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Zone Cemac : L’étrange résurrection de la BDEAC

Contre toute attente, la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale se porte bien. Cette embellie se traduit par un bénéfice net en progression de 426 % en 2018. Les actionnaires en ont eu le cœur net, le 20 avril 2019, au cours de la première réunion de l’Assemblée générale de la Banque, dans sa nouvelle configuration issue des réformes.

 

Une nouvelle ère s’ouvre à la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC). La Banque sous-régionale de développement dispose dorénavant d’un cadre réglementaire solide, avec des instruments de gouvernance les plus modernes et les plus efficaces. Désormais, les postes de président de la BDEAC et de président du Conseil d’administration sont séparés. De même, la Banque dispose à présent d’un comité de crédit et d’un comité de rémunération. L’indépendance du comité d’audit a été renforcée. Ainsi, on aura désormais trois administrateurs indépendants dont l’un se verra confier la présidence. En outre, des dispositions particulières relatives aux questions d’éthique et de déontologie, applicables au personnel en général et spécifiquement au président et au vice-président, ont été élaborées. La politique et les procédures de financements complémentaires sont arrimées aux standards internationaux ainsi que la politique et la procédure d’annulation des prêts.

L’avènement de ce nouveau cadre réglementaire va de pair avec les résultats de la Banque à travers des indicateurs de gestion, tous orientés à la hausse. Les actionnaires ont pu le constater, le 20 avril 2019 à Malabo, au cours de la toute première réunion de l’Assemblée générale de la BDEAC, dans sa nouvelle configuration issue des réformes. Sous la présidence du ministre des Finances du Cameroun, Louis-Paul Motaze, l’Assemblée générale a examiné le rapport de gestion du président de la Banque, des rapports des commissaires aux comptes présentés par les cabinets Price Waterhouse Coopers et Grant Thornton.

L’on apprend ainsi que, pour l’exercice clos le 31 décembre 2018, les comptes de la Banque font ressortir un résultat net bénéficiaire de 12,1 milliards de francs CFA, contre 2,35 milliards en 2017, soit une progression de 426 %. La marge d’activité bancaire s’établit à 19,4 milliards de francs CFA, contre 14,1 milliards de francs CFA en 2017, enregistrant ainsi une variation positive de 24 %. Le résultat d’exploitation de la Banque a plus que doublé en 2018 par rapport à 2017, puisqu’il s’établit à 8,4 milliards de francs CFA contre 3 milliards de francs CFA au cours de l’exercice précédent. Toutes choses qui, estiment les actionnaires, illustrent la bonne qualité à la fois du portefeuille et des transactions effectuées par la Banque en 2018, et surtout la maîtrise des charges d’exploitation.

En ce qui concerne le portefeuille des prêts de la Banque, le rapport d’activités, présenté par le président de la BDEAC lors de l’Assemblée générale du 20 avril 2019, indique que «l’encours global des prêts performants à la clientèle a progressé de 11,5 % pour s’établir à 386,2 milliards de francs CFA en 2018, contre 336,9 milliards en 2016», lit-on. De même, «la qualité du portefeuille s’est améliorée. Le niveau de créances performantes est passé de 85 % au 31 décembre 2016, à 96 % au 31 décembre 2018», écrit Fortunato Ofa Mbo Nchama.

Pour ce qui est des décaissements, le président de la BDEAC explique dans son rapport d’activités que «les efforts de mobilisation de ressources auprès des partenaires non régionaux ont permis à la Banque de décaisser 93,2 milliards de francs CFA, dont 28,2 milliards en 2017 et 65 milliards en 2018.» Cette performance classe d’ailleurs l’exercice 2018 en deuxième position en termes de volume de décaissement, depuis la création de la BDEAC.

Ferdinand Sona

Cemac

Des financements de la BDEAC pour huit projets

Sur les 151 milliards de FCFA de prêts approuvés le 19 avril 2019 par conseil d’administration de la Banque, la Guinée Équatoriale s’en tire avec 54,54% de l’enveloppe, contre 29,36 % pour le Gabon, 11,74% pour le Congo et 4,35% pour le Cameroun.

Les actionnaires satisfaits par la progression exceptionnelle des résultats de la Banque

Transport aérien, logement, santé, hôtellerie, éducation, ciment, agriculture et produits pharmaceutiques. Voilà les secteurs qui recevront bientôt les financements de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC). Réuni le 19 avril 2019 à Malabo en Guinée Équatoriale, le Conseil d’administration de la Banque de développement sous régional, dans sa nouvelle configuration (présidée par un ministre des Finances de la Cemac en l’occurrence Louis-Paul Motaze, ministre des Finances du Cameroun), a approuvé les propositions de financement de huit projets, pour un montant global de 151 milliards de FCFA.

