Les deux parties s’accordent sur des gages d’efficacité pour le développement du Cameroun. C’était à Douala, au siège du Gicam les 20 et 21 février 2018.
Les mardi 20 et mercredi 21 février 2018, Louis Paul Motaze, ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), a présidé les travaux de la rentrée économique son administration qui cette année a été organisée sous la forme d’une rencontre avec les organisations du secteur privé.
Placée sous le thème « Diversification de l’économie et transformation locale des produits », cette rencontre s’inscrivait dans la lignée d’une série engagée en 2010 et orientée d’une manière générale sur le renforcement du dialogue public/privé sur les orientations de la politique économique du pays.
Cette année, l’accent a ainsi été mis sur la promotion du secteur privé comme levier de la diversification de l’économie et la levée des contraintes à l’investissement. Aussi, les principaux sujets abordés ont portés sur :
– La situation et les enjeux économiques actuels ;
– Les guichets de financement des Partenaires Techniques Internationaux (PTF) ;
– Le programme économique et financier 2017-2020 ;
– La promotion des champions nationaux ;
– Les résultats préliminaires du 2nd Recensement Général des Entreprises (RGE2) ;
– Les résultats préliminaires de l’enquête sur le climat des affaires réalisée par le MINEPAT ;
– Les opportunités d’exportation vers l’Union Européenne ;
– Les projets porteurs du GICAM.
Situation et les enjeux économiques actuels
Ils ont été respectivement abordés par Célestin Tawamba, Président du Gicam dans ses propos de bienvenu prononcés au nom de la Plateforme des organisations du secteur privé et par le Minepat dans son discours d’ouverture.
Les propos des deux orateurs ont convergé sur le constat des résultats économiques en berne enregistrés par le Cameroun au cours des deux dernières années. Face au double choc constitué par la chute des cours des matières premières dont le pétrole et la crise sécuritaire à laquelle le pays fait face dans la partie septentrionale, les résultats économiques ont été en retrait par rapport à ceux des années précédentes.
Le Cameroun ayant mieux résisté que les autres pays de la sous-région, il convient désormais de consolider les facteurs de cette résilience parmi lesquels figure en première place la diversification horizontale et verticale de ses filières de production.
Pour le Président de la Plateforme des organisations du secteur privé, cela passe par un dialogue public/privé plus fertile par lequel une plus grande attention devra accordée aux préoccupations des entreprises. Saluant les bonnes dispositions du Ministre de l’économie en la matière, les représentants du secteur privé l’ont invité à devenir leur porte parole et relais auprès du Gouvernement.
C’est dans le cadre de partenariat rénové que les secteurs public et privé devront, dans une approche de coresponsabilité devront définir et implémenter les réformes structurelles indispensables pour donner un nouveau souffle à l’économie nationale et la remettre sur le sentier tracé pour son émergence. Les pistes de réformes portent notamment sur l’amélioration du climat des affaires, le développement des opportunités de financement, la promotion des champions nationaux, la révision du Code des marchés publics, la réforme de la fonction publique, la promotion des secteurs clés comme l’agriculture, le tourisme et les TIC.
Guichets de financement des PTF
Les opportunités de financement mis en place les Partenaires Techniques Internationaux ont été présentées :
– L’International Finance Corporation (IFC) ;
– La Banque Européenne d’Investissement (BEI) ;
– La Banque Islamique de Développement (BID) ;
– Proparco.
Ces institutions offres des appuis financiers directs à travers des lignes de financements mobilisées auprès des établissements financiers, des appuis techniques et institutionnels au bénéfice des entreprises. L’accessibilité demeure cependant assujettie à des conditionnalités dont le seuil d’investissement, le secteur d’activité et surtout la qualité du projet présenté.
