L’esplanade de l’immeuble interministériel de Bafoussam a servi de cadre à la tenue, ce mois de décembre 2023, à la 23ème édition du Comice agro-sylvo-pastoral de la région de l’Ouest. Comme l’a si bien décrit le Délégué Régional de l’Agriculture et de Développement Rural (DRADER) de l’Ouest, Dénis Ameguim, il s’agit « d’un grand rendez-vous du donner et du recevoir. Une occasion donnée aux producteurs de la région d’exhiber leurs performances à travers les produits agro-pastoraux apprêtés avec tact et délicatesse tout le long de l’année. De même des partenaires d’horizons divers notamment les organisations professionnelles des producteurs, les opérateurs privés, les ONG, les chercheurs, les cadres de développement, les programmes et projets, les producteurs agro-pastoraux ».
Une région de l’Ouest qui n’en est pas moins fière de la décision de Monsieur le Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, de faire le lancement de la campagne caféière 2023 dans le NOUN. Cette sollicitude du Minader pour la région de l’ouest a conduit aussi au lancement du guichet des producteurs de cacao café de la région, lequel a déjà permis : « la géo-localisation et le géo-référencement de 3067 parcelles de cacaoyères entretenues par 2010 producteurs dans le Haut-Nkam et le Ndé ; le référencement et l’enrôlement de près de 20 000 producteurs de café et de géo-référencement de près de 30381 parcelles de café dans la région ».
Un événement couru
L’édition 2023 a réuni 600 exposants. Quant à la foire, elle a mobilisé une cinquantaine de producteurs et éleveurs. Les produits concernés ont été : les principales cultures pérennes que dont le café (arabica et robusta), le cacao et le palmier à huile ; les principales cultures vivrières issues des filières phares telles que le maïs, le haricot, la banane plantain, les pommes de terre, le riz ; les principales cultures maraichères (tomate, pastèque…) ; les produits de l’élevage dont les bovins, les ovins, mes caprins, les porcins, les volailles, les produits de la pêche et de la filière apicole. Le choix de la tenue de cet événement pendant la période des fêtes de fin d’année traduit, comme l’a souligné le DRADER Ouest, « la volonté du gouvernement non seulement de mettre en exergue le potentiel de notre production dans l’Agriculture et l’Élevage, mais aussi et surtout d’offrir aux population de la région de l’Ouest et ses environs une occasion idoine de s’approvisionner en produits agro-pastoraux de première nécessité à des prix défiant tout concurrence »
Pour réussir le challenge de rendre les produits disponibles sur le site des expositions à Bafoussam, plusieurs petites et grandes mains ont été mis ensemble. Ainsi, la sélection des produits de compétition sont l’œuvre des services techniques du Minader et du Minepia. Ils ont été accompagnés par les autorités administratives sous la supervision de Monsieur le Gouverneur de la Région de l’Ouest. Les produits ont été convoyés à Bafoussam avec l’appui des collectivités territoriales décentralisées (CTD), de certains parlementaires et élites.
Les prix attribués à l’issue de cette édition l’ont été en production végétale et en production animale. Ainsi, en production végétale, 100 prix ont été attribués pour récompenser les meilleurs produits agricoles en compétition et 15 prix spéciaux regroupés en huit grands prix pour les cargaisons départementales des participants à la foire. Soit au total 115 prix. Pour sa part, la production animale a reçu 60 prix pour les gagnants de la compétition du comice.
Un accompagnement de proximité
La qualité des produits présentés à ce comice, découle certes du dynamisme des producteurs mais davantage de l’encadrement et de l’accompagnement de proximité mené par la délégation régionale de l’Agriculture et du Développement Rural de la région de l’Ouest dans tous ses démembrements avec l’apport indéniable des partenaires au développement. L’accompagnement a porté sur 23 915 producteurs dont 10 023 femmes et 1831 jeunes. 221 producteurs ont été formés sur divers thèmes techniques de multiplication des semences de pommes de terre par bouture Apicole Racinée (BAR), les bonnes pratiques de réduction de pertes post récoltes sur les pommes de terre, la production du riz, la fabrication de l’engrais biologique et biopesticide ; la mise en place des champs école sur la production du maïs, du riz, de la pomme de terre qui ont permis de former 1121 producteurs ; la production et la distribution des fiches techniques sur la production des principales spéculations à 856 producteurs dans les différents services déconcentrés du Minader; la réhabilitation de deux magasins de stockage des pommes de terre et 10 magasins de stockage des semences ; la construction de 3 magasins de stockage du cacao ; la mise à disposition de deux motopompes et d’une décortiqueuse de riz ; la mise à disposition d’une serre opérationnelle pour la production des semences de pommes de terre.
Cet encadrement et accompagnement se décline aussi en appuis en semences et plants produits et mis à la disposition des producteurs de l’Ouest. Il en est ainsi de : 14,6 tonnes de semences de maïs ; 300 tonnes de semences de haricot ; 2000 plants d’avocatiers, safoutiers, corossoliers, citronniers, manguiers, mandariniers, orangers, goyaviers dans les Hauts Plateaux ; 13000 plants de cacaoyers dans le Haut-Nkam ; 10 000 plants de bananiers plantain ; 15000 plants de palmier à huile distribués ; 1120 kg de semences de base de riz ; 7179 kg de semences certifiées de riz aux producteurs semenciers de l’Ouest.
A coté des semences, les producteurs ont aussi reçu des appuis en engrais organique et minéraux. Il s’agit de 2200 sacs de fientes remis aux producteurs de la région ; 287 sacs de sulfate de potassium ; 124 sacs de nitrate de calcium ; 849 sacs du 16-46-00 ; 6263 sacs du 20-10-10 ; 8246 sacs d’urée ; 15270 sacs de 14-23-14 ; 102486 litres d’engrais foliaires qui ont été acquis dans la formule 70%-30% dans laquelle le producteur paie 70% de la valeur de l’engrais et l’État donne 30%. Petite bonne nouvelle du Minader qui laisse entendre que désormais, le sac du 20-10-10 reviendra à 16000 F CFA cependant que le sac de l’Urée coûtera 15000 F CFA.
Après qu’on a félicité le gouvernement pour son volontarisme et les producteurs pour leur dynamisme, il reste à magnifier l’œuvre des partenaires au développement qui sont porteurs de programmes et projets qui, nous l’espérons, aideront le Cameroun à atteindre très rapidement le seuil de l’agriculture de troisième génération et permettre ainsi d’aller au-delà de la simple sécurité alimentaire pour garantir l’autosuffisance alimentaire et même donner un contenu au concept de l’import-substitution. Parmi ces programmes et projets, nous pouvons citer : le programme de consolidation et de pérennisation du conseil agro-pastoral (PCP-ACEFA) ; le projet d’appui au développement du cacao (Pad-cacao) ; le projet d’appui au renforcement de la production agricole au Cameroun (Parpac) ; du projet d’appui à la relance de la filière café (PARF-Café) ; du projet d’appui à la rénovation et au développement de la formation professionnelle dans les secteurs de l’Agriculture, de l’Élevage et des pêches ; le programme d’appui au développement des filières agricoles (PADFA II) ; le projet centre d’innovation verte pour le secteur agro-pastoral (GIZ-Prociza) ; le projet de promotion de financement agricole (GIZ-Profina)le projet de développement des chaînes de valeur de l’élevage et des pêches (PCDVEP).
Par Dr Etienne Tayo Demanou
Délégué régional de la Communication de l’Ouest