résumé à leur intention en une observation et en une question. «En termes de projets et de points de concentration des ressources de la Banque, on peut constater qu’un peu plus de 75% avaient été dédiés à la fois au transport et à l’énergie. Est-ce qu’aujourd’hui dans les discussions, en relation avec la SND30, les secteurs devraient être inversés ou pas?», se demande ce 21 septembre 2022 Jean Tchoffo.

Méthodes

L’option retenue pour les consultations désormais ouvertes est de s’appuyer sur les leçons de la coopération telle qu’elle se déploie depuis 2015. Car «c’est des leçons tirées que nous serons en mesure de voir quelle est la nouvelle stratégie pays à adopter avec la Banque», postule le représentant du Minepat.

Le regard rétrospectif et prospectif jeté par les experts portait dès lors sur deux éléments essentiels. À savoir «la Note de diagnostic pays (NDP) et le Rapport d’achèvement du Document de la stratégie pays (DSP) de la Bad au Cameroun». Serge N’Guessan précise qu’il s’agit aussi de faire «une évaluation de la performance du portefeuille de la Bad et de déterminer l’horizon de la Stratégie: sur cinq ou sur dix ans?».

Cadrage

«Nous sommes sous l’égide de la SND30 qui est le cadre de référence de l’action du gouvernement au plan économique, financier, culturel, social et autres. Donc tout accompagnement des partenaires techniques et financiers, devrait être arrimé à cette stratégie». D’où l’horizon rappelé aux experts par le secrétaire général du Minepat. «Il sera pour nous difficile de dépasser 2030 dans la discussion que nous aurons aujourd’hui. On peut à la limite phaser, mais sans dépasser cet horizon».

Et Jean Tchoffo d’ajouter: «la SND30 a quatre piliers. Et tous nos travaux devraient également s’arrimer à cela. À savoir, la transformation durable de l’économie; le développement du capital humain et du bien-être; la promotion de l’emploi et l’insertion économique et le dernier pilier, la gouvernance, la décentralisation et la gestion stratégique de l’État».

Perspectives

Le portefeuille actif de la Bad au Cameroun est de 1302 milliards FCFA. Ce volume est pourtant appelé à se renforcer à court terme. Avec la signature dans les prochains jours de deux nouvelles conventions. Le secrétaire général du Minepat parle «d’une convention de 75 millions d’euros, soit environ 53 milliards FCFA au titre de l’appui budgétaire pour cette année. Ces ressources vont venir abonder le budget de l’État et desserrer la contrainte que nous avons au niveau de la trésorerie du Cameroun».

Quant à la deuxième convention, Jean Tchoffo relève qu’elle est destinée à «accompagner la campagne agricole, la première cette année et peut-être celle de l’année prochaine. Il y a donc également 41 milliards FCFA à signer». Toutes choses qui permettent au haut responsable de l’administration camerounaise de se féliciter de ce que la relation avec la Bad est «la seule coopération qui en ce moment difficile, a pu nous apporter autant de concours et de manière rapide. C’est dire l’importance qu’elle revêt».

Théodore Ayissi Ayissi