Les échanges avec les chefs d’entreprises ont mis en évidence quelques contraintes à lever pour améliorer le recours et l’accès des entrepreneurs à ces opportunités. Il a ainsi été évoqué les questions relatives à la visibilité de ces offres de financement, à la prise ne charge des coûts des études qui peuvent atteindre 10% du coût total du projet ; le coût du crédit qui n’est pas forcément plus faible lorsqu’un PTF intervient ; le recours qui reste quasi obligatoire aux banques pour bénéficier de ces opportunités ; etc.
La question du financement ne pouvant être efficacement traitée que dans une approche plus large, les participants se sont appesantis sur le cadre général de l’offre et de la demande de financement au Cameroun. Sont ainsi apparues comme nécessaires des évolutions dans la prévisibilité des politiques publiques, la gestion des délais de paiement et notamment ceux de l’Etat, la régulation de certains secteurs d’activité, le contrôle de change, le remboursement des crédits de TVA, l’éducation financière et la culture de remboursement des crédits, l’accessibilité et la sécurisation des droits fonciers, la structuration des entreprises et des groupes familiaux, l’adaptabilité des procédures des PTF au contexte.
Programme économique et financier 2017-2020
Monsieur Isaac TAMBA, Directeur Général de l’Economie et de la Programmation des Investissements Publics a présenté le contexte économique qui a conduit à la signature de ce Programme, ses singularités et particularités, ses objectifs, les mesures concernant le secteur privé, les retombées financières ainsi que les résultats escomptés et ceux déjà acquis à fin décembre 2017.
On retient que le PEF intervient dans un contexte de détérioration de la situation économique de la CEMAC et décrochage de la croissance économique au Cameroun en raison notamment des problèmes sécuritaires, de la Perte d’opportunités des investissements et d’un accroissement du rythme d’endettement.
Le PEF se distingue cependant des Programmes d’Ajustement Structurel des années 90 par l’envergure des réformes envisagées, les champs de ces réformes et surtout la finalité recherchée. En occurrence, le PEF met un accent sur la préservation des acquis sociaux et ouvre la possibilité au Cameroun de bénéficier des appuis budgétaires qui sont par nature et par définition des ressources fongibles dans le budget de l’Etat.
Ses objectifs prioritaires concernent la relance et l’accélération de la croissance économique, la résorption du déséquilibre budgétaire, la réduction du déficit des comptes extérieurs, la stabilisation des réserves de change des pays de la CEMAC et la réduction du poids des investissements publics dans le budget.
Le PEF 2017-2020 comporte plusieurs mesures orientées directement vers le secteur privé, en particulier l’achèvement des travaux de construction des grands projets de 1ère génération et leur mise en service, l’élargissement de l’accès aux services financiers et l’amélioration du climat des affaires. Sur ce dernier point, sont notamment visées les réformes concernant la réglementation douanière et l’administration fiscale, la mise en œuvre du Plan cadastral, l’informatisation du registre du commerce et crédit immobilier, le remboursement des crédits TVA et les délais de paiement des factures.
Grâce aux performances enregistrées dans la mise en œuvre de ce Programme, le Cameroun a déjà enregistré trois décaissements d’un montant total 478 638 millions de F CFA de la part du FMI, de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, de l’AFD et de la BAD.
La promotion des champions nationaux
De la présentation faite par le Directeur Général de l’Economie, il ressort que l’initiative pour la promotion des champions nationaux a pris corps au GICAM lors du lancement de la 3ème Edition des Journées de l’Entreprise couplée aux 5èmes assises de l’Université du GICAM en 2016. Le MINEPAT s’est approprié le concept et a mis en place un Groupe de Travail en mars 2017 chargé de l’élaboration et de la mise en œuvre d’un Mécanisme pour l’émergence et de la promotion des Champions Nationaux.
La promotion des Champions Nationaux, tradition des dans les pays industrialisés , s’impose aujourd’hui pour inverser notre mode d’insertion dans les chaînes de valeurs mondiales, renforcer la diversification économique et conférer une identité internationale pour nos produits.
