L’école à la radio et à la télé, ce n’est pas l’école

Des voix s’élèvent pour dénoncer la «démission via le Covid-19» des pouvoirs publics.

Une séance de cours à la télévision nationale.

On parlera de «boîte à enseigner» pour désigner la radio et la télévision. Au Cameroun, depuis le 6 avril 2020, la Crtv tente, à sa manière, d’apporter une solution immédiate à l’arrêt forcé des cours dans les écoles, lycées et collèges du pays. «Les cours ayant été interrompus à cause du Covid-19, il fallait que nous offrions quelque chose; il n’y a pas mieux que la Crtv pour prendre de telles initiatives afin d’éviter le risque d’une année blanche pour nos élèves», abrège Charles Ndongo, le directeur général de l’Office, dans une réaction reprise le 8 avril 2020, au cours du journal de 13 heures sur l’antenne radio. «Il n’est que naturel de notre part, d’offrir une sorte de compensation» ajoute le journaliste émérite. Par-là même, il rend compte de ce que, si l’expérience répond à une volonté fortement inspirée par le président Paul Biya, l’action menée est unilatérale au départ.

Réserves
Depuis, l’opinion n’en finit plus de décortiquer ou d’encourager l’initiative. Les uns y voient une solution plus efficace et moins contraignante. Pour les autres, «ça fait drôle» quand ils comparent le système scolaire local au prisme de la continuité pédagogique mise en place par la Crtv. Dans une sortie sur le site Actu Cameroun le 9 avril 2020, Augustin Ntchamande montre que c’est un choix difficile.

Dans son raisonnement, le secrétaire exécutif de l’Organisation nationale des parents pour la promotion de l’éducation au Cameroun (Onaped) semble regretter l’impréparation. «L’évaluation que nous avons faite des deux premiers trimestres de l’année scolaire a montré qu’au 27 février 2020, un gap d’environ 30% de couverture des programmes théoriques est observé. Il est donc clair que l’enseignement à distance, qui semble faire recette aujourd’hui, n’est qu’une stratégie de fuite en avant pour valider une année scolaire tronquée, alors que tout indique que l’acquisition des compétences est fortement compromise par la crise sanitaire du Covid-19, qui a entrainé une fermeture des structures scolaires et de formation, et une mise en congé précoce des apprenants», dit-il.

En faisant passer le message selon lequel «la classe continue», la ministre Nalova Lyonga fait fi des inégalités criantes face au défi d’une «école à la maison». Inégalités matérielles tout d’abord: «toutes les familles ne sont pas équipées en matériel informatique, en connexion internet, en adresse de messagerie ou en logiciels éducatifs», signale un enseignant sous couvert de l’anonymat.

Il poursuit: «Dans certaines familles, les conditions de logement, d’agencement des pièces sont peu propices au travail individuel, à la concentration et au calme nécessaires pour effectuer les exercices, assimiler les cours dispensés par écrit ou en vidéo. À côté de cela, il y a des parents illettrés qui ne peuvent gérer l’accompagnement pédagogique de leurs enfants. Or, une journée à l’école est structurée par un certain nombre de repères: des horaires, un emploi du temps, des espaces — salles de classe —, des adultes – enseignants, personnels éducatifs – qui encadrent, accompagnent et conseillent les élèves au quotidien».

Ongoung Zong Bella

Télétravail

Le Minpostel «sonne» les opérateurs de téléphonie mobile

Mme Minette Libom Li Likeng les exhorte à améliorer la qualité de leurs services afin de promouvoir le travail à distance.

Mme Minette Libom Li Likeng, Minpostel.

Associée à des prévisions alarmantes, la crise du coronavirus amène les autorités camerounaises à adopter une nouvelle posture en coordination avec tous les acteurs sociaux. C’est sur cette ligne que Mme Minette Libom Li Likeng a jugé utile d’associer tous les opérateurs de téléphonie mobile et l’ART (Agence de régulation des télécommunications) à la réunion qu’elle a présidée le 21 avril 2020 à Yaoundé. En résumant l’objet de la rencontre, la ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel) a dit qu’«il était question de mettre en place un plan de travail de réflexion rapide sur le modèle de gestion d’internet Exchange Point au Cameroun».

