Les hommes en tenue saluent le comportement exemplaire ayant précédé le premier match des Lions indomptables à la CAN.
«Si les Lions indomptables jouent tous les jours, ce pays sera discipliné», voilà une des expressions émises par un officier de police dirigeant la circulation, ce 15 janvier 2024 au quartier Ekounou. Nous sommes dans le 4e arrondissement de la ville de Yaoundé. Le policier salue le comportement inhabituel qui caractérise les Yaoundéens ce jour-là. La discipline observée chez la quasi-totalité des automobilistes tranche avec l’indiscipline caractérielle souvent observée à cet endroit. Taximen et autres conducteurs prêchent par le bon exemple.
En réalité, souffle un observateur aguerri, c’est parce que les Lions indomptables jouent ce soir que les gens sont aussi rangés. Il n’a pas tort. Au carrefour Ekounou, il est 14h et nous sommes à 3 heures du début de la rencontre. Le carrefour est en pleine ébullition. La plupart des personnes s’attellent à rentrer chez elles pour regarder les poulains de Rigobert Song Bahanag jouer.
Les policiers en factions dans la circulation n’ont pas autant de travail que d’habitude aux mêmes heures. Ils ne crient pas, ne menacent pas. Parce que les conducteurs respectent les feux et ils s’alignent de façon mécanique. «C’est la toute première fois que je vois les mototaximen respecter le code de la route. Chef, ils respectent le code aujourd’hui», s’exclame une policière, s’adressant à plus gradé qu’elle. Autre curiosité, les vendeurs de drapeaux et maillots et autres gadgets et les tatoueurs. Contrairement à leurs habitudes, évitent de marcher entre les véhicules pour proposer leurs produits. Ils appellent les clients tout en restant sagement sur le trottoir.
Awae escalier, un des carrefours où l’on enregistre le plus de trafic, circule au même rythme. Les mototaxis et les voitures «clandos» desservant la ville de Mfou, habituellement à l’origine bouchons interminables s’auto-disciplinent. Même les conducteurs des semi- remorques s’étonnent de voir une circulation fluide, surtout que les policiers ne sont pas à l’arbitrage de la circulation. Dans un camion plateau transportant le ciment, prenant visiblement la direction de Nkoabang (Nkolafamba), un chauffeur sort la tête du véhicule. Il s’exclame de voir la discipline dont font montre les citoyens. «Mince alors, s’écrie-t-il, les Lions sont fort! Les motos et les petites voitures ne manœuvrent pas au carrefour», s’étonne l’automobiliste.
Odza
C’est le même constat au petit marché Odza. Ce carrefour toujours embouteillé donne moins de travail aux policiers qui y dirigent la circulation. Pourtant à ces «heures de pointe», Mama Eto’o policière célèbre dans ce coin de la ville de Yaoundé est toujours nerveuse lorsqu’elle dirige la circulation, du fait du désordre des usagers. Selon Hervé, un amateur de football et de réseaux sociaux rencontré non loin de là, cette situation s’explique par la rivalité entre la Côte d’Ivoire et le Cameroun.
André Gromyko Balla