Cet argent frais est destiné à la construction du nouveau terminal à passagers de l’aéroport international de Bata, en Guinée Équatoriale ;la construction de 1000 logements à Okolassi par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) du Gabon ; le renforcement du Centre hospitalier universitaire de Brazzaville (CHU-B) au Congo ; le financement partiel du projet d’installation d’une unité de fabrication, de conditionnement et d’emballage des produits pharmaceutiques à Ollombo au Congo ;la construction d’un hôtel 4 étoiles à Douala au Cameroun ;l’extension du Groupe scolaire Du Vaal à Douala ;le financement du projet de création d’un complexe agropastoral ainsi que la construction d’une usine de ciment colle à Bata.
Selon des sources proches de l’institution, deux projets ont particulièrement retenu l’attention des administrateurs, en raison des milliers d’emplois qu’ils devraient générer, mais aussi par leur portée exceptionnelle.

Il s’agit du projet de construction de la nouvelle aérogare de Bata et du projet de renforcement du Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville. Le premier soutiendra davantage le positionnement stratégique et économique de la Guinée Équatoriale tant à l’intérieur du pays qu’au plan régional, du fait de sa proximité avec le Cameroun et le Gabon. Le deuxième quant à lui, apportera une solution sanitaire efficace aux populations congolaises qui disposeront ainsi d’une structure plus fiable.

Les huit projets, dont les financements ont été approuvés le 19 avril 2019 dernier, constituent la première vague des 14 nouvelles opérations programmées cette année. Déjà évalués et examinés par les différents comités internes, ces 14 projets portent sur un montant total de 243,6 milliards de francs CFA. Les six opérations restantes devraient être soumises à l’approbation du Conseil d’administration lors de ses prochaines sessions.

En 2018, la BDEAC a approuvé neuf opérations, pour un montant total de 93,9 milliards de francs CFA. De façon cumulée, c’est donc un total de 23 projets d’un montant consolidé de 337,5 milliards de francs CFA qui devrait être atteint au terme de cette année, soit une moyenne annuelle d’environ 168,8 milliards.

Ferdinand Sona

BDEAC

Fortunato Ofa Mbo Nchama, l’homme de la modernisation

La crédibilité et le rayonnement retrouvés, et la notation financière à venir devraient permettre à la Banque de rassurer encore plus les investisseurs et lever plus de ressources financières sur les marchés, à des coûts abordables.

Fortunato Ofa Mbo Nchama, l’homme de la situation

Lorsqu’il prend ses fonctions à la tête de la Banque sous -régionale de développement, le 18 mars 2017, Fortunato Ofa Mbo Nchama trouve une institution dans un état critique : un résultat déficitaire de 8,9 milliards de francs CFA en 2016 ; des pertes cumulées au bilan de 17 milliards de francs CFA ; une trésorerie d’à peine 2 milliards, soit la limite minimale statutaire ; un déficit entre engagements et ressources d’environ 430 milliards de francs CFA. Une situation qui avait contraint la Banque en 2017 à suspendre les décaissements et la prise de nouveaux engagements jusqu’à la reconstitution de la trésorerie.

Aujourd’hui, «la BDEAC se trouve sur une bonne trajectoire», constate l’Assemblée générale tenue le 20 avril 2019 à Malabo. Pour arriver à ce résultat, rappelle le président de la Banque, Fortunato Ofa Mbo Nchama, il a fallu diligenter une batterie de mesures à court, moyen et long termes en vue de réformer véritablement l’institution. Il s’agit entre autres de la mise en cohérence de ses textes de base avec sa nouvelle ambition ; l’adoption d’un nouveau corpus de textes pour la gestion plus moderne des ressources humaines ; la mise à niveau de la Banque en vue de sa notation financière par un cabinet de renommée internationale ; la présentation des états financiers aux normes IFRS et son accréditation au Fonds vert pour le climat. L’on ne doit pas oublier les décisions prises par la Conférence des chefs d’État du 25 octobre 2018 à N’Djamena [séparation des fonctions de président de la BDEAC et de président du Conseil d’Administration ; création du Comité de crédit et création du Comité de rémunération, NDLR].

Crédibilité et rayonnement
Le président de la Banque pense que toutes ces réformes doivent conduire à la notation financière de la BDEAC par une agence de notation de renommée internationale. Cette notation doit se faire au cours du présent exercice 2019. Elle permettra ainsi à son institution de mobiliser de meilleures ressources financières pour atteindre le volume de financement projeté dans le plan stratégique 2017-2022.

Déjà, «les mesures de sauvegarde financière initiées (couplées avec des actions agressives de mobilisation de ressources hors Cemac) ont permis à la Banque d’enregistrer une performance satisfaisante au cours des deux dernières années. Tous les indicateurs ont progressé de manière positive», se félicite Fortunato Ofa Mbo Nchama.

