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Lambert Djerayom : Cœur tchadien, gants camerounais

Installé au Cameroun depuis une vingtaine d’années, le vice-champion d’Afrique de Savate Assaut 2023 n’a pu obtenir son titre que grâce au soutien des membres de la communauté de son pays d’accueil.

Lambert Djerayom (au milieu), vice-champion d’Afrique de savate assaut

«Il ne sert vraiment à rien d’avoir l’air triste. Parce que Dieu sait et voit tout ce qui nous arrive. Et il n’afflige personne». Après toutes les difficultés qu’il a connues au cours de sa vie, Lambert Djerayom est loin d’avoir perdu son sourire. Il confie d’ailleurs avoir pris la ferme résolution de ne plus s’inquiéter pour des situations qui échappent à son contrôle, mais de faire confiance à son créateur.

Depuis son jeune âge, l’athlète n’a qu’un rêve, «devenir un champion dans les arts martiaux et sports de combat». Pour y parvenir, le jeune homme sait qu’il doit traverser un long périple. Mais il faut bien commencer quelque part. Il y a plusieurs mois, il a commencé à pratiquer la Savate au côté du coach Joseph O. «Au départ, il est venu pour faire du Kung-Fu. C’est une discipline que j’enseigne également. Mais en l’observant, j’ai trouvé qu’il a les atouts nécessaires pour pratiquer la savate: gabarit et taille idéaux», confie le promoteur du Bembe Savate Académie (BSA). Au départ, Lambert n’est pas très à l’aise avec cette discipline. «Moi je voulais apprendre du Kung-Fu. Or les exercices que le coach me donnait étaient différents de ce que j’ai souvent vu faire à la télé. Donc je lui ai fait confiance puisque c’est un ami qui m’avait emmené chez lui, disant qu’il était un bon instructeur», raconte-t-il. Pour tout dire, ces exercices étaient vraiment très difficiles. Encouragé par son désir profond, Lambert ne lâche pas prise. Ce d’autant plus que, son coach l’encourage, lui rappelant qu’il peut y arriver et qu’il pourrait avoir une brillante carrière devant lui. «C’est ainsi que j’y ai pris goût», ajoute-t-il. Les premiers résultats ne vont pas tarder.

Membre licencié de la Fédération camerounaise de Savate & Disciplines affinitaires (Fecasavate), Lambert participe à ses premières compétitions. Sous les couleurs du Bembe Savate Académie (BSA). Il glane plusieurs titres à divers niveaux: champion de la région du Centre, puis champion du Cameroun.

Nouveaux challenges
Après tous ces titres, le tireur (athlète de savate) aspire à de nouveaux challenges. «Ayant appris la confirmation de l’organisation du championnat d’Afrique au Cameroun, j’ai voulu y participer». Bonne idée, mais un problème se pose: de nationalité tchadienne, Lambert Djerayom n’est pas Camerounais. Par conséquent, même s’il le voulait, il ne peut intégrer l’équipe nationale du Cameroun de Savate. Désespéré, le boxeur ne croit plus pouvoir participer au championnat d’Afrique. Le problème c’est qu’il n’existe pas de fédération de Savate dans son pays. «Le coach Joseph m’a expliqué que s’il y avait une fédération au Tchad, je pouvais demander à intégrer l’équipe nationale. Mais cela n’a pas été possible…» Désespoir total.

La flamme renait en Lambert lorsque ses encadreurs vont faire appel à l’administration confédérale. Celle-ci donne le quitus pour que Lambert participe à la compétition pour le compte de son pays, le Tchad. Sauf que, Lambert doit obtenir le soutien multidimensionnel de son pays. Pendant que Lambert poursuit sa préparation pour le championnat, des démarches sont entreprises pour obtenir l’adhésion de son pays. Mais elles se soldent toutes par l’échec.

Un responsable dévoile que les responsables de l’ambassade ont apprécié l’encadrement dont a bénéficié leur compatriote. Mais, «les délais sont trop brefs». Résultat, l’ambassade ne peut donner d’avis favorable à la requête. Le jeune tireur est démoralisé. «J’étais en colère. C’était une période difficile pour moi. Pendant que les autres athlètes étaient en stage interne, moi je parcourais des kilomètres pour aller m’entrainer. Je n’avais pas de nutrition équilibrée, vu que mes parents n’ont pas de moyens. Et ils faisaient de leur mieux pour me soutenir. Parfois, ils payaient mon transport, mais il y avait aussi des jours où eux-mêmes n’avaient rien. Ce sont des pères de famille dont ils doivent aussi s’occuper», confie-t-il. Mais ce n’est pas fini pour lui.

«Athlète promoteur»
Quelques jours avant la compétition, il reçoit le coup de fil de son coach. Celui-ci demande à le voir de toute urgence. Le «meilleur coach», comme l’appelle Lambert, est porteur d’une bonne nouvelle. «Prépare ton sac, tu vas participer au championnat d’Afrique», lui annonce-t-il. C’est que, lui explique son encadreur, Me Mandeng Bakadal, a pris sur lui de soutenir cet athlète ressortissant d’un pays «frère et ami». D’après nos sources, le président de Savate dans la zone Afrique centrale, par ailleurs président de la Fecasavate l’a fait au nom de «l’intégration sous-régionale», mais aussi de son projet. En effet, le dirigeant de la sous-région a précisé que son objectif était de dynamiser la savate dans la sous-région. Pour finir, Lambert obtient un logement pour la compétition. «C’était comme un rêve. J’étais content».

Ainsi, le tireur va représenter le Tchad au championnat d’Afrique de Savate. Au cours de son périple, il finit par occuper la deuxième place dans la catégorie des -80kg en Assaut. Sa joie est débordante. «Même si je n’aurai pas de prime de participation ni de médaille comme les tireurs des autres pays, je suis très content d’avoir atteint ce niveau», déclare Lambert. Si pour son père c’est inimaginable, ses encadreurs diront que «l’athlète promoteur» a commis un «exploit». Et il n’a pas oublié ses bienfaiteurs. «Je remercie d’abord ma famille qui m’a soutenu et encouragé, puis mes encadreurs Me Joseph et Paul Laurent, le président Mandeng et tous les Camerounais qui m’ont apporté leur soutien. Sans oublier mon oncle et la communauté de l’église qui m’ont porté en prière», déclame le vice-champion d’Afrique en Assaut.

Pour lui, ce n’est que le début d’une longue histoire. Son souhait est de pouvoir développer la savate dans son pays pour que, par cette discipline, les couleurs du Tchad soient hissées au sommet du monde. Pour cela, il sait pouvoir compter sur le soutien du ministère des Sports de son cher et beau pays le Tchad. Ceci lui permettra de mieux se préparer à pouvoir réaliser son rêve: «obtenir un titre mondial en savate». C’est tout à fait possible. «Je sais que je vais y arriver avec l’aide de Dieu et l’encadrement de Me Joseph et son adjoint». Pour le moment, le vice-champion d’Afrique en Savate Assaut catégorie -80kg souhaite présenter sa médaille aux autorités de son pays.

Joseph Julien Ondoua Owona

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