Comme définition, un Champion National est «une entreprise camerounaise, Leader dans son secteur d’activité, capable d’avoir un déploiement à l’international, qui est innovante, compétitive et offensive, et dont l’objectif de développement est en cohérence avec la politique mise en œuvre au niveau national». La promotion de telles entreprises implique un volontarisme du Gouvernement et un focus sur quelques filières ou groupe de produits en cohérence avec le Plan Directeur d’Industrialisation.
Parmi les secteurs pré-identifiés par le MINEPAT se trouvent en bonne place les filières Bois, Coton-Textile-Confection, Cacao-Café, les TIC, le Transport aérien, le secteur Banque-Finance, le Tourisme et le domaine de la Santé. Quelques critères ont été esquissés pour leur choix notamment en termes de création de la richesse, de capacité à créer des effets d’entrainement, de contribution à la résorption des déficits, de géographie du capital et de création des emplois.
Les interventions et appuis envisagés pour accompagner l’essor et le développement des Champions nationaux portent sur le financement direct via les prises de participation dans le capital, les lettres de confort aux partenaires pour crédibiliser ces entreprises, l’appui direct ponctuel pour le financement du haut bilan, l’octroi de régime préférentiel à la commande publique, l’octroi de subventions d’équilibre ponctuelles pour l’achat des intrants locaux ainsi que les appuis à la mise à niveau.
Les résultats préliminaires du 2nd RGE
Le second Recensement Général des Entreprises réalisé en 2016 a permis d’actualiser les informations de la situation des entreprises au Cameroun. Les résultats préliminaires de cet exercice ont été présentés par Monsieur Joseph TEDOU, Directeur général de l’Institut National de la Statistique.
Les innovations de cette seconde enquête concernent l’élargissement du champ des unités ciblées avec la prise en compte de certaines activités spécifiques exercées souvent en plein air sur des sites aménagés (laveries auto, dépôt de vente de sables, etc.), le géo référencement des unités économiques, la cartographie détaillée qui a permis d’améliorer l’identification des unités économiques.
Au terme de ce Recensement, 209 482 entreprises et établissements ont été dénombrés contre 93 969 en 2009, soit un accroissement de +123% (+12,7% en moyenne annuelle). Les principales tendances restent :
– La forte concentration géographique des entreprises dans les deux principales métropoles du pays que sont Yaoundé et Douala ;
– la prédominance du secteur tertiaire, largement dominé par les activités de vente de marchandises ;
– un écosystème économique atrophié en termes d’entreprises de moyenne et grande importance (1,5%), dominé par les micro-entreprises (79,1%) et essentiellement constitué d’entreprises individuelles (97%).
Le chiffre d’affaires réalisé par l’ensemble des entreprises en 2015, se situe à 13 347 milliards de FCFA contre 10 225 milliards en 2008. Il est accroissement de +28,8% (+3,9% en moyenne annuelle). L’ensemble des entreprises recensées emploient au total 635 969 personnes contre 386 263, soit un accroissement de +64,6% (+7,4% en moyenne annuelle).
En termes de gouvernance, il est observé un léger mieux dans la tenue de comptabilité. Cependant, on observe toujours une faible pénétration des TIC dans les entreprises et une faible prise en compte des questions environnementales. D’une manière générale, la rentabilité financière des entreprises en forte baisse et leurs équipements productifs demeurent vieillissants.
Sur un autre plan, la typologie des obstacles auxquels font face les opérateurs économiques s’est modifiée. La fiscalité demeure l’obstacle n°1 et les problèmes de financement apparaissent toujours une préoccupation majeure. La corruption est en net recul, désormais supplantée par les formalités administratives / tracasseries avec les agents de la mairie et communauté urbaine, ainsi que les problèmes de débouchés.
