Lom Pangar: Fleur exquise de la coopération franco-camerounaise

Avec le concours de l’Agence française de développement (AFD), le barrage affiche aujourd’hui fière allure.

 

Au moment où nous mettions sous presse, la visite de S.E. Gilles Thibault sur le chantier de construction du barrage de Lom Pangar, dans la région de l’Est, ne relevait plus des improbabilités. Il était certain qu’au courant de cette semaine, l’ambassadeur de France au Cameroun descendrait sur le site. Le plénipotentiaire français y va surtout parce que son pays, à travers l’Agence française de développement (AFD), est l’un des bailleurs de fonds de Lom Pangar. En effet, l’AFD a financé les travaux de construction du barrage de retenue d’eau à hauteur de 39, 3 milliards de francs CFA.

 

Indice de confiance

S.E. Gilles Thibault est le troisième ambassadeur français à s’y rendre. Sa visite est un bien meilleur tremplin pour remettre d’autres séjours de ses prédécesseurs au goût du jour. Il est en effet sur les traces de Bruno Gain et de Christine Robichon. Ces ex-ambassadeurs de France au Cameroun avaient officiellement foulé le sol de Lom Pangar en août 2012 et décembre 2015 respectivement. Lors des étapes de négociations relatives au financement du projet, le premier avait qualifié celles-ci de «moments de grande satisfaction et d’émotions», «l’aboutissement d’un vaste travail d’équipe». «Cela représente 10 années de discussion, parfois émaillées de moment de doutes». Cela laisse deviner le format de l’implication de la France dans la réalisation du barrage de Lom Pangar. Présent aux côtés d’autres bailleurs de fonds à l’étape des négociations des accords de prêt, l’Hexagone via son agence de développement, a aussi contribué à assurer un pilotage efficace des travaux en respectant le plan de gestion environnemental et social destiné à compenser les impacts négatifs du barrage. Elle s’est attachée à la gestion durable des chantiers, de la retenue et des impacts avals, ainsi qu’à l’atténuation des impacts sociaux et la gestion du massif forestier de Deng Deng. Cela a été concrétisé par le besoin de la création d’un milieu protégé des incursions humaines, afin d’assurer la conservation permettant aux espèces animales et en particulier aux populations de grands primates de se maintenir dans la région, en contrepartie de la dégradation inévitable de la biodiversité liée à la construction, la mise en eau du barrage ainsi qu’aux infrastructures et différents travaux associées (exploitation de sauvegarde, création de la ligne de transmission électrique Bertoua – Lom Pangar, routes d’accès, cités ouvriers et cadres des divers intervenants). L’AFD a préparé in fine l’exploitation pérenne de l’ouvrage y compris la gestion des ressources en eau. «Cela a appelé à la mise en place de mécanismes de coopération effectifs à différentes échelles, allant du régional à l’international, afin d’aller au-delà de la vision idéalisée du renforcement des liens entre la France et le Cameroun», déclarait en janvier 2017, Louis-Paul Motaze alors ministre de l’Economie, du Plan et de l’Aménagement du territoire (Minepat).

 

Transfert de technologie

Une manifestation parmi les plus en vue de ces liens réside dans la faculté des deux pays à développer une capacité de négociation collective et à peser davantage sur les processus de décision au sein des enceintes internationales. En effet, pour obtenir des financements pour le démarrage du projet, le Cameroun et la France ont tablé sur un objectif à long terme, c’est-à-dire prise en considération à la fois le besoin actuel et le besoin du futur. A ce jour, le standing du barrage illustre l’étendue cette plate-forme franco-camerounaise. Sur le terrain, en cette mi-mars 2018, le barrage provisoirement réceptionné le 30 juin 2017, est tenu par des nationaux. Le transfert de technologie au personnel du maître d’ouvrage, Electricity Development Corporation (Edc) a inauguré l’entrée en scène des personnels ingénieurs et techniciens formés par le constructeur China Water and Electricity (CWE). A ce jour, ils assurent assurer la gestion optimale de ce projet. Depuis le lancement du chantier, le transfert technologique de cette entreprise chinoise vers son partenaire EDC a connu différentes modalités de mise en œuvre : joint-ventures, voyage de personnel et échanges d’informations.

 

 

Journées de l’entrepreneuriat éthique au Cameroun

Le financement des projets est effectif

L’un des lauréats du business plan compétition de la 9ème édition des JEC bénéficie de l’accompagnement promis à la faveur de la descente sur le terrain de la commission de financement des projets.

