Le temps des hypothèses simples est clos au NOSO

Difficile de minimiser. Le coup est bien rude pour la famille de Caro Louise Ndialle et celle de Rigobert Achille Mvogo. Difficile de prouver l’utilité de la mort de la fillette. Difficile de prouver l’utilité du gendarme qui l’a provoquée. Au milieu des gens qui disent leurs espoirs pour la fin de la crise qui secoue la partie anglophone du Cameroun depuis bientôt cinq ans, l’on se pose une double question : qui veut la paix et qui veut la guerre?

Avec des tons différents, certains émettent des réponses cyniques. D’autres, modelés par des champs psychologiques analogues affirment avec certitude qu’il n’y a, pour cette double interrogation, qu’une seule réponse raisonnable, celle d’admettre que personne ne veut que les régions anglophones du Cameroun se séparent des autres. Si l’on s’étrangle devant les délais d’attente et de résolution de la crise sociopolitique qui y sévit, rien de ce qui a été proposé jusqu’ici n’a manifestement de sens pour celles et ceux qui en sont pourtant les premiers concernés. Plus de mystère: ça flingue dans tous les coins du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NOSO).

Du bout des lèvres, chacun se veut le fer de lance de la relance de la paix. Ce qui est loin d’être vrai puisque les natifs de la zone organisent toujours eux-mêmes les combines. En témoigne la manière avec laquelle sont alternativement encensées, puis sabotées les opérations de maintien de l’ordre. À la place des mots et malgré un différentiel de puissance avéré, la population se sert de violences, d’«incivilités» pour régler des différends avec des autorités. D’où une palette mêlant déclarations d’estrades et complots d’arrière-boutiques. Dans la foulée, tous ou presque sont parvenus à une curieuse prouesse: décrier unanimement la guerre et la pratiquer dans le même temps. Ce paradoxe s’inscrit dans une logique de long terme. Et du coup, l’on voit bien que d’ajouter des gendarmes autour des gendarmeries, des policiers autour des postes de police, des sas de sécurité ou des caméras, ne permettra pas de lire dans les mentalités.

À travers ce qu’il s’est passé à Buea le 14 octobre 2021, on voit bien que le coefficient de mauvaise foi semble atteindre des sommets. Ce coming out a donné le sentiment qu’il s’étale en ce moment, c’est qui restait emprisonné dans les mentalités depuis des lustres. En s’auto-promulguant seules forces politiques aptes à défendre leurs propres intérêts et démontrer qu’il s’agit d’une démarche collective, les natifs du NOSO ont choisi leurs armes: le toupet et une dose d’inconscience. Ce choix traduit une banalisation ou normalisation d’une vieille crise. Avec ça, le temps des hypothèses simples est clos: une grande partie de l’opinion anglophone est simplement insensible à l’urgence de mettre en ordre politiquement le NOSO. Cette opinion-là refuse d’accepter que les bonnes mœurs nécessaires à une paix positive désignent le respect des citoyens pour des institutions et des lois qui les protègent, et l’amour des citoyens les uns vis-à-vis des autres.

Jean-René Meva’a Amougou

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