Les résultats préliminaires de l’enquête sur le climat des affaires
Le MINEPAT a réalisé en 2017 une enquête sur le Climat des Affaires (Business Climate Survey – BCS-). Cette enquête a couvert plusieurs aspects du climat des affaires dont la dimension factuelle en abordant notamment les questions relatives à la sécurité de l’environnement d’exercice des activités, l’attractivité du marché, les richesses naturelles, la solidité macroéconomique et la conjoncture économique ; la dimension perception, et le fonctionnement des institutions en charge de la promotion du climat des affaires.
De l’avis des 2000 chefs d’entreprises interrogés, il ressort que la qualité globale du climat des affaires reste très moyenne ; plusieurs entraves subsistent même si quelques avancées ont été enregistrées. Le déficit de communication de la part des institutions étatiques, les coûts élevés de crédit, la mauvaise qualité du service public (lenteur dans le traitement des dossiers, mauvais accueil des usagers, rétention de l’information utile au public, multiplication des pièces, isolement des responsables), les difficultés d’accès aux facteurs de production (énergie, services téléphoniques, internet, infrastructures de transport, ressources foncières, …) sont autant de facteurs ayant reçu une majorité d’opinions défavorables.
L’Etat communique peu et ne diffuse pas suffisamment les informations qui intéressent les hommes d’affaires comme
Les projets porteurs du GICAM
Présentés par Monsieur Pierre KAM, Président de la Commission Diaspora et Relations internationales, ils portent notamment sur la mise en place d’un fonds de garanti multi métiers, l’accompagnement des entreprises à la structuration des joint-venture, l’organisation des ateliers d’appropriation des APE, la mise en place d’un centre de développement des PME, la promotion de l’entreprenariat féminin, la catégorisation des mesures de l’Accord sur la facilitation des échanges et l’amélioration du climat des affaires.
Ces projets ont été présentés aux partenaires techniques et financiers en fin 2017 et des manifestations d’intérêt sont déjà enregistrées de la part de certains d’entre eux. S’agissant de l’appropriation de l’APE, les échanges ont mis en évidence des possibilités d’appui que le GICAM pourrait mobiliser auprès de l’Union Européenne à travers la Facilité de Coopération Technique.
Feuille de route
Le second jour des travaux de la rencontre MINEPAT/Secteur privé de 2018 a été consacré aux travaux techniques et une séance plénière d’adoption de la feuille de route présidée par le Ministre de l’économie. Cette Feuille de devant servir de support au déploiement de partenariat MINEPAT/Secteur privé au cours de l’année 2018 est articulée autour des thématiques abordées pendant la rencontre et reprend l’ensemble des recommandations formulées en précisant les parties prenantes, les responsables de la mise en œuvre et les délais d’exécution.
Au titre des recommandations retenues, l’on retiendra notamment:
– le renforcement des dispositifs de suivi qualitatif (enquêtes de perception, opinion d’experts, …) et quantitatif (recensements, études sectorielles, …) des entreprises ;
– le renforcement des programmes de promotion des exportations (services non financiers, études de marchés, voyage d’affaires, …) ;
– l’actualisation de l’étude sur les coûts de facteurs ;
– le renforcement des dispositifs de diffusion de l’information économique ;
– la mobilisation des appuis auprès du Gouvernement et des PTF pour accompagner les activités de sensibilisation/formation menées par les organisations du secteur privé;
– la réalisation d’une étude sur les opportunités d’exportation vers le marché de l’UE ;
– le renforcement de la communication sur les opportunités de financement des PTF, notamment par l’élaboration et la vulgarisation d’une cartographie de ces opportunités ;
– etc.
Un secrétariat technique de suivi se réunira au cours du mois de mars pour finaliser la feuille de route et plancher sur les modalités de mise en œuvre et de suivi des actions à déployer dans une démarche partenariale.
Les mots de clôture du Ministre et des Présidents des organisations du secteur privé ont été ceux exprimant leur reconnaissance et satisfaction mutuelle pour la disponibilité et l’engagement pour un nouveau départ dans le partenariat MINEPAT / Secteur privé.
Source: Minepat