L’enfer, c’est les autres

La maxime, certaines équipes d’Afrique du Nord l’ont appliquée de façon criarde durant cette CAN.

Le coach algérien Djamel Belmadi

Trois buts contre un devant la Côte d’Ivoire, les Fennecs ont bu leur dernière tasse hier au stade Japoma à Douala. Les Éléphants ont sèchement éliminé l’Algérie. Dans les tribunes, le public algérien est figé. Sinistre. En conférence de presse avant d’affronter la Côte d’Ivoire, le coach Djamel Belmadi s’est efforcé de montrer qu’il joue toujours dans la cour des grands. «Algérie méconnaissable, désorganisée? D’où vous sortez ça? Je ne sais pas ce qui a pu vous orienter vers ce genre de commentaires», a continué de s’agacer le sélectionneur des Fennecs, irrité par la question d’un journaliste. Illusion: ce 20 janvier 2022, l’un des vaisseaux apparemment insubmersibles à cette CAN vient de foncer droit vers l’iceberg de la dure réalité du football moderne. Selon des sources proches du vestiaire algérien se confiant à l’AFP, un joueur aurait craché le venin: «on s’est inutilement pris pour les dieux du football».

Alibis
À coups de sorties médiatiques, les Algériens ont multiplié les polémiques. Sur ce plan, Onze Mondial du 19 janvier explique: «Joseph Antoine Bell, ancien gardien du Cameroun et aujourd’hui consultant pour RFI, n’a pas épargné les Fennecs. Comment expliquer la défaite de l’Algérie face à la Guinée Équatoriale. À en croire les Algériens, ils sont tombés sur une mauvaise pelouse. Le souci, c’est qu’ils sont les seuls à s’en plaindre. Et ce n’est pas la pelouse qui fait rater un coup franc ou un penalty.

Lorsque les Africains du Nord jouent en Afrique centrale, ils passent leur temps à se plaindre de tout: la chaleur, le vent, le soleil, le public. Ils ne donnent pas le meilleur, car ils se trouvent trop d’excuses. Djamel Belmadi n’a pas échappé à la règle et ce faisant, il s’est trompé et a dérouté ses joueurs. La Tunisie, elle, a cessé de se plaindre et a pu balayer la Mauritanie», a lâché l’ancien portier des Lions Indomptables.

«Ils biffent nos stades, forcément coupables selon eux, de notre lamentable passéisme et de notre incurable attachement à la mal gouvernance sportive», écrivait déjà le journal gabonais l’Union en 2017, en réaction aux propos de Baghdad Bounedjah (attaquant algérien) avant le match opposant les Fennecs aux Warriors du Zimbabwe lors de la CAN 2017.

Logistique
Qualifié pour la CAN, le Maroc est arrivé au Cameroun. Seulement, dans les bagages de la délégation marocaine, l’on retrouve cinq tonnes de nourriture. Toujours à bord de leur Boeing 747, de l’eau potable, des cuisiniers et le personnel hôtelier, tous Marocains. Les Lions de l’Atlas craignent une contamination au Covid-19. «En termes simples, la délégation du royaume chérifien ne fait pas confiance au dispositif sanitaire mis en place par le Cameroun, relativement au Coronavirus», écrit CamerSport.

Le média poursuit: «5 tonnes de provisions à bord de son Boeing 747. RMC Sport rapporte que les Marocains ont aussi voyagé avec de nombreux équipements dans leur gros porteur, comme pour ne toucher à rien issu du Cameroun. Selon de nombreuses sources, les hommes de Vahid Halihodzic sont également arrivés à Yaoundé avec de quoi désinfecter tout l’hôtel dans lequel ils ont pris leurs quartiers, allant jusqu’à ramener leurs propres matelas pour tous les joueurs et le staff technique. À en croire le site d’informations de sport français RMC Sport, le personnel local de l’hôtel a été remplacé par des hôteliers marocains soumis au test PCR et dédié à l’équipe nationale».

Si marginaux qu’ils paraissent, ces faits peuvent être liés aux propos outranciers souvent tenus par des supporters. «Je n’hésite pas à penser que ce que certains supporters algériens ont dit des fans et des joueurs équato-guinéens était du racisme en plein stade», déplore Papa Lamine Ndour (chef desk sports du quotidien sénégalais Wal Fadjri). Sans verser dans une généralisation abusive, l’homme de média laisse deviner une exhaustivité des violences verbales proférées par des joueurs marocains envers d’autres joueurs noirs au cours de cette CAN.

Jean-René Meva’a Amougou

 

Chronique de la CAN

CAN TotalEnergies 2021: le complexe nord-africain

Hier jeudi, face aux Éléphants de Côte d’Ivoire, les Fennecs jouaient leur survie dans la CAN TotalEnergies 2021. Certains dans le milieu algéro-algérien ont trouvé ça un peu ridicule. Oui, ridicule. Parce qu’aux yeux des uns et des autres, parler de jouer la survie est dévalorisant. Normal! En débarquant au Cameroun, la sélection algérienne était précédée d’une belle renommée: 35 matchs sans défaite, style de jeu léché… On ajoutera: «grosse machine de football, un label», selon le quotidien El Khabar du 5 janvier 2022. Et dès leur premier match de poule, les Fennecs se sont attardés sur le comment faire passer ce message.

Même exercice dans les camps tunisien, marocain et égyptien. Dérangés, beaucoup s’accordent avec une certaine harmonie à dire et écrire que les pratiques des Fennecs, des Lions de l’Atlas, des Aigles de Carthage et des Pharaons à la 33e CAN n’ont pas manqué de fournir à la communauté sportive mondiale des éléments de complexe de supériorité. Selon de nombreux spécialistes, ce trait psychologique des équipes venues d’Afrique du Nord a déjà une longue histoire.

On se rappelle des défoulements oratoires d’un certain Rabah Madjer contre les Lions Indomptables à la CAN 1986 en Égypte… Entre autres. Pour dire les choses plus simplement, les acteurs du football nord-africain disent qu’ils sont supérieurs. S’il s’agit bien d’une illusion qui trouve corps et sens dans les horreurs engendrées par les défaites des Fennecs face à la Guinée Équatoriale et la Côte d’Ivoire (par exemple), il n’en demeure pas moins qu’elle devient finalement un style de vie des équipes d’Afrique du Nord à la CAN. Et cela risque bien de salir la trinité sur laquelle repose cette compétition: respect des autres, effort et fair-play.

Jean-René Meva’a Amougou

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