Accusés d’abuser de la confiance des consommateurs, les opérateurs de téléphonie mobile ont été «sonnés» par Mme Minette Libom Li Likeng. Elle leur a demandé de tout faire pour une amélioration de la qualité de service, concernant notamment la fibre optique. D’après une évaluation du membre du gouvernement, certains opérateurs ont eu une augmentation de 13 % sur leur trafic. Aussi les a-t-elle exhortés à réduire les coûts de leurs services, eu égard à l’augmentation de la bande passante. Lors de cette rencontre, une plate-forme a été mise sur pied pour permettre au ministère des Enseignements secondaires de dispenser les cours en mode virtuel.

Par ailleurs, concernant les autres administrations publiques, le Minpostel a acquis la licence «Zoom Entreprise» avec une version client 4.6.10, extensible à d’autres ministères (Mindhu, Minresi et Mintss). «Parmi les solutions informatiques d’organisation des réunions virtuelles, la plate-forme Zoom se démarque en raison de plusieurs paramètres qui justifient son succès», explique la note de présentation du dispositif choisi par le Minpostel.

En guise d’explications, Winfried Nfuh, conseiller technique au sein de cette administration publique, a confié que «l’objectif est d’apporter des améliorations notables et immédiates en ce qui concerne l’expérience de travail à distance, permettant par voie de conséquence d’obtenir de meilleurs résultats, tels qu’une plus grande productivité, un plus grand engagement, un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et une meilleure qualité générale du travail pendant ce temps de restrictions diverses dûes au Covid-19. Simplement, Zoom Entreprise permet de faire des réunions en toute sécurité pour les utilisateurs, chacun d’eux obtenant un code et un mot de passe».

JRMA

Reprise des classes

Des craintes s’invitent au tableau

Annoncée par le gouvernement, la date probable de la réouverture des établissements scolaires et universitaires est diversement appréciée.

 

C’est une possibilité qui fait frémir les parents d’élèves. Et si les écoles restaient fermées jusqu’en septembre? Le 16 avril dernier, Chief Joseph Dion Ngute, le Premier ministre, a fait l’esquisse de ce qui pourrait être le calendrier de reprise de l’école au Cameroun. Ce sera le 1er juin 2020, «à titre indicatif», a précisé le chef du gouvernement. En termes plus clairs, la réouverture des écoles, lycées, collèges et universités reste compatible avec l’évolution de l’épidémie de coronavirus.

De l’aveu des spécialistes de la santé publique, la réouverture des écoles à cette date reste une «question sensible», qui suscite interrogations et inquiétudes. Pour la santé des enfants d’abord, mais aussi pour celle des parents, des enseignants et de tout le personnel présent au sein des établissements scolaires. «Dans ce contexte forcément angoissant et anxiogène, il y a l’équation des effectifs pléthoriques qu’il faut résoudre. Le retour à l’école doit être tributaire de la maîtrise de l’élément perturbateur qu’est la pandémie du covid-19.

Ce serait une grave erreur et un inutile grand risque que de rouvrir l’école sans l’éradication des cas communautaires. Quelles que soient les précautions et les dispositifs sanitaires mis en place, il n’est pas évident de pouvoir garantir la distanciation sociale entre élèves durant le trajet domicile école, dans la cour de l’école et même dans la classe», émet l’épidémiologiste Pascal Owona Otu. Comme argument, l’expert en prévention des comportements à risques pose la crainte d’un effet de rebond du virus. À cet effet, il pense que «tout scénario de réouverture des classes est une dangereuse remise en cause des efforts jusqu’ici consentis».

Maîtres et profs, eux, croisent les doigts pour que ce soit avant l’été. «Même si on ne reprenait que trois ou quatre semaines, ce serait mieux que rien. Si la reprise n’a pas lieu le 1er juin, la date ancrée dans les esprits, on risque une déprime nationale», estime Stéphane Ambang, enseignant de sciences physiques dans un lycée de Yaoundé. En clair, la lassitude se fait déjà sentir. «Les collègues trouvent ça long; nous voyons déjà une baisse de la motivation des élèves et un épuisement de certains collègues», témoigne Léone Essengue, directrice d’école primaire. «Quel que soit le calendrier de reprise, chacun pense à la suite. Il nous faudra un temps pour voir comment réorganiser les programmes et reporter les apprentissages qui n’ont pas pu se faire», prévient-elle.

