Mouvement syndical et climat social : 1er mai sous tension en zone Cemac

Plusieurs revendications encore en suspens dans la plupart des États membres. La situation jette une ombre sur les activités marquant la célébration de l’édition 2023 de la Fête du Travail.

Visages de chefs d’Etat de la Cemac

Le cœur n’est pas à la fête pour tous les travailleurs en ce 1er mai 2023 en zone Cemac. Certes, il y a d’un côté le traditionnel défilé symbole du dynamisme et de l’existence d’un dialogue social permanent avec les différents gouvernements. Mais, il y a de l’autre côté une grogne qui s’exprime avec plus ou moins d’intensité au Gabon, en République Centrafricaine (RCA), au Tchad, et au Cameroun. À la manœuvre, des syndicats de travailleurs. Plusieurs d’entre eux ont donné de la voix ou au contraire ont choisi la politique de la chaise vide pendant les festivités. L’idée est de mettre une pression supplémentaire aux patrons d’entreprise et aux gouvernants à l’occasion de cette fête de portée mondiale. La réalité étant également contrastée au sein des institutions communautaires. Puisque la question de la dette sociale en constante évolution reste une préoccupation majeure. Malgré les messages adressés aux travailleurs par certains dirigeants communautaires.

Gabon, on se défile
C’est sans doute l’une des décisions les plus radicales prises par un mouvement syndical en Afrique centrale. Celle de ne pas prendre part au défilé ce 1er mai 2023 au Gabon. «En l’état actuel, le travailleur ne peut pas festoyer avec l’employeur. Et sur la fête du Travail, il a été retenu que le format de 2022 sera celui que nous conduirons encore en 2023 et il sera étendu sur l’ensemble du territoire national», fait savoir Jean Claude Bekale.
Le secrétaire général de la Confédération générale des Syndicats libres (CGSL) s’exprimait ainsi à l’issue d’une rencontre le 25 avril dernier avec la ministre de l’Emploi, de la Fonction publique et du Travail, Madeleine Berre. Il traduisait la volonté des travailleurs de ne pas prendre part au défilé. Leur participation s’est alors résumée «aux retrouvailles à Arambo où la cérémonie de décoration s’est déroulée pour les travailleurs de Libreville et où un travailleur a procédé à la lecture du manifeste contenant toutes les préoccupations des travailleurs. Manifeste auquel devait répondre le Premier ministre», apprend-on. On retrouve parmi les points saillants du manifeste, la vie chère, les conditions de travail et salariales, la non-organisation des assises sociales et même le naufrage de l’Esther Miracle. Certaines organisations syndicales ont néanmoins pris part à l’ensemble des festivités. Notamment dans l’Ogooué-Maritime.

Tchad, les tensions carburent au gasoil
Les rapports sont également tendus entre le gouvernement tchadien et les syndicats, particulièrement au sujet du prix du gasoil. Dans un communiqué daté du 19 avril dernier, «l’Union des syndicats du Tchad (UST) demande instamment au gouvernement d’annuler l’augmentation injustifiée du prix du gasoil». L’organisation syndicale explique que «le gouvernement décide d’augmenter sans justification le prix du gasoil qui est à la base des produits de grande consommation». Alors que, souligne-t-elle, «la situation sociale qui prévaut dans le pays et le coût de la vie en constante augmentation ne permettent déjà plus aux travailleurs et travailleuses d’accéder à ces produits de première nécessité».
Sans prise en compte de cette revendication par les autorités tchadiennes, l’UST se «réservait déjà le droit de réagir pour défendre le pouvoir d’achat de ses militants et militantes», prévenait son communiqué.