 

«Les travaux avancent sur le terrain et si possible d’ici une semaine tout sera achevé. Je suis content de l’accompagnement que m’offre les JEC tout en étant cependant conscient que j’ai des obligations notamment le remboursement de ce financement qui m’est octroyé sans taux d’intérêt. Ce qui n’est pas négligeable». Ces propos sont de Hubert Wakap, le bénéficiaire du financement des Journées de l’entrepreneuriat ethique au cameroun (JEC) à l’issu du concours de business plan de l’édition 2017 qui s’est tenue du 09 au 11 Novembre dernier à Yaoundé. Conduite par Annie Toko, la commission des financements sociaux des JEC est descendue sur le terrain le 09 mars 2018 avec la deuxième volet du financement en vue de poursuivre l’agrandissement de l’unité de production d’un restaurant situé à la cité universitaire de l’université de Yaoundé I. Cet appui dont le bénéficiaire remboursera à échéance à 0% de taux d’intérêt consiste à la construction d’une cuisine, d’une salle d’eau et à l’agrandissement de la capacité d’accueil du restaurant. A travers ce financement qui provient des mécènes, partenaires et contribution des membres du comité d’organisation des JEC, «les JEC veulent lutter contre le chômage et la pauvreté par la stimulation/promotion de l’esprit entrepreneurial» déclare Erika Lindou, promoteur des JEC. En effet l’un des volets principaux des JEC qu’est le Business Plan Competition, instauré il y a 6 ans déjà, suscite beaucoup d’intérêt de la part des porteurs de projets pour qui le financement reste un des blocages. Alors que la 10ème édition se profile à l’horizon après la 9ème qui a eu pour thème «Entreprenariat pour tous», le comité d’organisation des JEC poursuit l’aventure en consolidant les acquis de cette plate-forme dont les récentes innovations au rang desquelles le changement de dénomination (désormais Journées de l’Entreprenariat Ethique au Cameroun) et le changement de site (de l’hôtel de ville au palais des sports) visent à faire comprendre aux uns et aux autres que cet évènement s’adresse à tous les citoyens quelles que soient leurs obédiences et qu’il vise une envergure nationale, voire internationale. Au fil des éditions, les Journées de l’Entreprenariat Ethique au Cameroun (JEC) se sont imposées comme un rendez-vous incontournable où durant trois jours les valeurs entrepreneuriales sont transmises aux participants par des experts de tous bords. L’objectif est de contribuer à l’effort du gouvernement dans la lutte contre le chômage et la pauvreté qui gangrènent les populations camerounaises et hypothèquent l’émergence du pays. En choisissant de financer directement l’outil et l’unité de production de ceux qu’ils soutiennent au lieu de leur remettre l’argent à mains propre, les organisateurs des JEC entendent participer plus concrètement à la matérialisation des projets issus des business plans retenus pour plus d’efficacité, de traçabilité et d’efficience.

 

Bobo Ousmanou

 

 

Livre

Des chroniques de Valentin Zinga, version compilée

L’ancien journaliste a dédicacé son ouvrage «Cameroun : chronique d’une démocratie assistée» le 13 mars dernier à Yaoundé.

 

L’histoire du Cameroun vous assomme ? Biya, Fru Ndi, Samuel Eto’o, la démocratie…: toute cela vous fait bâiller ? Valentin Siméon Zinga vous réveille. Ce journaliste de formation a conçu pour vous un petit bijou d’intelligence et de drôlerie, une promenade buissonnière à travers le sérail. Il est intitulé, «Cameroun: chronique d’une démocratie assistée», paru cette année aux éditions Ifrikya. Le livre a été officiellement présenté et dédicacé le 13 mars 2018 à l’Institut français du Cameroun, antenne de Yaoundé. Ses 292 pages ne dégagent pas une odeur d’encre fraîche. «Le livre est une compil des chroniques de l’auteur dans son époque journalistique», indique le chercheur Stéphane Akoa en posture de critique littéraire. «Le livre n’a pas été écrit ce jour, mais hier et avant-hier», ironise-t-il. Voilà pour le paratexte. Texte et prétexte Le texte, lui, ressemble à un jardin d’allées bien taillées et de phrases bien rectilignes… Une «grande» chronique rafraîchissante menée tambour battant par un conteur hors pair. Hors pair parce que Zinga aime inventer des mondes, ranger les mots dont il apprécie la sonorité dans son «tiroir à mots», et surtout écrire. Ecrire avec une touche comico-kafkaïenne, avec ses formules qui font mouche et ses grands moments de n’importe quoi. Au finish, «Cameroun: chronique d’une démocratie assistée» est un tableau de la high class de la société et des absurdités du quotidien. «C’est aussi une farce sur un monde qui se construit en même temps qu’il se démolit», selon Stéphane Akoa. Cela tient pour un prétexte. De là, le public de l’IFC s’indigne, il s’amuse. Et il en redemande. Parce que l’ancien journaliste de La Nouvelle Expression n’a rien perdu de sa verve pour tomber à plume raccourcie sur un système politique camerounais pourri jusqu’à la moelle à certaines de ses parties. Avec une langue riche, l’auteur s’emploie à dévoiler les coulisses de la scène du pouvoir, mêlant finesse psychologique et fond historique. En fait, Zinga propose de l’accompagner dans ses vagabondages journalistiques dont il a le secret. Se défendant de faire oeuvre d’historien, notre guide nous ramène néanmoins, avec force détails érudits et anecdotes savoureuses, dans un passé passionnant où l’on croise le président de la République, le ministre, le Lion indomptable et… «le gourou de Mballa II».

 

Jean-René Meva’a Amougou

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *