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La mise en œuvre des projets intégrateurs de la CEMAC connaît, pour la première fois, une évolution satisfaisante

Les partenaires techniques et financiers ont tous confirmé les financements annoncés à Paris et d’ici à fin 2022, cinq (5) des douze (12) projets auront effectivement démarré sur le terrain.

À l’invitation de S.E. Gilbert Ondongo, Président du Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières de la CEMAC (COPIL du PERF-CEMAC), la troisième réunion du Comité Technique de suivi de la mobilisation des ressources et de la mise en œuvre des projets intégrateurs prioritaires de la CEMAC, s’est tenue du 25 au 28 mai 2021 à Douala , sous la Présidence du Pr. Michel-Cyr DJIENA Wembou, Secrétaire Permanent du Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC. Il dresse l’état des lieux du processus de la matérialisation des projets intégrateurs.

Michel-Cyr Djiena Wembou

Monsieur le Secrétaire Permanent, nous sommes heureux de vous rencontrer pour parler du PREF-CEMAC. Alors, quel est le point des réformes économiques et financières de la CEMAC à ce jour ?
Merci pour l’intérêt que vous accordez aux activités du PREF-CEMAC qui a été mis en place, il faut le rappeler en 2016, par les Chefs d’État pour faire face à la sévère crise économique qui a frappé les pays de la CEMAC au milieu de l’année 2014.

La mise en œuvre effective des actions de ce programme aussi bien dans les États membres que par les Institutions sous-régionales a permis à ce jour d’inverser la tendance à la dégradation des indicateurs macroéconomiques observée il y a 2 ou 3 ans. Cependant, le contexte macroéconomique de la sous-région demeure fragile, et les efforts de consolidation doivent être poursuivis au regard de l’environnement international marqué par la pandémie de la COVID-19 et de l’instabilité des cours des matières premières, dont le pétrole. À fin 2020, l’évaluation des actions mises en œuvre dans le cadre du PREF-CEMAC indique un taux de réalisation de 68,2%, en augmentation de 6,8 points par rapport au résultat de 2019 (61,4%) sur l’ensemble des piliers du Programme avec des performances plus au moins importantes d’un pilier à l’autre. Par rapport à la cible 2021 du programme, 66,3% des actions ont ainsi été réalisées.

Peut-on avoir une idée des principales réalisations du PREF-CEMAC en 2020 et leur impact sur la situation économique des pays ?
Depuis la création du PREF-CEMAC des résultats remarquables ont été atteints dans sa mise en œuvre. Entre autres, nous pouvons citer l’amélioration de la qualité de la dépense publique dans les États, la fusion des deux bourses dans des conditions difficiles, la mise en œuvre de la nouvelle réglementation de change qui a amélioré la situation extérieure de notre monnaie commune, l’instauration d’un dialogue avec les sociétés exploitant les ressources naturelles dans la zone CEMAC en vue du rapatriement des recettes d’exportation, la reconstitution du niveau de nos réserves de change et surtout la recherche de financements pour la mise en œuvre des projets intégrateurs qui étaient à l’abandon depuis de années nombreuses. Sa sagacité, son intelligence, son abnégation et son sens de la diplomatie sont les ingrédients d’une recette qui a permis à toute la sous-région à travers le PREF-CEMAC d’engager des réformes qui ont été salvatrices pour nos économies.

À l’occasion de la commémoration de la 12ème édition de la Journée de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale, le 16 mars 2021, Son Excellence Monsieur Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, Président en Exercice de la Conférence des Chefs d’État de la CEMAC a relevé que : « la mise en œuvre du Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC , a permis le rétablissement de nos équilibres fondamentaux macroéconomiques », et que « le financement des projets intégrateurs est en bonne voie ».

L’impact des politiques et des réformes mises en œuvre pendant la première phase du PREF-CEMAC et jusqu’en 2019 est patent.
Malheureusement, certaines des avancées enregistrées ont été effacées par la crise sanitaire de la COVID-19 survenue en 2020 qui a eu des effets néfastes sur la croissance économique (-2,1%), le solde budgétaire global (-2,9% du PIB), le solde extérieur courant (- 5,4% du PIB), à l’exception des réserves de changes qui ont principalement bénéficié des financements extérieurs importants mobilisés par les États membres dans le cadre de la lutte contre cette pandémie.

Il importe que les États membres et les institutions concernées puissent accomplir toutes les exigences requises pour accélérer l’instruction des projets par les institutions financières et les investisseurs privés pour l’exécution desdits projets sur le terrain.

En dépit des incertitudes liées à la COVID-19, et profitant d’une perspective relativement plus favorable de l’environnement international, soutenu notamment par le début des campagnes de vaccination contre la pandémie, les pays de la CEMAC devraient enregistrer un rebond de leur croissance économique et un redressement progressif des autres comptes macroéconomiques. À cet effet, le taux de croissance du PIB réel de la sous-région progresserait en moyenne de 2,7 % en 2021-2024, grâce principalement aux performances du secteur non pétrolier. De même, le taux d’inflation moyen serait de 2,7% tandis que le déficit du solde budgétaire, base engagements et hors dons et le déficit du solde extérieur courant, dons exclus, ressortiraient respectivement en moyenne à +0,3% et – 3,3 % en 2021-2024.

Dans le cadre du plan de relance des économies de la CEMAC et du plan stratégique des accords de seconde génération avec le FMI, les nouveaux défis de la sous-région ont été identifiés pour la période 2021-2025 et les stratégies envisagées pour y faire face complètent les actions mises en œuvre en 2017-2020, tout en soulignant la priorité qui devrait désormais être accordée en 2021-2025 à une croissance plus forte et inclusive soutenue par le secteur privé ainsi qu’à un développement davantage axé sur la diversification accrue des économies et une plus grande dynamisation des marchés et des systèmes financiers. Dans cette perspective, une nouvelle matrice des actions du PREF-CEMAC pour la période 2021-2025 a été adoptée par le Comité de Pilotage, lors de sa treizième session ordinaire tenue le 15 avril 2021.

A vous-mêmes ainsi qu’au grand public, je suggère de lire le rapport annuel 2020 qui vient d’être publié par le Secrétariat Permanent du PREF-CEMAC. Ce rapport présente les principales réalisations du Programme à fin 2020, les écarts par rapport aux cibles prévues, les difficultés rencontrées et les actions résiduelles qui devront être prises en charge dans le cadre de la phase II du PREF, prévue entre 2021 et 2025.

Nous allons nous intéresser aux travaux post-Paris liés à la matérialisation des projets intégrateurs prioritaires présentés à la table ronde qu’a accueillie la capitale française. Deux projets vont potentiellement démarrer cette année. Est-on sûr que les procédures d’attribution des marchés, qui charrient souvent les intérêts les plus insoupçonnés, ont été épuisées ?
Je voudrais tout de suite vous rassurer en vous disant que le processus de mise en œuvre des projets intégrateurs de la CEMAC connait, pour la première fois dans notre sous-région, une évolution satisfaisante dont il convient de s’en féliciter.

Sur les douze projets prioritaires présentés à Paris, deux sont déjà en phase de démarrage soit moins d’une année après la tenue de la table ronde.
Il s’agit du projet d’interconnexion des réseaux électriques Cameroun-Tchad dont le financement a été bouclé dès l’ouverture de la table ronde par la BAD, la BM et le Cameroun, et du projet de construction de l’Université inter- États Congo-Cameroun dont la réunion de lancement dudit projet s’est tenue le 5 avril 2021 par visioconférence sous la coordination de la Commission de la CEMAC.

Un Comité Technique de suivi, composé des Représentants des États membres, des Représentants de la BAD et de la Banque Mondiale, et des experts de la BEAC, de la BDEAC, de la CEMAC, et du PREF-CEMAC, a été mis sur pied avec pour mandat principal d’assurer le suivi de la mobilisation des financements annoncés par les bailleurs et les investisseurs privés et, de coordonner la mise en œuvre de ces projets intégrateurs.

La troisième session du Comité Technique de Suivi de la mobilisation des ressources et de la mise en œuvre des projets intégrateurs de la CEMAC tenue du 25 au 28 mai 2021, a d’ailleurs permis aux Représentants des États, aux Experts de la BAD, de la BEAC, de la Banque Mondiale, de la Commission de la CEMAC et du PREF-CEMAC de faire le point détaillé sur les progrès réalisés et les difficultés rencontrées, de préciser les montants et les types de financements confirmés et de formuler des recommandations en vue de l’accélération du processus d’exécution de ces projets aussi bien par les États membres que par les bailleurs et les investisseurs privés.

