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«L’absence ou la faiblesse de la qualité a un coût sur la compétitivité et l’accès au marché»

Note d’optimisme pour l’infrastructure qualité de la CEEAC à l’issue de la session conjointe du Comité intergouvernemental des Hauts fonctionnaires et d’experts de l’Afrique centrale et de l’Est. La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), à travers ses deux Bureaux sous-régionaux, fait certes l’amer constat d’un énorme retard accusé en la matière. Rien ne semble cependant perdu pour l’Afrique centrale la plus à plaindre dans ce domaine. Des recommandations et des mesures ont été préconisées à Bujumbura au Burundi du 26 au 29 septembre dernier pour renforcer la compétitivité de nos produits et entre autres, assurer leur accès au marché continental qu’est la Zlecaf. Le chef du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale les reprend ici à son compte dans cette déclaration-bilan faite à l’issue des travaux. Les questions sont de la rédaction.

Jean Luc Mastaki Namegabe

Quelles sont les perspectives pour l’infrastructure qualité de la sous-région aux termes des travaux de Bujumbura?
La question sur la qualité et l’infrastructure qualité a vraiment porté les résultats qu’on attendait d’elle. On attendait un dialogue franc et inclusif avec le secteur privé, au-delà du secteur privé, avec le monde paysan, les petites et moyennes entreprises (PME), sachant que la grande production qui concerne le commerce interrégional est alimentaire. On voulait étendre cette discussion à l’économie rurale, mais aussi souligner la nature et la dimension genre du débat sur la qualité. Et je crois que les discussions que nous avons eues cette après-midi ont tenu la promesse. Entre autres points saillants qui ont émergé de cette discussion, c’est d’abord la nécessité de promouvoir un dialogue public et privé pour pouvoir porter la question de l’infrastructure qualité.

En quels termes se pose exactement le problème au niveau de la CEEAC?
Le diagnostic a été bien parlant. L’Afrique centrale, particulièrement, est en retard sur beaucoup d’indicateurs liés à l’infrastructure qualité. Et sachant que l’absence de la qualité ou la faiblesse de la qualité a un coût, en termes de faible compétitivité, de faible accès au marché, nous ne pouvons pas attendre. Il faut lancer des processus politiques pour développer l’écosystème pour la qualité en Afrique centrale. Et pour cela, il faut, comme je l’ai dit d’abord, engager des dialogues transsectoriels qui permettent de parler aux chaînes de valeurs et à leurs acteurs, pour qu’ils puissent comprendre la nécessité, l’importance, l’actualité et l’urgence de développer notre infrastructure.
Deuxième élément, c’est renforcer les capacités de nos infrastructures, notamment les laboratoires, pour pouvoir certifier et accréditer les produits de nos acteurs économiques, notamment les PME. Ces entreprises disent que la qualité a un coût, la qualité coûte cher. Il faut être innovant, trouver des mécanismes qui permettent de faire en sorte qu’elles puissent avoir accès aux laboratoires d’accréditation à faible prix. Et en fin de compte, il faut tenir compte de toute la question de la sûreté alimentaire, du développement du secteur informel comme marché d’approvisionnement alimentaire et dans nos pays, mais aussi de cette industrie d’alimentation des rues, comme on l’appelle, qui comporte un certain nombre de risques et amener les normes et les qualités à ces niveaux-là.

De tout ce qui a été préconisé pendant vos travaux de Bujumbura pour corriger la trajectoire de votre zone de compétence en matière de normes de qualité, quels sont les chantiers qui vous interpellent le plus?
Les recommandations que nous prenons, nous comme CEA, c’est d’abord raffermir notre collaboration avec ARSO (Organisation régionale africaine de normalisation). Parce qu’il a été souligné la nécessité de la coopération pour la norme, afin que nous puissions apprendre des champions (des champions en termes de production et de qualité), mais aussi, que les pays qui sont moins avancés puissent apprendre des autres.
Les pays de l’Afrique centrale, essentiellement, devront apprendre des pays comme le Kenya et l’Ouganda qui ont un profil assez avancé sur la question de la qualité. Et donc nous, c’est le partenariat fort avec ARSO pour permettre à nos pays de pouvoir avoir la possibilité de coopérer sur tout ça.

Comment est censée se régler la facture de l’arrimage des PME de la sous-région à la norme de qualité?
La question du financement de la qualité, voici une autre question sur laquelle il fallait réfléchir pour avoir des réponses innovantes, pour permettre à nos PME, à nos entrepreneurs, d’avoir accès à cette qualité; et en fin de compte, assurer la domestication de tous les débats sur la norme. Pour que nous ne soyons pas des consommateurs des normes des autres, des normes de nos clients, et que nous puissions avoir des normes pour les produits qui sont les nôtres. Les normes sont destinées à nos marchés, qui enregistrent de plus en plus une classe moyenne qui demande aussi des produits de qualité et une qualité de service.

Pour les PME, il est clair que nous sommes en train de parler de 97% du tissu d’entreprises. Et le Cameroun n’est pas une exception. Si vous allez en RDC, c’est la même chose. Si vous allez en Centrafrique, vous allez trouver que c’est pareil. Vos entreprises sont essentiellement de petite taille et de très petite taille.
Pour avoir accès à la norme, comme je l’ai dit, la norme coûte chère, la qualité coûte chère, il va falloir travailler d’abord avec les associations de ces entrepreneurs, pour que les économies, la taille et l’échelle puissent permettre de réduire le coût moyen d’accès à la norme de qualité. Première chose. Deuxième chose, c’est de sensibiliser. Leur dire que, évidemment, la qualité a un coût, mais l’absence de qualité peut coûter plus cher, non seulement pour les consommateurs, mais pour eux-mêmes. On l’a dit, la sanction est claire, c’est l’accès au marché qui est dénié à ces entreprises-là. Il faut donc les sensibiliser sur cette politique de qualité.

Quelle est la place des Zones économiques spéciales dans tout ce dispositif à mettre sur pied?
Troisième élément justement, c’est tout ce que nous disons en Afrique centrale, sur le rôle des écosystèmes comme les Zones économiques spéciales, qui devront être des terrains de jeu où les entreprises ont la chance d’avoir accès et de renforcer leurs capacités pour améliorer la norme de qualité et la certifier. Et donc, toutes les politiques industrielles devront avoir une dimension très importante liée à la norme de qualité.
Et déjà, ayant élaboré le Plan d’industrialisation et de diversification économique en Afrique centrale, la CEA a mis une emphase très importante sur ces questions de qualité et de diversité des normes de qualité. Et au niveau des États, nous les encourageons à investir davantage sur les questions de qualité comme partie intégrante de ces écosystèmes d’industrialisation.

Propos traités par
Théodore Ayissi Ayissi

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