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Lutte contre la vie chère : Entre sens et non-sens

De l’avis de quelques économistes, les initiatives gouvernementales en faveur des consommateurs sont entachées de paradoxes.

Au Cameroun, l’inflation a bondi de 9,12% en 5 ans, d’après l’Institut national de la statistique (INS). De façon plus précise, souligne cet organisme public, le taux d’inflation est passé de 0,6% en 2017, à 1,1% en 2018, à 2,5% en 2019, de même qu’en 2020. Cette tendance haussière a légèrement baissé en 2021, pour se situer à 2,3%. La cause de cette situation est connue: «le regain des prix des produits alimentaires (+12,5%), des «articles d’habillement et chaussures» (+10,6%), du «logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles» (+8,4%), des restaurants et hôtels (+12,8%), ainsi que ceux des transports (+6,4%)».

Regards

Pour inverser la tendance, les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de mesures. Celles-ci vont du contrôle des prix à la lutte contre la concurrence déloyale, en passant par la promotion de la production locale et des subventions sur quelques produits. Seulement, aux yeux de certains économistes, ces initiatives engendrent deux effets de portée contradictoire. «Plutôt que d’opérer un traitement économique des causes de l’inflation, elles affaiblissent, d’une part, le consommateur et, d’autre part, elles suggèrent un traitement purement social des conséquences», postule Dr Jean-Pierre Mendouga. Pour cet universitaire, la force de l’État est de jouer les régulateurs; sa faiblesse, en retour, est d’être incapable de faire fonctionner de vrais amortisseurs pour absorber le choc. «On se tire presque toujours une balle dans le pied en pensant que l’inflation causée par une crise exogène serait effacée par la reprise économique. Alors que, entre-temps,   les gains de productivité diminuent, la constitution de monopoles est favorisée, les investissements utiles sont négligés», s’alarme Dr Jean-Pierre Mendouga.

Lire aussi : Vie chère : Le point de non retour

De son côté, Dr Louis Marie Kakdeu déplore la disparition de l’État-stratège «qui anticipe et qui planifie». L’économiste tient un exemple: «sachant qu’il y aurait crise alimentaire en 2021, le gouvernement camerounais, au lieu d’encourager la production locale du riz, du manioc, du maïs, du mil… ils ont plutôt donné des exonérations fiscales à la banane que personne ne mange au Cameroun». «Une telle situation est suicidaire dans un contexte comme le nôtre où l’économie repose sur les services et la consommation, avec un secteur productif privé laminé et un État obèse», appuie Gertrude Takam, une autre universitaire.

 

                                                          Jean René Meva’a Amougou

 

 

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