Souvenez-vous que c’est au cours du Sommet Extraordinaire de la Conférence des Chefs d’État de la CEMAC, tenu à Yaoundé le 22 novembre 2019, sous la présidence de Son Excellence Monsieur Paul Biya, que les Chefs d’État et de Gouvernement ont adopté 12 projets intégrateurs qui avaient été sélectionnés par le COPIL du PREF-CEMAC sur la base des critères objectifs de maturité des projets. Ils ont donné mandat au Président du COPIL du PREF-CEMAC et au Président de la Commission de la CEMAC de mobiliser les financements requis pour ces 12 projets intégrateurs et d’assurer le suivi de leur mise en œuvre effective. Immédiatement après le Sommet, une mission ministérielle de Haut niveau, conduite par le Président du COPIL du PREF-CEMAC, s’est rendue en Europe, au Moyen Orient et auprès des Institutions de la finance islamique pour présenter ces projets et rechercher les financements en privilégiant les ressources concessionnelles.

Dans ces conditions, le mode de PPP recommandé est la concession. Ce mode de PPP a l’avantage que le concessionnaire peut financer toute ou partie du projet. L’Etat pourra contribuer au financement du projet par la mobilisation auprès de ses partenaires, des ressources supplémentaires en complément des financements annoncés et qui seraient portés par le partenaire à recruter. Le mode de financement en PPP présente donc l’avantage de ne pas alourdir la dette des Etats. Toutefois, pour garantir la réussite du projet, le développeur devra être choisi selon un processus concurrentiel.

C’est dans ce contexte que s’est tenue la Table Ronde organisée à Paris les 16 et 17 novembre 2020 pour le financement des projets intégrateurs de la CEMAC, sous le très Haut patronage de S.E Monsieur Denis SASSOU N’GUESSO, Président de la République du Congo, Président Dédié au Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC). Cette Table Ronde a connu un succès historique non seulement parce qu’elle a rassemblé les États membres, les États amis, les Partenaires Techniques et Financiers et les Investisseurs privés au niveau le plus élevé, mais également elle a permis de mobiliser près de 3,8 milliards d’euros pour un montant recherché de 3,3 milliards d’euros. Les financements de 08 des 11 projets présentés étaient ainsi bouclés à l’issue de ladite Table Ronde.

Un Comité Technique de suivi, composé des Représentants des États membres, des Représentants de la BAD et de la Banque Mondiale, et des experts de la BEAC, de la BDEAC, de la CEMAC, et du PREF-CEMAC, a été mis sur pied avec pour mandat principal d’assurer le suivi de la mobilisation des financements annoncés par les bailleurs et les investisseurs privés et, de coordonner la mise en œuvre de ces projets intégrateurs.

La deuxième vague des projets intégrateurs, planifiée pour entrer en démarrage au second semestre 2022, connait encore des lenteurs imputables aux États membres. A-t-on manqué de mobilisation soutenue ou alors on peut maudire la pandémie de COVID-19 une fois de plus ?
En effet, l’instruction de deux autres projets sera achevée en décembre de cette année et après l’adoption du rapport final d’évaluation par les Conseils d’administration respectifs de la BAD, de la BDEAC et d’Afreximbank, le processus de décaissement sera enclenché et ces deux projets pourront démarrer au premier semestre 2022. Il s’agit du projet de construction d’un pont sur le fleuve Ntem y compris les raccordements routiers, et le projet de construction de la voie expresse Lolabé-Campo entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale. Les trois institutions qui participent au financement de ces deux projets ont confirmé clairement leurs contributions annoncées à Paris. La BAD Chef de file des PTF et notre Banque de régionale de Développement, la BDEAC, n’attendent plus que les diligences devant être accomplies par les deux États impliqués dans ces projets. Mais soulignons tout de même que les négociations sur les spécificités techniques du pont progressent normalement.

Je précise aussi que, grâce aux efforts déployés par les États membres, les Institutions communautaires concernées, les Partenaires Techniques et Financiers et les Investisseurs privés, trois des projets intégrateurs seront restructurés en PPP en vue de leur construction- exploitation en mode BOT au plus tard en 2024. Il s’agit du projet d’aménagement hydroélectrique de Chollet et des lignes électriques associées (Cameroun, Congo, Gabon, RCA), dont l’entreprise adjudicataire vient d’être sélectionnée par les plus Hautes autorités du Congo et du Cameroun le 12 avril 2021, ensuite du projet de construction du port sec de Béloko sur le corridor Douala-Bangui dont la RCA a marqué son Haut accord pour une restructuration du projet dans une logique de développement en PPP, et enfin du projet de construction du port sec de Dolisie au Congo sur le corridor Gabon-Congo, qui sera également restructuré dans une logique de construction-exploitation en PPP sur le mode BOT avec l’appui du Gouvernement congolais et le soutien des partenaires déjà identifiés.