JRMA

Yaoundé

Le Covid-19 joue les trouble-fête dans le monde de la nuit

Charges fixes et dancefloors désertés… Les noctambules subissent de plein fouet les mesures de distanciations sociales imposées par le gouvernement. Ici et là, l’on redoute la sortie de piste.

Le lieu-dit Camp Sonel (Yaoundé 5) n’est plus à la fête. À cet endroit qui, avant le débarquement du coronavirus au Cameroun, avait construit dans le secret de ses nuits, l’un des mythes festifs de la capitale, le temps s’est comme arrêté depuis un peu plus d’un mois. L’ambiance nocturne aussi. «Cette épidémie est un coup très dur pour nous», confie un homme qui se fait appeler Carrington. De son propre aveu, tantôt vendeur de cigarettes, garçon de sécurité, malabar à la solde des prostitués, il ne dormait déjà pas beaucoup. Mais depuis le confinement, ses nuits blanches sont devenues des nuits noires.

Au perron de l’une des nombreuses discothèques d’ici, ce 25 avril 2020, Carrington semble vivre une période anxiogène. «Je ne sais pas où on va, quand on va pouvoir retravailler ni revoir nos clients», affirme le jeune homme aux cheveux de hérisson. «237 DJ», son patron, fait étalage de l’important manque à gagner: «Je comptais sur le Chan (Championnat d’Afrique des nations, NDLR). Il n’a pas eu lieu. J’avais bâti un gros programme pour les étrangers. C’est compromis aussi». Ces derniers temps, il dit miser sur «les soirées du matin pendant les week-ends», un concept qu’il a créé pour la résilience. «Pour vendre un peu, on invente l’événement le samedi et le dimanche matin», avoue-t-il.

C’était avant…
Dans le 4e arrondissement, les nuits déjantées qui ont façonné l’identité du «Carrosel» ces 20 dernières années ne sont plus que des souvenirs. À cause du Covid-19, il y a quelques semaines seulement, une «triste» tendance a vu le jour. «Dès 18 heures, la police chasse les gens, comme dans un état d’urgence», balance furtivement un jeune à la barbe broussailleuse. De mémoire, il montre comment le «Carrosel» a surmonté bien des épreuves comme la chasse aux prostituées; des drames aussi, comme le meurtre de la copine d’un officier de l’armée camerounaise. «Avec tout ça, dit notre interlocuteur, on a toujours ouvert. Mais cette fois, ça commence à être long, et ça va devenir compliqué». Parfois crus, parfois nostalgiques d’un temps passé, les mots fusent. «Le Carrossel c’est maintenant le cimetière; rien que le nom! Pour redémarrer cette activité, il faut bien évidemment que l’on réinjecte de l’argent à la fois dans le booking artistique et également dans la sécurisation de nos lieux au niveau sanitaire. Quid des arrhes versées aux artistes qui représentent une perte sèche pour nous?», débite quelqu’un qui revendique le statut de représentant du maître des lieux.

Question
À Mvog-Atangana Mballa, toujours dans le 4e arrondissement, une dame chante une mélopée africaine. Parodié sur un air bien connu, le refrain est suspendu à une question: «coronavirus, tu nous veux quoi?» En tout cas, ce soir, des hommes et des femmes sans masques sont joyeusement «confinés» en s’amusant à l’arrière d’une vente à emporter. Difficile de savoir d’où proviennent les casiers de bières consommées. En revanche, il est facile d’observer que les nombreux commerces nocturnes ont disparu. C’est que beaucoup ont abandonné, faute de clients. «Ils ont tous fui depuis que l’une des vendeuses du bar a été testée positive au coronavirus. Les gens ne viennent plus ici comme avant. Il n’y a que les filles que vous voyez; elles se cherchent. Pour elles aussi ce n’est pas facile non plus», détaille un connaisseur des lieux.

Jean-René Meva’a Amougou

Aviculture

Grâce au ramadan, le marché reprend son caquet

Pour les vendeurs de volailles, le mois de jeûne est celui de tous les espoirs.

Un bol d’air dans le secteur avicole.

