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Le 11 avril 2011 ou la barbarie de ceux qui se disent civilisés

11 avril 2011: Abidjan est à feu et à sang, la résidence présidentielle est bombardée par les forces françaises et onusiennes en même temps que toutes les personnes qui y avaient trouvé refuge. La finalité de cette barbarie était de “sortir” un homme dont la proposition pour un règlement de la crise post-électorale (le recomptage des voix par une Commission internationale) était la plus rationnelle et la plus pacifique pour “installer” un ami.
Du 27 au 29 mars 2011, les forces fidèles à l’ami de Sarkozy avaient massacré plus de 800 personnes à Duékoué au nez et à la barbe de l’ONU. Ouattara venait ainsi de battre le record d’Hitler à Oradour-sur-Glane où 643 civils français avaient été froidement exterminés par les Nazis le 10 juin 1944. Jusque-là, la Cour pénale internationale n’a pas jugé nécessaire d’arrêter les responsables et coupables de ces crimes contre l’humanité, ce qui prouve qu’elle est à la solde des pays occidentaux.
Le 11 avril 2011, Sarkozy n’a pas utilisé la force, uniquement parce qu’il voulait installer un pion à la tête de notre pays qui a toujours été une vache à lait pour la France. S’il a agi de la sorte, c’est aussi parce que, “de tous les continents du monde, l’Europe est le continent le plus brutal, où il y a eu les guerres les plus sauvages”. Sarkozy fit cet aveu, le 16 mars 2023, lors de son audition devant la Commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France. “C’est en Europe qu’on a exterminé des Juifs. C’est en Europe qu’on s’est battus… Notre continent est brutal, sauvage et peut verser dans la barbarie”, ajouta-t-il, ce jour-là.
Que Sarkozy soit brutal, beaucoup de Français le savent. Ce que l’on sait moins, c’est l’origine de cette brutalité. Au cours d’une visite à Bonneuil-sur-Marne (une banlieue parisienne), le 20 février 2012, François Hollande avait vu juste en affirmant que “ceux qui s’énervent, qui s’agitent, sont souvent ceux qui s’inquiètent”. Ici, je ne cherche ni à justifier ni à excuser les crimes de Sarkozy. Celui-ci mérite indiscutablement d’être derrière les barreaux. Je suis fort étonné que la France, qui se vante d’être un État de droit, laisse en liberté cet homme que la Justice a condamné dans plusieurs affaires. Je voudrais tout simplement attirer l’attention sur le fait qu’il y a un lien entre l’agressivité de Sarkozy et les “complexes qu’il ne surmonte pas”, des complexes qui remonteraient à son enfance, lorsque son père abandonna la famille pour vivre avec une autre femme. Sarkozy, qui avait 4 ans, vécut l’événement comme un tremblement de terre car il se demandait qui allait désormais s’occuper de lui, de sa mère et de ses frères, si la famille continuerait à vivre dans les quartiers bourgeois de l’Ouest parisien. De plus, à en croire le psychologue belge Pascal de Sutter, on se moquait de sa petite taille. Devenu président, il a voulu effacer toutes ces humiliations et a vu dans la force le moyen de s’affirmer et de montrer qu’il est fort et grand.
Difficile pour moi de repenser au 11 avril 2011 sans me souvenir de cet extrait du roman autobiographique “Climbié” de Bernard Dadié: “Chez nous, l’homme qui arrive, si grand et si puissant soit-il, toujours salue le premier… Tandis que l’Européen veut être salué le premier, même s’il vous trouve dans votre maison ou dans un bureau. Alors, si vous ne vous levez pas, il ne voit que des meubles. Il n’y a personne.”
Tant que nous ne nous lèverons pas pour dire “non” à l’injustice, tant que nous ne nous dresserons pas contre l’arrogance et la violence de l’Occident, tant que nous nous contenterons de dire “À Dieu la vengeance et la rétribution” (Dt 32, 35), Sarkozy et les siens continueront de penser qu’il n’y a personne en Afrique.
Jean-Claude Djéréké

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