Comme on le voit, les résultats du travail de suivi menés par le COPIL du PREF-CEMAC, les PTF et les Etats membres sont encourageants. Mais, il importe que les États membres et les institutions concernés puissent accomplir toutes les exigences et les diligences requises pour accélérer l’instruction des projets par les institutions financières et les investisseurs privés, en vue l’exécution desdits projets sur le terrain.

Certes, le Président du COPIL du PREF-CEMAC qui assure la supervision du Comité Technique de suivi, déploie tous les efforts possibles auprès des bailleurs pour veiller au respect des engagements pris à Paris, avec l’appui de la Commission de la CEMAC et de la BDEAC. Mais l’exécution des projets sur le terrain dépend de facteurs complexes relevant essentiellement de la volonté des États eux-mêmes et du respect du cycle de projets dans chacune des institutions financières concernées.

Les résultats que nous avons obtenus au cours de cette phase témoignent à suffisance que l’union, la volonté politique et la détermination sont les clés du succès pour le développement de notre sous-région.

Monsieur le Secrétaire Permanent, la restructuration de certains projets intégrateurs en PPP nous amène à nous questionner sur le montage financier de certains projets qui avaient été présentés à la table ronde. S’agit-il d’une reprise des études techniques et financières desdits projets ou alors des ajustements techniques ?
Le partenariat public-privé (PPP) est un contrat de longue durée– exclusivement négocié entre le secteur public et le secteur privé dans le cadre d’un projet unique –portant sur la conception, la construction, l’exploitation et financement d’un ouvrage public. Lorsque cette relation contractuelle est bien négociée et bien encadrée juridiquement, elle représente un levier innovant d’optimisation des services publics. Les contraintes budgétaires de nombreux Etats ne permettent ni de financer les projets sur ressources propres, ni de porter le prêt nécessaire à la réalisation du projet.
Dans ces conditions, le mode de PPP recommandé est la concession.

Ce mode de PPP a l’avantage que le concessionnaire peut financer toute ou partie du projet. L’Etat pourra contribuer au financement du projet par la mobilisation auprès de ses partenaires, des ressources supplémentaires en complément des financements annoncés et qui seraient portés par le partenaire à recruter. Le mode de financement en PPP présente donc l’avantage de ne pas alourdir la dette des Etats. Toutefois, pour garantir la réussite du projet, le développeur devra être choisi selon un processus concurrentiel.

Au regard des nœuds qu’il faut encore défaire pour la mise en œuvre effective des projets intégrateurs, doit-on considérer que la période 2021-2025 sera débordée ? Et ce malgré le travail de suivi du PREF-CEMAC !
Non, la période 201-2025 ne sera pas débordée, au regard de l’engagement et du soutien des plus Hautes Autorités des six Etats membres de la CEMAC. Par ailleurs, les partenaires techniques et financiers ont tous confirmé les financements annoncés à Paris et d’ici à fin 2022, cinq (5) des douze (12) projets auront effectivement démarré sur le terrain.

Il convient néanmoins de relever que face aux nouvelles situations de crise liées notamment à la pandémie de la COVID-19 apparues malheureusement en 2020 avec pour conséquence de mettre à nouveau à l’épreuve les équilibres fragiles de nos économies qui sortaient à peine d’une précédente crise, nous devons dans cette nouvelle étape de la mise en œuvre aussi bien des actions de la matrice révisée du PREF-CEMAC que des projets intégrateurs, redoubler d’efforts afin que les objectifs et le cap fixés par nos Chefs d’Etat soient efficacement atteints : il s’agit d’un taux de croissance économique moyen en termes réels de 5% à l’horizon 2025, un fort redressement des comptes extérieurs avec une balance commerciale positive, un système financier plus résilient, des réformes structurelles vigoureuses qui donnent une place plus importante au développement du secteur privé et une intégration régionale plus renforcée en termes d’échanges des biens et services et de libre circulation des personnes.

Interview réalisée par
Thierry Ndong Owona

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