Manifestement, Lucien Kengne a été surpris. Le jeune marchand de poulets sur pieds au marché Mvog-Ada (Yaoundé 4) parle d’un cycle qui a démarré depuis un peu plus d’un mois déjà, pour s’accentuer ces deux dernières semaines, sous l’effet d’un recul important de la demande. «Nous avons perdu 80% de nos points de distribution, à savoir les snacks, les restaurants et les hôtels qui contribuaient beaucoup dans notre chiffre d’affaires, alors que nous étions déjà lancés dans une grande opération», regrette-t-il. Dans son propos, un sentiment d’écrasement, avec deux axes: les dettes et surtout l’idée que la crise du Covid-19 continue de s’accentuer au Cameroun. La situation évoquée oblige beaucoup à des arbitrages dans l’alimentation de poulets. «On est sur le pied de guerre. Tous les volaillers camerounais ont perdu leur ca-quet», déplore Salomon Manga, éleveur de volailles à Nkoa-bang (Mefou-et-Afamba).

Pour ses collègues et elle-même, à court terme, une lueur d’espoir se profile. «Nous sommes en période du ramadan, un mois d’importante consommation en œufs et en volailles, et au cours duquel la situation devrait en principe se redresser pour les éleveurs», se réjouit timidement Josiane Monthé. Selon cette autre vendeuse de poulets rencontrée au marché 8e (Yaoundé II), le jeûne au sein de la communauté musulmane constitue un tournant décisif dans le baromètre avicole du Cameroun. «Nos principaux créanciers étant les vendeurs d’aliments et les banques, nous espérons le quitte ou double afin de pouvoir écouler la production et rembourser nos dettes», projette Salomon Manga.

Atout
À en croire une note interne à l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic), «avec la pandémie du coronavirus, la filière est fragilisée par une tendance structurelle négative». Heureusement, se félicite-t-on, la période de ramadan est un atout à court terme qui pourrait permettre aux éleveurs des systèmes intensifs de dégager des marges. «Les professionnels se sont organisés de façon à assurer la continuité des activités en surmontant les aléas du contexte actuel. De l’amont à l’aval des filières avicoles, chaque maillon est en ordre de marche, depuis les éleveurs jusqu’aux transformateurs et distributeurs», assure-t-on. Si la disponibilité et l’offre importante sont garanties durant ce mois de ramadan, entre les mots, il est prévu une légère hausse des prix. Le coût du poulet «vidé», de même que celui du poulet sur pied et des œufs de consommation pourraient connaitre une hausse de l’ordre de 15% à 20%, selon d’indiscrètes prévisions.

JRMA

Lutte contre le Covid-19

Orange renforce son soutien au gouvernement

À travers sa fondation, la filiale du géant français de téléphonie mobile maintient son engagement aux côtés des pouvoirs publics camerounais dans la lutte contre la pandémie.

 

La Fondation Orange est engagée dans cette lutte en équipant les acteurs majeurs en première ligne avec une nouvelle dotation de 80 000 000 FCFA (quatre-vingts millions de francs) L’urgence de la crise sanitaire que vit aujourd’hui le Cameroun commande que chacun de nous respecte les mesures barrières et d’hygiène; mais aussi, elle appelle à notre sens de la responsabilité et de la solidarité.

Conscient de ce que ce combat n’est pas l’affaire des seuls pouvoirs publics, la Fondation Orange Cameroun a offert, dès le début de la crise, 100 millions de francs CFA en matériel de santé et de protection au ministère de la Santé publique. Mais pour endiguer au plus vite la propagation du virus, pour le bonheur de tous et au vu des besoins, il a été jugé nécessaire de faire encore plus.

Au-delà de cet apport aux hôpitaux publics sous la conduite du gouvernement, et pour faire face tant à l’indisponibilité qu’à l’inflation observée des prix des masques chirurgicaux en ce moment sur le marché, la Fondation Orange financera également la production locale et la distribution au grand public des masques répondant aux normes Afnor. Le but est d’aider les populations les plus exposées à mieux se protéger.
Dans son élan de solidarité, depuis le 1er avril 2020, l’opérateur offre 10 Go supplémentaires d’internet mobile aux clients ayant consommé l’intégralité de leur enveloppe data.

Cette offre, apprend-on, est valable pour les abonnés mobile Orange et Sosh. Elle permet en particulier de répondre aux besoins en data des clients qui n’ont pas un accès internet suffisant pour toute la famille, ainsi que pour les personnes qui doivent se déplacer pour assurer les services essentiels de la nation. L’option sera proposée jusqu’au 30 avril et sera accessible à quelque 16 millions de clients. Tout ceci intervient après l’instauration de la gratuité des transferts d’argent (sans limites) sur Orange Money.

Guy Nkam Assoumou

 

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