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Manuels scolaires : les pages noires d’un système

D’après un rapport de la Fondation Friedrich Ebert Cameroun/Afrique centrale, contenus indigestes et acteurs mal outillés feuillètent le secteur au grand détriment des apprenants et des parents.

 

«Des livres fiables, lisibles, didactiques et accessibles». Telle est la conclusion d’un comité d’experts triés sur le volet par la Fondation Friedrich Ebert Cameroun/Afrique centrale. Dans un rapport détaillé les 6 et 7 avril dernier à Maroua, enseignants d’université et chercheurs disent avoir examiné le manuel scolaire comme «un outil pédagogique, didactique, scientifique et culturel, mais aussi comme un bien économique». En partant d’un diagnostic de crise largement partagé et documenté, ces experts se montrent particulièrement lucides sur les «impasses des pratiques actuelles». Ils en indiquent les anomalies et en sondent à chaque fois l’inquiétante profondeur. «En parcourant quelques-uns des livres utilisés par nos enfants, plusieurs données trahissent l’existence d’un écart significatif entre les programmes officiels et les contenus des manuels scolaires retenus. Cela se perçoit autant dans leurs critères de scientificité que dans leur capacité à permettre une transmission efficace et efficiente des savoirs», déplore le rapport.

Propositions
En conséquence, avisent ses rédacteurs, cela fausse l’objectif d’autonomisation progressive par l’acquisition de compétences opérationnelles. Sur cette base, ils proposent alors quelques pistes de solutions. Au niveau de la formulation des objectifs généraux des programmes, suggèrent-ils, il y a lieu d’insérer la dimension d’adaptation au contexte global qui suppose les compétences indiquées pour le 21ème siècle. Les objectifs devraient décloisonner les disciplines pour accroître leur complémentarité et leurs capacités à former.
Au niveau de l’aspect scientifique et pédagogique; «il s’impose la création d’une vraie instance constituée d’inspecteurs pédagogiques, d’experts universitaires dans le domaine des sciences de l’éducation et des matières des programmes».

Les manuels scolaires en usage dans les écoles, lycées et collèges au Cameroun se trouvent au cœur de vives polémiques sur leur qualité. Ce n’est pas nouveau. Chaque changement de programmes scolaires et chaque rentrée apportent leurs campagnes de presse qui reprennent ces antiennes: libéralisation du marché et mondialisation. Certes des efforts sont faits, mais il serait irréaliste de prétendre que ce secteur a retrouvé une certaine quiétude. En novembre 2017, Philémon Yang, alors Premier ministre, par la circulaire N° 002/CAB/PM, et d’un ton acerbe, dressait ainsi l’état des lieux: «Il m’a été donné de constater, pour le déplorer, le non-respect de l’éthique et la violation persistante de la réglementation en vigueur dans le choix, la production, la distribution et la durée d’utilisation du livre, du manuel scolaire et autres matériels didactiques. Toutes choses qui se traduisent notamment par des conflits d’intérêt et des délits d’initié, l’amateurisme dans l’élaboration et l’édition du livre, du manuel scolaire et autres matériels didactiques, avec un effet multiplicateur sur leur nombre, ainsi que leur pénurie artificielle sur le marché. Il en résulte une augmentation du coût d’accès à l’éducation pour les familles et des risques sur la santé des apprenants, du fait du poids de plus en plus élevé des cartables».

JRMA

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