Mort ce 12 juin 2023 à Yaoundé, le leader du Social Democratic Front (SDF) s’en va après avoir incarné des postures politiques majeures au Cameroun.
Un homme politique s’est éclipsé. Il s’appelait Ni John Fru Ndi. Il avait 81 ans. Affaibli par une longue maladie, le « Chairman » quitte définitivement la scène politique où, pendant près d’une trentaine d’années, il a fait figure de poids et contrepoids au régime de Paul Biya. Devenu l’une des figures incontournables de l’opposition politique au Cameroun, la vie du libraire fut celle d’un « anti-système ». Sur son front, l’ancien président de PWD de Bamenda avait inscrit ce label. Et il le fait avec dynamisme. On lui doit notamment la boutade selon laquelle « Biya doit partir » inoculée à l’opinion publique au début des années 90. Au milieu de l’ambiance bruyante de revendication de la tenue d’Ni John Fru Ndi avait été désigné comme l’acteur politique dépositaire de deux propriétés : celui qui dirige la principale force d’opposition au Cameroun et celui l’adversaire principal du titulaire de la fonction exécutive. Natif de la partie anglophone du Cameroun, Ni John Fru Ndi avait tenté d’exploiter cette singularité avec, in fine, des objectifs de prise de pouvoir à plus ou moins long terme ou l’élaboration de politiques alternatives à court terme. Car pour lui, « être en démocratie, c’est, pour le citoyen, éprouver quotidiennement le fait que les institutions de base de la société dans lesquelles ils vivent sont justes, c’est-à-dire que les libertés de conscience, d ‘association, d’que la justice y est réellement un pouvoir indépendant et intègre ; que l’alternance politique s’y réalise régulièrement ».
Jean-René Meva’a Amougou