L’euphorie de la compétition et la qualification des Lions A’ au second tour sont aussi un guêpier où chaque piqûre peut être fatale pour les amateurs du foot dans cette partie du pays.
CHAN ! Dans un environnement normal, cette abréviation symboliserait la liberté, la communion des peuples. Pas à Bamenda, en tout cas. Dans certains quartiers, l’ambiance dégage un parfum de peur et d’enfermement. Elle est à l’image du temps : terne. On dirait une ville nue qui a perdu sa voix. À chaque match livré par la sélection du Cameroun, Hospital Round-about, Travellers, Mile 90, Ntarinkon, Chuobou jusqu’à Mile 8 Mankon, Rendez-vous, Mulang et surtout Ntanka d’habitude si loquaces, si bruyantes, si frivole aux terrasses des cafés, ont des airs pâles de tête d’affiche démaquillée.
Dans ces quartiers, la seule évocation du label Lions indomptables peut ouvrir en une fraction de seconde les portes de l’enfer. Dans ces lieux où se déploie la terreur, des activistes séparatistes ambazoniens ont décrété le «No CHAN». Entêtant, le refrain martelé par des miliciens a fini par entraîner toute la population. Chacun évite d’être étiqueté «Black legs» (traîtres Ndlr) ou «Republic agent» (agent de la République Ndlr). Le tout est assis sur la conviction véhiculée par les séparatistes «qu’aucun joueur anglophone ne figure sur la liste définitive des 30 Lions sélectionnés pour le CHAN».
Toutefois, Up station (le quartier administratif de Bamenda) fait figure de point de ralliement de quelques dizaines de supporters des Lions A’. Ils y affluent souvent pour exprimer leur soutien à la sélection du Cameroun. Dans l’impossibilité de se déplacer certains fanatiques du ballon rond sont obligés de se terrer à domicile et se contenter du petit écran tout en réduisant au maximum le volume de leur poste téléviseur afin d’éviter toute attaque d’un éventuel séparatiste de passage dans les environs.
Restriction des motos
Le climat d’insécurité a poussé le préfet Emmanuel Ledoux Engamba du département du Fako, à prendre le 16 janvier 2021 dernier, une décision prohibant le mouvement des motocyclettes dans son unité de commandement. L’objectif étant d’assurer le déroulement sans anicroche du CHAN dans le groupe D basé à Limbe-Buea. Couplé à la réduction à 25% du taux d’accueil des supporteurs, cette mesure pèse également de tout son poids sur la limitation du nombre de spectateurs qui envisageaient se rendre au Stade Omnisports de Limbe.
Zéphyrin Fotso Kamga