Le secteur du poulet de chair connait un véritable marasme à Yaoundé.
Du marché Mvog-Ada au marché Mokolo, en passant par ceux de Mvog Mbi et Ekounou, le constat est le même. Ici et là, le poulet de chair est devenu un produit luxe dans la capitale camerounaise. Et c’est ce qui est observé depuis la fin du mois de janvier 2021. «Nous avons des problèmes d’approvisionnement à cause des difficultés que rencontre les fournisseurs», affirme Jean, revendeur du marché de Nkol-Ewé dans le 4e arrondissement. Dans ledit marché, les commerçants qui d’habitude se discutent les clients sont soit couchés sur leurs comptoirs, soit parlent de politique et de football. Au marché de Mvog-Mbi, une femme qui vient pour l’achat du poulet de chair pour sa réunion se querelle avec un revendeur, se lamentant et estimant qu’il exagère avec les prix. «2500 à 4000, ce n’est pas vrai», crie-t-elle. «Le problème n’est pas à note niveau. Pour avoir du poulet, je passe au moins quinze appels et tout est plus couteux», riposte le revendeur. Et il ajoute : «prends alors les pondeuses» pour consoler la femme.
De plus, le marché du poulet d’Ewé est moins ravitaillé présentement. «Nous ne recevons qu’à peine cinq camions au lieu de 15 au minimum, c’est la vache maigre», tient à préciser Jonas, intermédiaire du secteur. À Mokolo et Ekounou, le constat est le même, les cases sont vides, on peut compter à peine 10 poulets dans les comptoirs. Les producteurs viennent passer du temps auprès de leurs clients et amis revendeurs, puisque les poulaillers n’ont presque plus leurs habitants habituels, à savoir les sujets dans les fermes. Les revendeuses quant à elles sont plus résilientes, elles proposent d’autres produits comme les sacs d’emballage, les épices de différents ordres. Le tour fait dans ces différents marchés montre un changement des prix. Effa, la trentaine, jouant au Ludo, nous présente les prix. Les sujets passent de 2800 à 4000 francs pour un poulet de 21jours. Celui de 1800 Coûte désormais 3300 FCFA.
La cause
La pénurie de poulet de chair dans le marché vient principalement de l’Europe, puisque le pays dépend des exportations des sujets parentaux. Et tous les acteurs du secteur pointent un doigt accusateur sur la grippe aviaire et la pandémie de Covid-19. «Ce sont ces deux pandémies qui empêchent l’arrivée des sujets parentaux (sujets qui pondent des œufs) en Afrique». Un tour effectué dans une ferme à Ekounou nous a permis de voir la réalité. «Je n’ai reçu que 300 poussins au lieu de 1000 mensuellement, j’ai du payer le poussin à 800 au lieu de 650 FCFA. Ceci avec un mois de retard», nous présente Fritz Ntsama, propriétaire du poulailler. La tentative effectuée auprès l’IPAVIC (groupement des éleveurs) n’a été fructueuse.
André Balla Onana (stagiaire)