Au total, les ressources d’emprunts mobilisées par la BDEAC au cours des exercices 2017 et 2018 s’élèvent à 119 milliards de francs CFA en trésorerie, auxquelles s’ajoutent 328 milliards de francs CFA pour le cofinancement des projets dans la zone Cemac. Ces résultats sortent ainsi la BDEAC de sa traditionnelle position d’attentisme vis-à-vis des apports financiers de ses actionnaires. En volume et en nombre, «c’est plus que toutes les ressources extérieures mobilisées par la BDEAC au cours des 40 premières années de son existence (1977-2017)», insiste-t-on du côté de la BDEAC.

De quoi justifier la reconnaissance internationale dont a fait l’objet la Banque en 2018, à travers le prix du financement exceptionnel des projets durables qui lui a été décerné le 14 juillet 2018 à Karlsruhe en Allemagne par l’Organisation européenne du développement durable (EOSD). Il s’agit de la reconnaissance internationale des impacts sur l’autonomisation économique des femmes, des aménagements connexes financés par la Banque dans le cadre du projet routier Batchenga-Ntui-Yoko au Cameroun.

Ferdinand Sona

 

Développement

La BDEAC, au service du bien-être des populations

La Banque s’attèle à jouer pleinement son rôle en tant qu’acteur majeur dans le financement du développement et l’intégration dans la zone Cemac.

Des financements à fort impact socio-économique

Sauf cas de force majeure, la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) devrait financer 14 nouvelles opérations cette année, pour un montant total de 243,6 milliards de francs CFA. La réalisation de ces projets devrait contribuer au bien-être des populations de la Cemac. La Banque entend ainsi se positionner comme un acteur majeur du développement dans la sous-région. Dans le rapport d’activités présenté au cours de l’Assemblée générale de la BDEAC, le 20 avril 2019 à Malabo, le président de la Banque, Fortunato Ofa Mbo Nchama a évalué l’impact des opérations de son institution sur la population de la sous-région.

De son exposé, il ressort que les projets instruits par la Banque sur les deux dernières années contribueront à créer environ 95 000 emplois pendant la phase de mise en œuvre, dont 38 000 emplois directs et 57 000 emplois indirects. Ce faisant, des salaires globaux de 340 milliards de francs CFA seront versés aux travailleurs pendant cette période. En phase d’exploitation, ce sont au total 18 000 emplois (directs, indirects et induits) qui seront créés, générant des salaires globaux annuels de 43,2 milliards de francs CFA. Ces interventions impacteront directement sur 113 000 familles, soit un échantillon de 678 000 personnes, ce qui représente 1,4 % de la population totale de la zone Cemac.

En outre, soutient Fortunato Ofa Mbo Nchama, les financements apportés par la BDEAC contribueront au bitumage de 1300 km de routes dans les zones actuellement difficiles d’accès, permettant ainsi le désenclavement d’une population estimée à près de 2 800 000 habitants, soit 5,6 % de toute la population de la zone Cemac.

Dans le secteur de la santé, les travaux de réhabilitation des infrastructures hospitalières contribueront à aménager près de 1250 lits et à équiper convenablement ces établissements. Ils permettront ainsi un plus grand accès des populations aux soins de santé de qualité et à moindre coût.

Au niveau énergétique, les opérations financées par la Banque favoriseront l’accès à l’électricité de près de 105 000 ménages (soit une population totale de 630 000 personnes), représentant environ 1,3 % de la population de la zone Cemac.

En dehors de ces impacts socio-économiques, les interventions de la Banque viendront soutenir directement une centaine d’entreprises dans le cadre de leurs investissements. Ces entreprises pourront ainsi mieux se développer et augmenter leurs rentabilités financières et opérationnelles.

Par effet de levier dans le cadre des cofinancements, les financements apportés par la Banque vont contribuer à drainer près de 1500 milliards de francs CFA dans la zone Cemac, soit 3,8 % du PIB de toute la zone en 2018.

Ferdinand Sona

 

Mobilisation des ressources

Les milliards du Fonds vert pour le climat font saliver

Depuis l’exercice 2017, la BDEAC est engagée dans un processus d’accréditation au Fonds vert pour le climat (FVC). Il s’agit du plus important fonds au monde dédié au financement de la lutte contre le changement climatique. Il est doté d’un budget de 9,9 milliards dollars (environ 5 891 milliards de francs CFA).Toutefois, seules les entités accréditées auprès de ce Fonds sont habilitées à présenter des projets et programmes à son financement.

Malgré son ambition d’atteindre une répartition géographique équilibrée des projets de son portefeuille, les activités du FVC en Afrique centrale sont très erratiques. À ce jour, le FVC compte 75 entités accréditées, dont 41 à accès direct. Ils fournissent aux pays en développement des moyens d’accéder aux ressources du Fonds, ainsi que par l’intermédiaire de ses entités internationales accréditées.

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