RCA, chaque édition enseigne
L’édition 2023 de la fête du Travail est un grand moment de revendication en RCA pour les seigneurs de la craie. «Les syndicats des enseignants du fondamental 1 et du secondaire ont décidé lors de leur Assemblée générale, le 4 mars 2023 à la Bourse du Travail à Bangui, de la reconduction de leur mouvement de grève pour 21 jours, à compter du mardi 7 mars», indique un communiqué. La fin projetée étant prévue le 28 mars, il y avait dès lors très peu de possibilités pour que la Fête du Travail se passe de façon totalement apaisée en Centrafrique. Surtout qu’entre-temps, les propos tenus par le gouvernement sont venus mettre de l’huile sur le feu. «Ça nous a poussés à durcir notre position», indiquent certains enseignants.

Cameroun, apaisé mais pas rassasié
Les activités marquant la célébration du 1er mai au Cameroun étaient empreintes d’apaisement. Et pour cause, le gouvernement a récemment lâché du lest sur une préoccupation essentielle. Le Premier ministre a signé le 21 mars dernier, à la suite du président de la République, le décret portant revalorisation du Salaire minimum inter – garanti (SMIG) au Cameroun. C’est une avancée qui n’occulte pas les autres préoccupations permanentes des travailleurs. Concernant entre autres la convention collective des journalistes.

Cemac, la dette sociale compte le plus
Très peu de messages de responsables sous-régionaux sont parvenus à notre rédaction ce 1er mai 2023. Il y a bien celui du président camerounais, Paul Biya, tout juste sorti d’une audience avec le président en exercice de la Cemac, Faustin-Archange Touadéra. Mais il y a aussi celui de la Commission de la Cemac. Un visuel met en vedette trois individus jeunes dont une femme. L’institution sous-régionale souhaite à travers eux «une excellente fête du Travail à tous les travailleurs de notre Communauté». Elle dit également souhaiter «célébrer le travail pour le développement économique et social de notre sous-région». Dans un contexte toutefois où la dette sociale de la Cemac ne cesse d’enfler. Elle fait craindre à court ou moyen termes l’explosion d’une bombe sociale. Non seulement du fait de la situation déjà précaire des retraités et de leurs ayants-droit. Mais aussi du fait des fonctionnaires encore au service de la Communauté. La dette s’élève au 22 octobre 2022 à 23,777 milliards FCFA. Sont notamment en jeu, les frais divers de personnels, les frais de sessions et les cotisations sociales.

Théodore Ayissi Ayissi

 

1er mai 2023 à Malabo

Les travailleurs du Parlement de la Cémac à l’honneur

A Malabo, la fête était belle

Un programme d’activités bien élaboré pour célébrer l’édition 2023 de la fête internationale du travail. C’est le pari que s’est donné le Parlement communautaire cette année. Tout commence le 28 avril par un séminaire axé sur le «le climat social en milieu professionnel» au siège du Parlement de la Cémac, sous la coordination du Secrétaire général du Parlement, M. Alain de Gervais Léopold Tongou-Kambi.

Après la tenue du séminaire organisé par la direction de l’administration et des ressources humaines, les fonctionnaires du Parlement ont participé à une vaste opération d’assainissement du bâtiment abritant leur siège. Nous sommes le samedi 29 avril 2023 ; le joyau architectural de Malabo II, qui abrite également la Commission de la Cémac, connait une cure de propreté remarquable.

La journée du lundi 1er mai 2023, à marquer d’une pierre blanche par les responsables et agents du Parlement, commence très tôt au Paséo Maritimo de Malabo. Séance de sport pour tous, marqué entre autres par une séance d’étirements et une marche sportive. Un corps sain dans un esprit sain.

Enfin, le cocktail dînatoire organisé dans la salle des banquets du Parlement Communautaire permet aux agents, aux fonctionnaires et aux cadres de l’institution de joindre l’utile à l’agréable. A noter que la participation des fonctionnaires de la Commission de la CEMAC rehausse ces festivités d’un éclat particulier. En effet des liens étroits entre personnels des deux institutions sont nés, certainement favorisés par le partage du même bâtiment.

Source : Direction de la communication de la Commission de la Cémac

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