Partis des domiciles pour l’école le 29 janvier dernier, ils restent introuvables au moment où nous allions sous presse. Sans nouvelles, leurs familles vivent dans l’angoisse.
C’est une atmosphère triste qui prévaut ce vendredi 02 février 2024 au domicile de Rigobert Takam au quartier Ekié (Yaoundé 4e), lieu-dit Pays-Bas. Le père de Manuel Nana Takam (13 ans), élève de la classe de 4e espagnol au lycée bilingue d’Ekounou, n’a pas revu son fils depuis maintenant cinq jours. «Il est sorti de la maison à midi lundi dernier comme à son habitude et habillé en tenue du lycée. Sa mère lui a donné son argent de poche et lui a dit au revoir», renseigne le parent.
Aujourd’hui la famille vit dans l’angoisse et la peur du lendemain. «Je ne ferme pas les yeux. Je me suis rendu au commissariat du 14e et à la brigade de recherche de la gendarmerie à Emombo. Puis, on m’a envoyé à la gendarmerie nationale du Lac, au service (COG). Ils ont lancé des alertes devant moi. On a aussi lancé des alertes dans les réseaux sociaux», explique le géniteur de «Manu» sous le choc. «Chaque fois que j’entends le ronflement d’une moto qui ralentit devant la maison, j’ai espoir de le voir descendre. Les nuits, on les passe au salon pour que, s’il toque à la porte, on lui ouvre rapidement. Je veux bien savoir ce qui a pu passer dans sa tête pour en arriver là», se demande-t-il en larmes.
Délinquance ou kidnapping
Selon son témoignage, le petit «Manu», une fois parti de la maison, a rejoint un groupe de trois autres camarades. Puis, ils se sont rendus au domicile de l’un d’eux situé à proximité de l’établissement. Sans doute, c’était le lieu de rassemblement avant de prendre la route, a-t-il appris, pour se rendre à Douala. «En quittant la maison, il avait apprêté un autre sac en dehors de son cartable dans lequel il a certainement rangé son nécessaire. Ensuite, il n’est même pas entré au lycée. Il est directement allé retrouver les autres chez son ami qui habite en face du lycée. Là-bas, ils se sont changés. Il n’est plus jamais revenu jusqu’à présent. On nous dit qu’ils seraient allés à Douala». En plus de Manuel Nana Takam, «ils» c’est Abessolo, Abe Atangana Stéphane Ulrich (4eE4) et Bidoung Moïse. Depuis ce lundi 29 janvier 2024, ils sont quatre élèves qui ne répondent pas à l’appel dans leur salle de classe de 4e espagnol 4 au lycée bilingue d’Ekounou. Le proviseur de l’établissement, mis au courant, a organisé une concertation le 02 février dernier avec les parents des disparus. Au cours de celle-ci, plusieurs élèves de cette classe ont été auditionnés en présence des familles. Un collectif des parents victimes de ce coup dur s’est également formé.En attendant, au milieu de cette ambiance d’angoisse et de tristesse, les familles des jeunes lycéens restent taraudées par de nombreuses questions. Ont-ils été enlevés? Comment des adolescents de leurs âges peuvent-ils partir de leurs maisons respectives sans laisser de trace?
Joseph Ndzie Effa (stagiaire)